Repères - N°36 / Janvier 2018 - Le magazine de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 15

doSSIeR
contextes organisationnels et techniques
qui favorisent la survenue d'erreurs. L'objectif est de proposer des mesures correctrices. » Saisi par l'Autorité de sûreté
nucléaire (ASN), l'Institut a examiné
17 incidents de radiothérapie signalés
entre 2013 et 2015. « Nous avons mis
en évidence des facteurs d'erreur : des
périodes de congés, des plans de traitement
complexes, multiples ou inhabituels, l'absence de prescription médicale initiale...»,
décrivent-elles. L'Autorité a récemment
publié des recommandations2 aux professionnels : plus grande formalisation
des prescriptions, intégration des systèmes informatiques afin de limiter les
saisies manuelles de données...
L'Institut mène des études thématiques
sur certaines difficultés. Sylvie Thellier
propose par exemple l'organisation d'espaces de partage de l'activité pour que
les professionnels identifient les risques
lors de la préparation et de l'administration d'une radiothérapie. Ce travail
en cours, objet de la thèse soutenue par
Sylvie Thellier3 en décembre dernier, a
fait l'objet de plusieurs articles dans des
revues professionnelles

AilleUrs
Pays-Bas

Les cellules souches au secours
des glandes salivaires

ifférentes équipes européennes
explorent des stratégies pour soigner
les effets radio-induits. L'équipe du
Pr Rob Coppes, à la faculté de médecine
de Gröningen, aux Pays-Bas, a récemment
obtenu des résultats prometteurs dans
ce domaine. Lors d'une radiothérapie
dans la zone du cou, les glandes salivaires
sont souvent affectées. Leur cancer guéri,
les anciens malades souffrent d'effets
secondaires très invalidants : difficultés
à s'alimenter, déchaussement des dents...
« Nous avons prélevé des cellules-souches
de glandes salivaires humaines et les
avons cultivées in vitro avec des facteurs
de croissance, explique Rob Coppes.
Nous avons obtenu la multiplication et la
différenciation de ces cellules immatures en
cellules de glandes salivaires fonctionnelles.

Transplantées chez l'animal, ces dernières
se sont bien intégrées et ont restauré
la production de salive. Nous espérons
démarrer un essai clinique l'an prochain,
en prélevant des cellules souches chez
les patients avant une radiothérapie et
en réimplantant les cellules transformées
à la fin des traitements. »Des interactions
scientifiques avec plusieurs équipes
nationales et internationales permettent
de mutualiser les avancées obtenues.
L'IRSN a également publié une
étude en 2014 sur le sujet.
Antioxid Redox Signal. 2014 Jul 10;21(2):338-55.
doi: 10.1089/ars.2013.5652. "Stem cell therapies for
the treatment of radiation-induced normal tissue side
effects." Benderitter M, Caviggioli F, Chapel A, Coppes
RP, Guha C, Klinger M, Malard O, Stewart F, Tamarat R,
Luijk PV, Limoli CL.

Pour les séquelles qui n'ont pas pu être
évitées, l'Institut travaille sur de nouveaux traitements. Jusqu'à présent,
seules des chirurgies mutilantes sont
proposées. Qui plus est, les tissus, fragilisés par la radiothérapie, peinent à
cicatriser correctement. Mais des stratégies innovantes font leurs preuves. Elles
s'appuient notamment sur les cellules
souches mésenchymateuses (CSM), des
cellules issues de la moelle osseuse qui
favorisent la régénération des tissus
vivants.
Pour l'instant, les chercheurs testent
chez l'animal la meilleure façon d'administrer un tel traitement : combien d'injections ? Quelles voies privilégier : locale ou intraveineuse ?
Ils perfectionnent les outils de culture de
ces CSM, car il faut les produire in vitro
en nombre et les purifier. Les travaux
sont suffisamment avancés et l'Institut
national du cancer a accepté de financer
un essai clinique. Baptisée Prisme, cette
étude impliquera l'IRSN, la plateforme
e-Cell France, chargée de produire les
cellules, et cinq établissements prenant

Recherches sur les cellules
souches

David Broggio, Alexandra Moignier et Sylvie
Derreumaux, chercheurs, travaillent sur un
projet de R&D visant à mieux connaître la
dose délivrée au cœur.

en charge des patients atteints de cancer,
sous la houlette de l'hôpital Saint-Antoine, à Paris. Le dossier d'autorisation
est sur la table de l'Agence nationale
de sécurité du médicament (ANSM).
« S'il est accepté, ce sera le premier essai
mondial de traitement de ces séquelles de
radiothérapie par les CSM 4, avance le
Dr Norbert-Claude Gorin, professeur
d'hématologie à l'hôpital Saint-Antoine.

Si ce traitement est efficace, nous pourrions l'utiliser à titre curatif et préventif »,
se plaît-il à envisager... n
1. Connective tissue Growth Factor.
2. https://professionnels.asn.fr.
3. Irsn.fr, rubrique La Recherche, thèses
4. De tels traitements ont été administrés

à titre compassionnel à certains patients
sur-irradiés d'épinal.

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https://professionnels.asn.fr http://www.irsn.fr/FR/connaissances/Sante/applications-medicales/radiotherapie/protection-patients/Pages/1-Mieux-proteger-patient-radiotherapie.aspx?dId=eda581cf-58d6-410c-b3df-9ecd20a1e13c&dwId=205e2263-a602-4e9e-99d3-cad3bcdf8816#.WkYFrksiH5Y

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