Repères - N°36 / Janvier 2018 - Le magazine de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 8

faItS et peRSpectIveS

Réactualisation des règles
Tous ces enseignements sont mis à profit
lors de la réunion du groupe permanent
pour les réacteurs (GPR) de juin 2017
consacrée à la réactualisation des règles relatives au combustible. « Certaines étaient
issues des recommandations de Westinghouse,
qui a conçu les premiers réacteurs français.
Or des paramètres ont évolué depuis. Le taux
de combustion maximal autorisé est notamment passé de 33 à 52 GWj/tU et le mode de
pilotage des réacteurs a changé », constate
Olivier Dubois.
De futurs essais menés avec le réacteur Cabri
à partir de 2018 permettront de confirmer
les nouveaux critères. n
1. L'alliage M5 est composé de zirconium à environ
98 %, de niobium, d'oxygène et de fer.

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Et concernant le second
seuil de 80 micromètres ?

Il impose de faire fonctionner
certains réacteurs avec les
grappes de contrôle relevées.
Cela implique qu'ils tournent à
plein régime. Le Centre
opérationnel production marché
d'EDF (COPM), indique en
amont quand une tranche va
entrer en « surveillance
Zircaloy-4 ». Les
installations
concernées
fournissent la
base de la

3 questions à...
Jean-Marc Rodriguez
Délégué d'état-major combustibles (eDF)

production. Les modulations
sont assurées par les centrales
fonctionnant « sans
contrainte ».

Combien de réacteurs sont
sous surveillance en 2017 ?

Vingt et un réacteurs sont
concernés. Quatre autres ne
contiennent qu'une faible
proportion de crayons en
Zircaloy-4, et sont placés en
périphérie, où ils sont beaucoup
moins irradiés. Il y a un risque
potentiel que ces réacteurs
soient placés sous surveillance.
Fin 2018, nous n'aurons
plus que 10 réacteurs sous
surveillance et 15 sous
surveillance
« potentielle ». Puis, en
2020, respectivement
1 et 20. En 2021, le
Zircaloy-4 aura
pratiquement disparu
du parc.

©Dr

En 2010, une autre anomalie affecte certains réacteurs en fonctionnement : la
déformation d'assemblages. Maintenus
verticalement dans la cuve, entre deux
plaques, par la compression de ressorts
à lames, ils tendent à se courber latéralement de quelques millimètres. « À cause
de cette déformation, certaines grappes de
contrôle chargées d'assurer l'arrêt rapide
du réacteur si besoin chutent moins rapidement dans les tubes guides des assemblages », expose Olivier Dubois.
En 2014, lors d'un essai, cinq grappes de
contrôle du réacteur 2 de Nogent (Aube)
n'ont pas pu s'insérer totalement. Pour
traiter cette anomalie, EDF a proposé de
supprimer une des lames des ressorts pour
réduire la compression. « Nos équipes ont
vérifié les calculs fournis par l'exploitant et
ont conclu que les assemblages resteraient
bien maintenus », se souvient-il.

Nous évaluons les niveaux de
corrosion des crayons grâce à
des modélisations. Lors de
chaque arrêt, nous nous
assurons que la gaine ne
franchira pas la limite de 108
micromètres d'épaisseur de
corrosion. En 2017, nous
avons trois réacteurs pour
lesquels, en l'absence d'action
particulière, la limite serait
dépassée avant un arrêt
planifié. Dans ces cas-là, nous
programmons des coupures de
production sur des périodes
creuses afin de freiner la
corrosion. La limitation liée au

Zyrcaloy-4 et est maîtrisée ;
elle entraîne des pertes de
production.

source NrC

Arrivée de combustible neuf dans le
bâtiment BK1 du CNPE du Tricastin :
vérification de la tige combustible.

Comment EDF met en
place les mesures
compensatoires ?

Deux inspecteurs de l'autorité
américaine NRC à la centrale Browns
Ferry (Alabama).

AilleUrs

Aux États-Unis, des nouveaux
critères de sûreté

'autorité américaine NrC (Nuclear
regulatory Commission) a récemment
imposé de nouvelles règles relatives
à l'accident d'éjection de grappe de contrôle.
elle s'est penchée sur un autre accident
majeur : la perte de réfrigérant sur
le circuit primaire1. « L'IRSN a recommandé de
prendre en compte le phénomène
de ballonnement des crayons et ses
conséquences », indique olivier Dubois,
expert en maîtrise des incidents et accidents
à l'irsN. la NrC a lancé des analyses sur

cette thématique, mais n'a pas encore
formulé de demande en ce sens aux
exploitants. l'organisme japonais de
recherche en sûreté (JAeA) a mené des essais
de simulation pour étudier les conséquences
sur le combustible de son refroidissement
brusque par le système d'injection de secours.
« Les règles françaises ont été adaptées en
tenant compte de ces essais », précise-t-il.
1. La fuite d'eau provoque un échauffement rapide
et un gonflement des gaines de combustible, le temps
que le système d'injection de secours prenne le relais.

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