Repères - N°33 / Avril 2017 - Le magazine de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 14

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Les règles de sûreté évoluent
grâce à l'analyse
les incidents de criticité
sont relativement fréquents,
mais les accidents sont très
rares. leur analyse et les
programmes de recherche font
évoluer les règles de sûreté.

ACCiDEnT
Un flash dû à la négligence

---Le 2 janvier 1958, lendemain de fêtes sur
le centre nucléaire de mayak, en ex-urss, des
opérateurs doivent pomper la solution fissile
contenue dans une cuve fixe de grand diamètre
à destination d'autres récipients plus petits.
pour effectuer cette tâche plus rapidement,
ils dévissent la cuve de son support afin de la
transvaser manuellement !
ce faisant, ils modifient la géométrie du liquide
et créent une réaction en chaîne de fission.
avertis par le flash, ils lâchent immédiatement
la cuve, ce qui arrête l'accident. les trois
opérateurs ayant tenu la cuve meurent dans les
jours suivants, le quatrième, posté un peu plus
loin, restera aveugle.

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es accidents de criticité sont heureusement très rares. Le dernier a eu lieu en
1999 au Japon. À ce jour, aucun n'est
survenu en France. "En revanche, nous enregistrons une vingtaine d'incidents chaque
année dans le pays", précise Grégory Caplin,
expert IRSN en évaluation de la criticité.
Les incidents correspondent à des situations où des paramètres ont été dépassés,
des consignes opératoires n'ont pas été
respectées, entraînant une dégradation de
la prévention des risques de criticité, sans
conséquence pour les travailleurs ou l'environnement. Il s'agit de « signaux faibles »
que l'exploitant doit analyser pour en tirer
les enseignements.
Les experts de l'IRSN analysent les incidents
les plus significatifs, tel celui survenu, en
2011, dans l'usine Areva de Romans-surIsère (Drôme) qui fabrique des assemblages
de combustibles pour les réacteurs. Des
dépôts importants et non prévus de pous-

Le lendemain de l'accident de Tokaï Mura, des
milliers de personnes se précipitent dans les
centres médicaux installés en urgence pour
mesurer leur exposition aux rayonnements.

sière de matière fissile y ont été décelés dans
des gaines de ventilation, après la modification d'un dispositif d'aspiration d'air.

Les accidents sont recensés
Cet incident, qui n'a eu aucune conséquence, a fait l'objet d'un avis de l'Institut. Il a été traité, plus globalement, en
2016 dans le cadre du réexamen de sûreté
de l'installation. L'Institut a préconisé
une surveillance renforcée des réseaux
de ventilation et des mesures de maîtrise des accumulations de matière fissile.
Pour faire évoluer les procédures vers
plus de sûreté, l'IRSN développe et utilise des bases de données, appelées Sapide
et Logic. Elles recensent les quelque
500 incidents de criticité déclarés depuis
les années 1950 en France.
Une banque similaire existe au niveau
international : les exploitants y inscrivent
les événements intéressants pour la communauté. "Les Américains sont venus nous
voir récemment pour échanger ; ils ont eux
aussi rencontré des dépôts dans des gaines
de ventilation d'une installation similaire
à celle de Romans", se souvient Grégory
Caplin. Depuis 1945, à l'échelle mondiale,
il s'est produit 22 accidents de criticité dans
des installations industrielles et une qua-

rantaine dans des laboratoires de recherche.
La plupart ont eu lieu aux États-Unis et dans
l'ex-URSS, surtout durant la Guerre froide.
"Chaque accident est unique, d'où l'importance de l'analyse. Une seule constante,
la quasi-totalité d'entre eux a concerné des
procédés en phase liquide, lorsque la matière
fissile était en solution. Ce n'est jamais arrivé
durant un transport ni en entreposage",
relève Matthieu Duluc, expert en criticité
à l'Institut. Pourquoi en phase liquide ? À
cause de la présence d'eau - qui peut favoriser le processus de fissions - mais aussi
d'un changement de géométrie du système, qui devient inopinément critique,
comme lors d'un transvasement. Enfin,
parce que c'est le moment où des transformations physico-chimiques sont réalisées
sur la matière fissile. Cela peut modifier
défavorablement ses caractéristiques pour
l'appréciation du risque de criticité.

Comprendre les causes
avant d'intervenir
Le dernier accident documenté est survenu le 30 septembre 1999 à Tokaï-Mura
(Japon), une usine japonaise de fabrication de combustibles nucléaires à base
d'oxyde d'uranium.
Trois employés insuffisamment qualifiés

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