Repères - N°36 / Janvier 2018 - Le magazine de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 13

doSSIeR
eN ClAir

De la particule au corps entier : l'action des rayons
Henri D., atteint d'un cancer, est soigné par radiothérapie. Les rayonnements ionisants qui irradient la tumeur agissent sur la matière
au niveau subatomique. Cela entraîne des conséquences en cascade à l'échelle moléculaire, tissulaire et de l'organisme entier.
1 Un accélérateur linéaire
de particules accélère
des électrons qui vont
bombarder une cible en
tungstène.

2 Arrivés sur la cible, les électrons
sont freinés. Cela génère une énergie
sous forme de photons invisibles à
l'œil (rayons X). Un logiciel choisit
les meilleurs angles d'incidence pour
bombarder la tumeur de ces rayons
en épargnant autant que possible les
tissus sains environnants.

3 Les rayons sont « collimatés ».
Un collimateur, constitué de
lamelles multiples indépendantes
les unes des autres, donne au
faisceau de rayons la forme
souhaitée pour suivre au mieux
les contours de la tumeur.

4 Les rayons déposent de
l'énergie sur les molécules
biologiques dans les cellules :
lipides, protéines, ADN...

Accélérateur linéaire
de particules

6
Cellule
nécrosée

Molécules
modifiées :

2
Électron
arraché

Liaisons entre
atome coupées
Fibrose
d'un tissu

ADN
modifié

Zone
à irradier

Énergie
déposée

Cellule
irradiée

6
Cellule en
apoptose

5 Ces molécules sont modifiées :
électrons arrachés, liaisons entre
atomes coupées... elles créent
notamment des cassures de l'ADN
qui altèrent le fonctionnement
des cellules.

6 les conséquences de ces dysfonctionnements
peuvent conduire la cellule à :
- mourir par nécrose - elles sont détruites ;
- mourir par apoptose - une sorte de « suicide »
cellulaire - ou être éliminées par d'autres
cellules - autophagie ;
- continuer à vivre, mais de manière anormale.

tant plus limiter leur diffusion à distance de la zone
à traiter. C'est un terrain totalement nouveau et nous
sommes en train de le défricher, commente Aurélie Desbrée, spécialiste de la dosimétrie interne. Il
nous faut revoir les calculs, les outils, les procédures,
les logiciels... Nous espérons pouvoir aider les médecins à prescrire des traitements plus adaptés à chaque
patient. » L'IRSN mène des recherches avec le service de médecine nucléaire de l'Hôpital européen
Georges-Pompidou, à Paris

Pour des outils utilisables en clinique
Le Pr Florent Cachin, du Centre de lutte contre le
cancer Jean-Perrin, à Clermont-Ferrand (Puy-deDôme), président de la Société française de médecine nucléaire, croit beaucoup aux perspectives de
ces techniques : « L'an dernier, une radiothérapie
interne vectorisée utilisant des émetteurs alpha a
montré des résultats extraordinaires dans le cancer de

Pour en savoir plus
Dossier : Mieux protéger le
patient en radiothérapie.
www.irsn.fr, base de connaissances
Repères n°15, pages 10 à 16

7 Tuer au maximum les cellules tumorales
est le but recherché. les cellules saines
voisines peuvent aussi être affectées.
Apparaissent alors les effets secondaires
comme la fibrose - processus de cicatrisation
anormal, qui durcit les tissus - ou un risque
de cancer secondaire aux rayons.

la prostate. » Il souligne l'importance de développer
des recherches pour mieux comprendre les variations d'efficacité d'un patient à l'autre. Son souhait :
obtenir de nouvelles connaissances mais aussi des
outils facilement utilisables en clinique, « comme le
logiciel Œdipe, développé par l'IRSN, qui indique la
dose absorbée organe par organe ».
Dernier écueil, les nouvelles techniques sont souvent dites « guidées par l'image ». De nombreux
scanners sont réalisés au cours du traitement pour
appliquer les rayons plus précisément, mais ils utilisent des rayons X et rajoutent de faibles doses à
celles des traitements. « Nous manquons de recul :
nous ne savons pas si en réglant un problème à court
terme, nous n'en créons pas d'autres à long terme.
Nous avons des contacts réguliers avec l'IRSN et nous
sommes dans un dialogue continu sur ces questions.
Pour autant, sans ces traitements, nous ne pourrions
pas guérir les patients », conclut le Pr Deutsch. n
Page 13 - repères N° 36 - janvier 2018

Cible
Collimateur

http://www.irsn.fr/FR/connaissances/Pages/Home.aspx http://www.irsn.fr/FR/IRSN/Publications/Magazine-Reperes/archives/Pages/Reperes_15.aspx#.WkIevEsiGmQ

Table des matières de la publication Repères - N°36 / Janvier 2018 - Le magazine de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire