La revue RH&M - N°66 - Juillet 2017 - 43

façon participative afin de mieux
qualifier le progrès sociétal. Ainsi,
pour proposer une mesure pertinente du Bien-Être au travail, les
indicateurs objectifs élaborés par
des experts ne suffisent pas. La
perception que les salariés concernés ont de ce qu'est pour eux le
« Bien-Être au travail » doit être
également prise en compte pour
construire des outils de mesure
satisfaisants.
Les recherches sur les risques RH
ont, ces dernières années, privilégié les risques psychosociaux.
Les recherches sur les risques
psychosociaux
Les risques psychosociaux (RPS)
représentent un enjeu majeur
aussi bien au plan de la santé psychosociale des salariés que de la
santé économique des entreprises
et les recherches sur ce sujet se
sont développées. Depuis 2007,
171 thèses soutenues en France
comportent le mot-clé « risques
psychosociaux » parmi lesquelles
41 en Sciences de gestion, 24 en
psychologie, 14 en Sociologie
et 8 en Ergonomie. En 2016, 13
thèses ont été soutenues dont 7
en sciences de gestion. Parmi ces
thèses qui apportent des enseignements intéressants pour les DRH,
nous en retenons deux.
La thèse de Jean-Christophe Vuattoux intitulée « Le contrôle des
risques psychosociaux : réponses
organisationnelles dans un nouveau champ institutionnel » soutenue le 8 décembre 2016, au sein de
l'Université de Lorraine, propose
plusieurs réflexions et travaux en
contrôle de gestion qui conduisent
l'auteur à modéliser un instrument
de gestion des RPS mieux à même
de prendre en compte leur dimension organisationnelle, et s'inscrivant dans les multiples attentes
de l'entreprise et de son environnement. L'auteur propose une
contribution à un futur « contrôle

de gestion des RPS », appelé à
devenir le fondement de politiques
de prévention en amont des effets
sur la santé des salariés.
Sabine SUAREZ-THOMAS a soutenu le 4 juillet 2016 à l'Université
de Pau et des pays de l'Adour une
thèse intitulée « Contre les Risques
Psychosociaux : Un dispositif de
gestion capacitant». L'objet de
sa recherche est de proposer des
méthodes et des outils de gestion
qui permettent de prévenir la
dégradation de la santé mentale
et somatique des personnes qui
travaillent. L'auteur a réalisé deux
recherches-interventions dans une
PME de conseils aux entreprises et
au sein d'un groupe multinational
et coopératif de l'agroalimentaire.
Pour co-construire avec les acteurs
des réponses pratiques à leurs
besoins initiaux de prévention, le
management ne doit plus être centré exclusivement sur la personne
qui travaille dont on cherche l'adhésion aux projets managériaux.
Les encadrants managent le travail et l'autorité devient synonyme
d'autorisation de faire du « bon
travail». Pour ce faire, des espaces
de discussion sur le travail sont
organisés et leurs résultats sont
institutionnalisés au sein du dispositif de gestion. Cette approche collaborative apparaît prometteuse.
Risque financier et
Responsabilité sociale
Les liens entre les politiques RSE
et le risque financier sont peu étudiés. C'est le mérite de la thèse de
doctorat en Sciences de Gestion
de Blaise Sandwidi, soutenue le
1 décembre 2015, à l'Université
Paris-Est, d'examiner les relations
et interactions, entre la responsabilité sociale des entreprises et leur
risque financier. Elle s'appuie sur
4 études empiriques. La première
examine les relations entre la performance sociétale, et le risque
financier de 544 entreprises de l'in-

dice Stoxx Europe 600, de 20042011 et montre que les entreprises
les plus performantes du point de
vue sociétal ont un risque spécifique et total faible. La deuxième
étude porte sur la réaction des
marchés financiers européens à
l'émission d'alertes sociétales. Elle
analyse l'apport informationnel de
ces alertes par rapport à l'annonce
publique des évènements qui les
ont déclenchées et montre que les
investisseurs réagissent positivement à la première alerte pour une
entreprise donnée. Les alertes relatives à l'environnement constituent
un cas particulier, dans la mesure
où elles ont un impact négatif sur
les cours. La troisième étude teste
et valide la théorie du management
du risque : en cas d'occurrence
d'un risque RSE les entreprises les
plus performantes du point de vue
sociétal enregistrent des rentabilités anormales moins importantes
et leur volume anormal est plus
faible. La quatrième étude examine
l'interaction entre risque financier
et engagement RSE et montre
que de bonnes performances ESG
(Environnemental, Social et de
Gouvernance) réduisent significativement le risque financier. Elle
met en évidence un cercle vertueux
entre performance ESG et risque
financier. Les pratiques sociales
et de gouvernance réduisent le
plus fortement ce risque. Un faible
risque financier incite l'entreprise
à investir en priorité dans des
mesures environnementales et de
gouvernance, puis dans le social.

Références bibliographiques :
* « Question(s) de risque (s) » dans « Question(s)
de Management », mai 2017.
* Gérard PIETREMENT (coordinateur),
« Les indicateurs RH », Focus RH, 2016

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