ParaMag - n°335 - Avril 2015 - 37

trace_335_Couv 30/03/2015 14:59 Page 4

Entraînement de jour, le point de départ est complètement gelé et enneigé. Photo Patrick Kerber

Atterrissage dans la neige, les conditions
sont hivernales jusqu'au sol.
Photo Ashley Kerber

Comment as-tu géré la mise en place
et l'allumage des torches éclairantes ?
Je tenais la première torche dans ma main
droite, pour que sa lumière soit bien visible
dans la direction des photographes.
Lorsque cette torche s'est éteinte, au bout
d'une minute, j'ai simplement jeté ce qu'il
en restait. Juste après, j'ai ouvert mon
parachute. La deuxième torche était
attachée sur mon pied droit avec un
système que j'avais fabriqué moi-même.
Dès que j'étais prêt sous ma voile, j'ai allumé cette deuxième torche. Elle a brûlé
durant une minute et s'est éteinte comme
prévu avant mon atterrissage.

pas un saut comme les autres. La sensation est intense, car tu voles davantage au
feeling et en prenant encore mieux
conscience de ta position dans le flux d'air
et du dosage de tes mouvements.

Est-ce qu'un saut de ce genre
a déjà été fait ?
Oui, je connais quelqu'un qui a déjà sauté
dans des conditions similaires, mais avec
un autre type d'éclairage, moins puissant.
À ma connaissance personne n'a jamais
réussi une photo comme celle-là,
qui nécessite des torches vraiment très
puissantes. Je pense que c'est la première
fois qu'un saut a été fait dans des
conditions aussi extrêmes.

Sur la photo, pourquoi le filet de lumière
est-il interrompu sur deux parties
de la trajectoire ?
La première interruption correspond à la
période où la première torche s'est éteinte
et avant que j'allume la deuxième.

Est-ce que c'était la première fois que tu
sautais de nuit ? Qu'as-tu ressenti ?
J'ai déjà sauté de nuit, mais c'était avec la
pleine lune ou après le crépuscule,
pas dans la nuit noire. La sensation est
vraiment intense. C'est forcément plus
difficile de s'orienter dans l'obscurité,
même avec des torches éclairantes sur le
corps. La présence des torches ne facilite
pas la tâche, au contraire ça s'ajoute aux
facteurs de difficultés. Ce n'est vraiment

Le tracé en forme de "Z" correspond à la
partie du vol sous voile. La deuxième
interruption correspond au moment où j'ai
dû faire un virage sous voile, et c'est pour
cela que le filet de lumière disparaît.
Car la torche, masquée par mon corps,
n'était plus visible pour les photographes.
On distingue ensuite un court tracé plus fin
qui correspond à la phase finale avant
l'atterrissage. Sur la photo, il ne manque
que le point d'atterrissage qui était masqué
par une petite colline.
Tout le vol a était fait en gardant une
distance raisonnable avec le relief,
que ce soit en wingsuit ou sous voile. ■

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Avril15:335
paramag.fr

Comment décrirais-tu ce saut, en
quelques mots ?
Beau, intense et incroyable. Il y avait plus
de risques que dans un saut de wingsuit
BASE classique, mais nous les avons
gérés. C'était vraiment beaucoup de pression, car je ne pouvais être certain à 100%
de la façon dont ça se déroulerait,

même si nous avions fait des tests avant.
Avoir des torches éclairantes attachées sur
le corps pour un vol dans ces conditions,
c'est vraiment critique, tout doit fonctionner dans la perfection.

BASE JUMP

même sous l'eau. La présence de la neige
au sol ne m'aurait été d'aucune aide pour
éteindre la deuxième torche si elle brûlait
encore après l'atterrissage.

Remerciements
Les sponsors de Patrick Kerber
Suunto, Phoenix-Fly, Paragon, Kerber AG

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