Repères - N°34 / Juillet 2017 - Le magazine de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 12

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Chaque semaine, un correspondant local de
l'IRSN relève le filtre des stations Opera-Air.

©prp-eNv/sesUre/lese/IrsN

Une ingénieure et un
technicien de l'IRSN
installent une balise Téléray
nouvelle génération.

L'atmosphère est la première source
d'exposition des populations.
selon la nature des sols, la météo et la dispersion
des particules par le vent.
À ce bruit de fond permanent peut s'ajouter
ponctuellement des éléments d'origine artificielle :
rejets autorisés d'installations nucléaires, incidents, etc. Dans l'hémisphère Nord, cette radioactivité artificielle provient aussi des rémanences de
l'accident de Tchernobyl ou des essais nucléaires
atmosphériques opérés avant 1980.

Modéliser pour prévoir

Déterminer l'origine d'un rejet
Revenons à janvier dernier. "Nous n'avons détecté
que de l'iode 131, et aucun autre radionucléide
artificiel. Nous en avons déduit que cette contamination provenait vraisemblablement d'une usine
de production d'iode radioactif à usage médical", explique Damien Didier, ingénieur expert
en modélisation et radioprotection à l'IRSN.
Un événement similaire avait déjà eu lieu en
novembre 2011. À l'époque, l'IRSN avait travaillé
avec le réseau européen Ring of Five. "Nous avons
des outils de modélisation. Ils nous permettent de
déterminer l'origine géographique d'un rejet et d'estimer les quantités émises grâce aux mesures effectuées
en Europe, aux données météorologiques, et à une
liste d'installations jugées compatibles. " En 2011, la
fuite venait de l'Institut des isotopes de Budapest
(Hongrie), qui n'avait pas jugé utile de le signaler
aux autorités nationales, car le rejet était en dessous du seuil autorisé...
Le réseau de surveillance Opera-Air détecte différents types de radionucléides. En octobre
2015, du césium 137, du césium 134 et d'autres
radionucléides avaient été identifiés dans ses
filtres à air, mais là encore dans des proportions
sans risque pour la population et l'environnement.
"Les radionucléides détectés sont dans ce cas forcépage 12 - repères N° 34 - juillet 2017

ment liés à du combustible nucléaire, et à des activités
de production d'énergie, de stockage ou de traitement
de déchets, précise Damien Didier. Compte tenu des
simulations réalisées à partir des trajectoires et des
données météo, nous pensons que deux événements
indépendants étaient en cause : un rejet émis depuis
un réacteur vraisemblablement situé en Europe du
Nord, et un épisode de remise en suspension dans
l'atmosphère de césium 137 provenant de territoires
fortement contaminés autour de Tchernobyl."

1000

La radioactivité
dans l'air détectée
en janvier 2017
en Europe est
1000 fois moins
importante que celle
relevée en France
après l'accident de
Fukushima.

Les outils de modélisation sont importants pour
comprendre et prévoir la dispersion des radionucléides dans l'atmosphère. Ces outils scientifiques
sont mis en œuvre au sein de la plateforme d'évaluation des conséquences en situation d'urgence
C3X 1. "Lorsque nous disposons de beaucoup de
mesures et de données météo détaillées, nous pouvons mesurer une contamination de l'air avec une
bonne précision", raconte Damien Didier.
Ces dernières années, les experts ont réalisé des
campagnes de mesure du krypton 85 à proximité
du site de La Hague (Manche), en déployant une
quinzaine de stations de prélèvement d'air dans
différentes situations météorologiques. Grâce
à l'amélioration des outils de modélisation, ces
mêmes experts ont prédit l'arrivée en France de
la masse d'air contaminé consécutive à l'accident
de Fukushima.
L'IRSN dispose d'un autre réseau de surveillance,
baptisé Téléray, qui mesure la radioactivité
ambiante toutes origines confondues, en nanosieverts par heure (nSv/h). "Il s'agit d'un outil
d'alerte en temps réel pour des événements d'une
certaine ampleur", explique Christophe Debayle,
spécialiste de la surveillance de l'environnement
à l'IRSN. Ainsi les conséquences de Fukushima,
détectées en France par le réseau Opera-Air, ne
l'ont pas été par Téléray, car les quantités de
radioactivité artificielle étaient beaucoup trop
faibles. Les balises sont réparties sur le terri-

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