LES CAHIERS DE LA PROSPECTIVE RH - Janvier 2018 - N°9 - 74

LES SCÉNARIOS
Pour se préserver et évoluer dans ce système, il faut rester dans le rang et dans le groupe.
Le management est basé sur la conformité. Pour continuer à faire partie de la communauté,
le salarié se soumet à ce que dit le plus grand nombre ou la hiérarchie, même s'il est
convaincu du contraire. Dans ce monde, les gens sont promus pour leur absence de
résistance et le laisser-faire.
Concernant le manager :
Le manager écoute peu et ne donne pas de signes de reconnaissance. Il perçoit la relation
aux autres comme une perte de temps, voire comme un danger. Il est le relais du système
oligarchique et dirige les troupes pour produire ce qui est demandé. Il est chargé de faire
obéir et « rentrer dans les cases », c'est un acteur de la normalisation et de la standardisation.
Il valorise la conformité et l'obéissance, et pénalise l'innovation ou la créativité, toutes deux
perçues comme dangereuses, car de nature à remettre en cause son pouvoir. Il se sent
proche de la strate dirigeante qui lui offre un minimum d'écoute, afin d'éviter qu'il ne
tombe en empathie avec ses collaborateurs.
Concernant la formation :
L'apprentissage se fait sous la contrainte et ressemble à une démarche d'embrigadement ou
de propagande. Les méthodes pédagogiques privilégient un mode froid et distancié. Elles
s'appuient sur des formateurs virtuels ou des robots intelligents. L'utilisation de « produits
chimiques » fleurissent, permettant de mettre les «apprenants» dans de bonnes dispositions
d'apprentissage, quand ce n'est pas tout «simplement» celle des NBIC pour augmenter les
capacités intellectuelles ou greffer directement certains programmes dans le cerveau.
Dans ce monde, en 2040, coexistent deux grandes communautés opposées : celle des bioconservateurs et celle des pro-transhumanistes. Chacune cherche à triompher de l'autre.
Variable robotisation et IA :
Dans ce monde, les robots sont partout et ont quasiment supplanté les hommes qui
subissent de plein fouet cette nouvelle hiérarchie. Les systèmes de gouvernance (direction de
l'entreprise qui fonctionne en oligarchie) discutent davantage avec l'intelligence artificielle,
le big data et le système robotisé. Ils ont tendance à marginaliser les êtres humains qui
sont considérés comme déceptifs, peu fiables. Nous sommes dans l'ère des programmes
génétiques et de l'eugénisme. La vision du monde des oligarques est binaire : soit l'humain
est capable de se hisser dans la gouvernance de l'oligarchie, et peut lui-même être créateur
d'IA et la contrôler, soit-il ne l'est pas, et dans ce cas, sa valeur est bien moindre.
Aussi, l'humain non augmenté est le prolétariat du moment, comme une variable
d'ajustement. A ce titre, la référence au film Bienvenue à Gattaca est inspirante. Film
américain d'anticipation réalisé par Andrew Nicol en 1997, il explore le thème classique en
science-fiction de l'individu révolté, souvent par amour, contre une société décrite comme
idéale. Dans ce monde-là, il ne s'agit plus d'être au service du collectif, mais plutôt d'utiliser
le collectif au service d'une cause. Le système est utile pour une minorité, celle qui tire son
épingle du jeu.

Hybridation des compétences : processus clé pour inventer demain ? > 2018

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