Repères - N°35 / Octobre 2017 - Le magazine de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 8

FAITS ET PERSPECTIVES

défaut ne risque pas de rompre", souligne
Olivier Loiseau. L'IRSN mobilise ses compétences pour évaluer les nouvelles études
de l'industriel. Il publie finalement son
avis le 6 décembre 2016. Entre décembre
2016 et janvier 2017, les douze réacteurs
touchés peuvent redémarrer.

Le Haut Comité est une instance
d'information et de concertation
sur les risques liés aux activités
nucléaires. En octobre 2016,
Ségolène Royal, alors ministre
de l'Environnement, a demandé
au HCTISN de traiter cette
question. Nous l'avons inscrite
à l'ordre du jour de notre séance
plénière du 6 décembre 2016,
qui rassemblait tous les acteurs
du groupe de suivi "Anomalies
Cuve EPR", constitué depuis
octobre 2015 : fabricant,

exploitant, association nationale
des comités et commissions
locales d'information (Anccli),
associations de protection
de l'environnement, experts
techniques, syndicats,
parlementaires...

Comment s'est déroulée
cette réunion ?

Les différents acteurs - Areva,
EDF, IRSN et ASN - ont
présenté leurs éléments
techniques. Se sont ensuivis

3 questions à...
Benoît Bettinelli,
secrétaire général du Haut Comité
pour la transparence et l'information
sur la sécurité nucléaire (HCTISN).

débats et questions. Au final,
nous avons publié notre avis
no 8 "relatif aux anomalies
de concentration en carbone
de certains générateurs de
vapeur des réacteurs d'EDF".

Le public a-t-il été
suffisamment informé ?

Nous avons estimé que
la population avait été
correctement informée sur
ces anomalies. Nous avons
demandé à l'ASN d'informer
les commissions locales
d'information (Cli) des
motivations de sa décision
d'autoriser le redémarrage
des réacteurs. L'Autorité et
l'exploitant doivent également
expliquer aux Cli les
contraintes liées à l'exploitation
des réacteurs comme la
résistance du matériel
face aux variations de
température.

© Alexis Quenelle

Cœur de réacteur à Fessenheim
(Haut-Rhin). Trois fonds de générateurs
de vapeur de cette centrale étaient
concernés par les anomalies.

© EDF / Jean-Lionel Dias

Quel a été votre rôle dans
le dossier des anomalies
affectant les générateurs
de vapeur ?

Au-delà des actions immédiates nécessaires
pour poursuivre l'exploitation des réacteurs concernés, un programme d'essais en
laboratoire sur des pièces sacrificielles 3 est
engagé sur quatre années - jusqu'en 2020.
Ces pièces, forgées comme les fonds porteurs d'anomalie, sont soumises à diverses
sollicitations et étroitement surveillées. Le
principal objectif est d'évaluer précisément les marges prises par prudence dans
les dossiers de démonstration analytique.
"EDF pourrait aussi arguer du résultat des
essais pour demander le retrait de certaines
mesures compensatoires mises en place", indique Frédérique Pichereau. n
1. Fond primaire : portion de sphère en acier
située à la base du générateur de vapeur servant
à confiner l'eau du circuit primaire, portée à
haute température et à pression élevée dans le
cœur du réacteur.
2. Mesures compensatoires : mesures
d'exploitation visant à exclure les transitoires
thermohydrauliques les plus pénalisants ou à
réduire leur impact sur les risques de rupture
brutale.
3. Pièces sacrificielles : pièces « sacrifiées » à
l'expérimentation.

Pour en savoir plus :
www.hctisn.fr

Page 8 - Repères N° 35 - octobre 2017

© Rudy de Barse / ENGIE Electrabel

Des essais jusqu'en 2020

La centrale nucléaire de
Doel, dans le port d'Anvers

AILLEURS

En Belgique, des cuves
sous surveillance accrue

E

n 2012, des milliers de « défauts »
sont découverts dans la paroi
des cuves des réacteurs Doel 3 et
Tihange 2 en Belgique, qui sont mis à
l'arrêt. Rapidement, leur origine est établie.
Il s'agit de défauts dus à l'hydrogène,
dits DDH, apparus au cours de la
fabrication des cuves du fait d'un excès
d'hydrogène dans l'acier. Ces défauts
sont-ils révélateurs de cuves aux propriétés
mécaniques amoindries ? Peuvent-ils
conduire à la rupture des cuves ?

Telles sont les questions auxquelles Bel V,
l'homologue belge de l'IRSN, et Electrabel,
l'exploitant, ont dû répondre. Une série
de tests et de nombreuses expertises
et études ont été menés pour montrer
l'absence de nocivité des défauts. En mai
2013, l'AFCN1 a donné son feu vert au
redémarrage des deux réacteurs.
1. Agence fédérale de contrôle nucléaire.
Pour en savoir plus :
www.fanc.fgov.be/
http://www.hctisn.fr http://www.fanc.fgov.be/
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