La revue RH&M - N°63 - Octobre 2016 - 48


CHRONIQUE INTERNATIONALE

Piloter le projet social de l'entreprise
au plan mondial

L

'internationalisation conduit les entreprises à piloter leur projet social à
l'échelle mondiale. Facteur de qualité
et d'image, il doit cependant intégrer
les différences culturelles sans dégrader la compétitivité de l'entreprise.
Les entreprises internationales prennent des initiatives pour construire un projet social adapté à
la diversité de leurs activités et de leur implantation géographique. Ces démarches cherchent
le point d'équilibre entre une décentralisation
qui permet davantage d'agilité et une intégration à l'échelle mondiale qui assure une prise
en charge plus affirmée de leurs engagements
de responsabilité sociale. Elles prennent des
formes variées : valorisation d'actions locales,
campagnes internationales sur le handicap ou
la protection sociale, accords cadres internationaux, projets de transformation.
Subsidiarité et responsabilisation des acteurs
locaux
Le commerce international s'est développé à
la faveur de l'adoption de règles, normes et
standards communs qui demeurent extrêmement hétérogènes dans le domaine social. Cela
soulève une double interrogation : comment
assurer un progrès social à l'échelle planétaire,
en recherchant une harmonisation progressive
des pratiques ? Comment s'adapter à la singularité de chaque marché tout en développant
une culture et des principes communs ?
Les entreprises les plus vertueuses cherchent
aujourd'hui à combiner une démarche de
subsidiarité et de responsabilisation de leurs managements locaux, en affirmant que le dialogue
social est l'affaire de tous et répond à quatre ou
cinq grands principes dont l'entreprise souhaite
voir l'esprit respecté dans tous les pays. Dans de
nombreux endroits, le rêve de toute entreprise
d'être agile, flexible et réactive ne peut prendre
forme qu'à la faveur d'un dialogue social de
très grande qualité, qui soit économiquement
conscient et socialement acceptable.

P.48 | OCTOBRE 2016 | LA REVUE RH&M N°63

Marc
DELUZET
Délégué général de
l'Observatoire Social
International (OSI)

Apprendre à créer localement de la norme sociale
Dès lors que les pays se responsabilisent, ils
choisissent leurs options. La transition peut
s'avérer difficile, en créant dans certains pays
des chocs culturels violents. Le dialogue établi
avec telle ou telle fédération syndicale internationale, favorise l'évolution des postures et jeux
de rôle des acteurs pour les amener progressivement à créer les conditions d'une confiance et
permettre à des employeurs locaux d'accepter
peu à peu la reconnaissance de la liberté d'association, à travers un principe de neutralité.
Cette démarche revient peu ou prou à former
progressivement les acteurs locaux à construire
ensemble de la norme sociale décentralisée dans
une cadre global.
Doubler ce mouvement par la mise en place
d'un véritable dialogue social international, à
travers des accords d'entreprise mondiaux, revient à rechercher une homogénéisation - et
non une uniformisation - des pratiques portant
sur la responsabilité sociétale et sur les pratiques
de dialogue social.
Ces accords contribuent à la construction de
relations professionnelles positives ; l'entreprise préfère prendre l'initiative en favorisant
l'émergence d'interlocuteurs et la mise en
place de structures syndicales dans les endroits
où elle se développe, plutôt que de gérer
le risque de conflits subis. Sous réserve que
ces démarches soient valorisées au plan national et international, le pilotage international
du projet social de l'entreprise vient renforcer les compétences sociales de ses managers
locaux.
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