LES CAHIERS DE LA PROSPECTIVE RH - Janvier 2018 - N°9 - 96

ANNEXES

Point de vue d'expert : Serge TISSERON
Serge Tisseron est docteur en psychologie habilité à diriger des recherches universitaires
(Paris VII), psychiatre, et psychanalyste. Il est depuis 2015 membre de l'Académie des
technologies.
Il est également scénariste et dessinateur. Il a publié cinq bandes dessinées et est aussi
l'auteur de trois ouvrages illustrés destinés aux jeunes enfants.
Son travail de recherches et de publications a porté successivement sur trois thèmes : les
secrets de famille, les relations que nous établissons avec les images et nos rapports aux
nouvelles technologies.
C'est sur ce dernier volet et plus particulièrement sur la relation « homme / objet connecté
- robot » que notre groupe de travail l'a sollicité en mars 2017 pour l'étude du facteur de
changement « développement de la robotique et de l'intelligence artificielle ».
Partant du constat de l'arrivée généralisée des robots dans nos vies quotidiennes - du
smartphone au réfrigérateur connecté en passant par le robot ménager - Serge Tisseron met
en lumière certains risques (empathie artificielle, exploitation de données intimes...) liés à
la « déferlante robotique » mais envisage également des pistes de développement positives
(robots sociaux).
Un robot est un programme doté de capteurs qui stocke des données et qui est capable de
les interpréter. Il peut apporter une réponse, une action de façon autonome. Il est en mesure
d'agir son environnement.
Un robot est un objet connecté et inter-connecté à d'autres objets, d'autres robots.
Il est également relié à son fabricant.
Nous voyons poindre ici un premier type de risque, déjà en cours dans nos sociétés de
big data : non seulement notre robot stocke les données de nos vies intimes mais il les
transmet à d'autres objects auxquels il est connecté - car fabriqué par la même entreprise
par exemple - ainsi qu'à son fabricant qui peut ainsi exploiter à loisirs cet or d'un nouveau
genre en diffusant via notre « R2D2 adoré » des messages publicitaires vantant telle ou telle
application, tel ou tel nouvel objet absolument indispensable. Le pouvoir des fabricants
devient donc immense. La responsabilité des programmeurs également.
Deuxième risque pointé par Serge Tisseron, le développement des fablabs et des
imprimantes 3D, qui va nous permettre très rapidement de donner à nos robots l'aspect
que nous voudrons. Nous pourrons également les personnaliser avec les applications de nos
choix, à l'instar de nos téléphones : application pour faire réviser sa leçon d'histoire à ses
enfants, application pour la liste de courses, application pour masser un dos endolori, pour
consoler d'un chagrin d'amour... La liste est indéfinie, sans borne. Un robot customisé selon

Hybridation des compétences : processus clé pour inventer demain ? > 2018

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