ParaMag - n°335 - Avril 2015 - 50

secu_335_Couv 30/03/2015 15:44 Page 3

SÉCURITÉ

s'est articulé autour de plusieurs constatations : ratio faible (16 000 licenciés/1400 médecins habilités), suivi
inégal de la formation continue (surtout
DGAC/aéroclub), incitation gouvernementale par la création du médecin référent. Une étude et un travail interne à la
FFP ont donc été menés sur la VNCI.
L'étude a abouti sur une conclusion favorable au changement, et un projet a
été présenté au ministère, qui l'a approuvé.

Photo FFP

Les médecins peuvent bien évidemment
contacter la commission médicale de la
FFP en cas de doute ou de nécessité,
mais nous n'avons indiqué qu'un seul
numéro de contact téléphonique afin de
pouvoir mesurer précisément les retours.
Nous nous attendions à une quarantaine
d'appels par semaine en moyenne,
mais il n'y en a que 5 ou 6,
vraiment très ciblés.

Interview du Docteur
Michel Guiavarch,
anesthésiste réanimateur et président
de la commission médicale
de la fédération

Paramag : La DTN a expliqué aux journalistes que les conditions médicales
d'admission à la pratique du parachutisme étaient plus strictes en France
que dans certains autres pays. Et pourtant, depuis 2013, il n'est plus nécessaire de consulter un médecin du sport
pour passer cette visite, il suffit de
consulter un médecin généraliste.
N'est-ce pas contradictoire ?
Michel Guiavarch : Historiquement la
pratique des sports dits "à environnement spécifique" est soumise au préalable à une visite médicale de non-contreindication (VNCI) chez un médecin
spécialisé. Il s'agit de sports comme
la plongée sous-marine, les sports
automobiles, le tir, et les sports
aéronautiques, dont le parachutisme.

Avril15:335
paramag.fr

Depuis avril 2013, pour le parachutisme,
cette visite peut se faire auprès de tout
docteur en médecine, de préférence le
médecin traitant référent du pratiquant.
Ce médecin aura au préalable consulté
le site de la FFP et pris connaissance
des contre-indications.
Ce changement important, mené par la
commission médicale de la fédération,

Il faut encore se donner du temps,
mais ces premiers retours sont positifs.
Nous estimons que c'est un réel progrès.
En quoi ce retour vers le médecin
généraliste est-il un progrès ?
Nous estimons que le médecin traitant
est le mieux placé pour délivrer un
certificat médical de non-contre-indication,
car il connaît bien son patient.
Il s'informe des spécificités de la
pratique et il est à même de les confronter à l'état de santé du pratiquant.
Cela s'applique aussi bien à une
première visite - pour quelqu'un qui va
découvrir la pratique, mais dont l'état
de santé est bien connu du médecin qu'à une visite de renouvellement où les
spécificités ne changent pas,
mais où c'est l'état de santé du
pratiquant qui peut évoluer,
en bien ou en mal.
Dans le cas du parachutiste australien
que l'on voit perdre connaissance en
chute libre sur la vidéo, il est certain
qu'en France il n'aurait pas obtenu de
certificat médical, à moins de faire de
fausses déclarations, bien entendu.
Suite à la diffusion de cette vidéo,
des pratiquants français ont raconté
sur Internet et les réseaux sociaux leur
expérience de perte de connaissance
sous voile. L'un d'entre eux a expliqué
ses déboires : son médecin traitant,
son cardiologue, son neurologue ne
voulaient plus lui donner le feu vert,
malgré des examens rassurants.
Au final il explique qu'il a contacté
le médecin fédéral, qui a lui-même
débloqué la situation auprès du
médecin généraliste. Est-ce exact ?
Oui, comme expliqué précédemment,

nous répondons régulièrement aux
questions des médecins généralistes,
et parfois nous sommes en mesure de
les rassurer car, ces dernières années,
nous avons mené une réflexion globale
sur les circonstances déclenchantes.

"Le médecin
traitant est le
mieux placé
pour délivrer
un certificat."
En 2012, nous avons constaté 9 pertes
de conscience sous voile ouverte. Les
conséquences furent variées (1 décès,
2 graves, 6 mineures) et c'est cette
"épidémie" qui provoqua la réflexion.
Nous avons réussi à approcher avec
une marge étroite le facteur initiant dans
2 cas, le reste persistait dans l'incertitude. L'analyse des FIR et les entretiens
avec les parachutistes impliqués ont
permis de faire ressortir des
circonstances communes.
Il s'agissait généralement du dernier saut
de la matinée, dans une période située
avant le mois de mai (saison froide),
les pratiquants avaient peu déjeuné
et n'avaient pas reçu de prise
alimentaire intermédiaire. Il s'agissait de
débutants ou de pratiquants totalisant
moins de 50 sauts.
Comme souvent dans le sport,
en face d'une baisse de performance,
et faute d'autre "coupable" évident,
la tendance consiste à impliquer
l'hypoglycémie (fringale du cycliste,
du marathonien, etc.).
Peux-tu nous en dire plus sur l'hypoglycémie ? Est-ce elle qui provoque le
plus de malaises en parachutisme ?
Vrai, faux, probable ? Il est difficile de
faire le tri pour connaître l'origine des
malaises, et dans 80 % des cas nous ne
sommes pas en mesure de la certifier.
Mais l'hypoglycémie est bien présente
dans les 20% de certitudes !
Pour se situer, revenons aux fondamentaux : signes de l'hypoglycémie et métabolisme du glucose.
Les signes de l'hypoglycémie se divisent
en deux catégories :

ParaMag - n°335 - Avril 2015

Table des matières de la publication ParaMag - n°335 - Avril 2015