Repères - N°36 / Janvier 2018 - Le magazine de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 14

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Rayons ionisants :
prédire et réparer les lésions

xplorer à chaque échelle les mécanismes de la radiothérapie : la production des rayonnements, leurs
effets sur les molécules, les cellules, les
tissus vivants, puis trouver des moyens
de réparer les lésions indésirables. C'est
l'objet du programme de recherche
Rosiris, lancé en 2009 par l'IRSN. « Pour
l'instant, médecins et physiciens médicaux
ne disposent que de modèles partiels ou
imprécis pour estimer les effets des rayons,
précise Jean-François Bottollier-Depois,
physicien, impliqué dans le volet physique de Rosiris. L'interface entre la partie physique du rayonnement et son action
biologique comporte encore des zones
d'ombre. Rosiris réunit physiciens et biologistes. Nous avons une meilleure vision
des différents processus qui vont de la physique des dépôts d'énergie aux effets biologiques précoces à l'échelle subcellulaire, en
passant par les étapes chimiques. C'est un
travail de longue haleine ! »

Comprendre les mécanismes
de la fibrose radio-induite
Marc Benderitter, biologiste, se penche
quant à lui sur la complexité de la
réponse des tissus sains à l'irradiation.
« Certains patients peuvent développer
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Contourage de la tumeur et des organes
sensibles qui ne doivent pas recevoir
de radiation.

Plusieurs travaux visent
à comprendre les effets
des rayons sur les cellules
et les tissus. Des chercheurs
analysent également
les dysfonctionnements
dans l'organisation
qui conduisent
à des erreurs de dose.
Pour les séquelles qui n'ont
pu être évitées, l'institut
étudie des traitements
à base de cellules souches.

des effets toxiques aigus, souvent réversibles mais parfois tardifs et irréversibles.
Ces derniers sont majoritairement associés
à des fibroses radio-induites (durcissement
des tissus). Ils peuvent altérer la qualité de
vie des patients à long terme : douleurs,
troubles digestifs, respiratoires, métaboliques... Nous cherchons à comprendre
les mécanismes biologiques de la fibrose
radio-induite. » Les chercheurs de l'IRSN
ont travaillé sur le CTGF1, molécule clé
de cette pathologie. « À ce jour, nous étudions une approche par la "biologie des
systèmes" pour comprendre, dans sa globalité, le réseau moléculaire mis en jeu.
Nous décrivons ces processus complexes
dans le temps et l'espace, en prenant en
compte toutes ces échelles », complète-t-il.
Cette connaissance précise de la pathologie permettra d'identifier de nouvelles
cibles thérapeutiques et de proposer de
nouveaux tests de prédiction des risques
de complications des radiothérapies.
Une étude clinique observationnelle
appelée EpiBrainRad analyse les complications des radiothérapies de certaines
tumeurs du cerveau : œdème et leucoencéphalopathie, qui causent des troubles
du comportement et de la mémoire. Quels
protocoles thérapeutiques, pour quelle

dose délivrée, avec quelles conséquences ?
Les résultats devraient être connus dans
les prochaines années.

17 incidents analysés
Sylvie Thellier et Valérie Vassent,
expertes en facteurs humains à l'IRSN,
s'intéressent aux défauts organisationnels qui peuvent conduire à des erreurs
de fractionnement et d'étalement de la
dose en radiothérapie et à des surdosages des patients : « Nous cherchons les

RéGLEMENtAtIoN
Code de la santé publique

---Les articles L.1333-1 et suivants définissent les
règles qui s'appliquent pour la radioprotection
de la population. ils imposent notamment à
toutes les activités nucléaires les trois principes
de justification, optimisation et limitation
de l'exposition aux rayonnements ionisants.
Toutefois, une dérogation à ce 3e principe est
précisée pour les usages médicaux pour lesquels
un dépassement des limites peut être justifié
par le bénéfice thérapeutique attendu pour
les patients. Ce chapitre du Code de la santé
publique réglemente l'autorisation des appareils
et des sources de rayonnement. il impose une
évaluation, par l'irsN, des doses auxquelles est
exposée la population.

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