Repères - N°33 / Avril 2017 - Le magazine de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 20

INtéRêt publIc

Cartographie : où sont
les zones de rémanence
radioactives ?

Un volontaire de l'Acro vient de prélever des
sédiments qui seront analysés par l'association.

certains territoires métropolitains présentent encore
des niveaux de radioactivité artificielle significatifs.
pour situer ces "zones de rémanence", deux cartographies
complémentaires ont été réalisées, l'une par l'irsN,
l'autre par une association citoyenne.
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Que sont les zones de rémanence
et pourquoi les cartographier ?

La rémanence se définit comme la
persistance dans l'environnement de
polluants radioactifs provenant des
retombées des essais atmosphériques
d'armes nucléaires - effectués au cours
des années 1950 à 1980 - et de l'accident
de Tchernobyl d'avril 1986. Une "zone
de rémanence" est définie sur le
constat, établi par la mesure, que des
radionucléides sont encore présents
dans ces régions.
Il s'agit en particulier du césium 137
(137Cs) provenant des retombées de
l'accident de Tchernobyl ; le strontium 90,
le plutonium 239, le plutonium 240
ou l'américium 241 provenant, quant
à eux, des essais nucléaires. Tous les
compartiments de l'environnement sontils concernés par ces polluants ?
Cartographie des dépôts
théoriques en 137Cs

Tchernobyl
(10 000 Bq.m-²)
Tirs atmosphériques
(3 000 Bq.m-²)

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Lesquels exposent le plus la population ,
et à quel niveau ? Les trouve-ton dans notre environnement
quotidien aujourd'hui ? Quelles
denrées alimentaires sont encore
contaminées ? Pour le savoir, un travail
de cartographie était nécessaire.
À deux reprises, l'IRSN a rencontré
associations, syndicats, CLI1, Anccli2,
citoyens et experts... pour échanger
sur le sujet. L'IRSN a exposé les
résultats du constat radiologique
"zones de rémanence", et l'Acro
(Association pour le contrôle de la
radioactivité dans l'Ouest), les résultats
de sa cartographie citoyenne.
1. Cli : commissions locales d'information
2. Anccli : Association nationale des comités
et commissions locales d'information

à Châtel-de-Joux, dans le Jura, Vincent
Malfais, technicien à l'IRSN mesure in situ
l'activité surfacique en 137Cs.

En quoi consistent ces travaux ?

Les équipes de l'IRSN ont procédé à des prélèvements divers - sols, herbages,
baies, champignons, lait, fromages et gibiers - sur les zones les plus touchées de
l'Hexagone : Vosges, Jura, Mercantour, Est de la Corse, Pyrénées... Au total, l'IRSN a
prélevé 350 échantillons entre 2013 et 2014, et les analyses ont porté sur l'ensemble
des radionucléides concernés. Des mesures directes d'irradiation (débit-dose) ont
également été menées, afin d'évaluer l'exposition de la population qui en résulte.
Pour établir sa "cartographie citoyenne", l'Acro s'est appuyée sur un réseau d'une centaine
de préleveurs volontaires issus de 13 pays différents en Europe. L'association a reçu 362
échantillons pour analyse. La liberté laissée aux bénévoles sur le choix des échantillons et
des lieux de prélèvements a permis d'analyser des indicateurs rarement étudiés et de révéler
des zones contaminées qu'on pouvait imaginer relativement épargnées par les retombées.

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