L'école aujourd'hui Elémentaire - n°33 - Décembre 2012 - 36

LE MOT DU MOIS

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Zèle
Il existe des mots plus connus pour l’expression à laquelle ils appartiennent que pour leur propre sens. La langue et l’usage font évoluer le mot progressivement : de zèle à zélé...
D’où vient le mot zèle ?
Étymologiquement, le mot vient du latin zelus qui signifie “jalousie”, lui-même pris au grec zêlos qui a le sens d’“émulation, rivalité”, pour devenir “ambition” puis “ferveur” L’origine du mot atteste , . déjà d’une ambiguïté entre une facette proche de la jalousie et une facette proche de l’ambition et de la ferveur. Le lien culturel interroge. Est-ce parce qu’il y a rivalité puis ambition ressentie, que la jalousie apparaît ? Est-ce la volonté de se distinguer de l’autre pour mieux le dépasser qui crée la ferveur ? Le mot entre ensuite, durant une période de son histoire, dans le vocabulaire religieux. Il désigne une vive ardeur à servir la cause de Dieu. Aujourd’hui, le sens se rapproche toujours de cette connotation religieuse. Le mot désigne “l’énergie que l’on met à faire un travail que l’on aime ou à servir une personne à laquelle on est dévoué” Le sens renvoie au dévoue. ment et à l’idée d’empressement et s’oppose à la négligence. Il est étonnant de voir que l’homme s’est approprié pour lui-même un mot autrefois destiné à sa relation à Dieu. L’homme a désormais de la ferveur pour lui-même. Dès lors, si le mot est rarement utilisé dans le langage usuel, il est en revanche beaucoup plus populaire grâce à deux expressions appartenant au monde du travail : faire du zèle et faire la grève du zèle. Là encore, les expressions prennent deux orientations presque opposées. Faire du zèle s’apparente à dépasser une mesure, pousser une tâche à l’extrême, au-delà de la norme ou de ce qu’il suffit. On est dans la suractivité inutile, l’excès. La tâche est accomplie au-delà de la règle. L’expression est ironique. Faire la grève du zèle débouche sur un ralentissement, un dysfonctionnement, une perturbation d’un service due à une application très stricte du règlement. La tâche est accomplie dans le plus grand respect de la règle entraînant une perturbation. En classe, pour travailler avec zèle autour du mot, aborder l’adjectif zélé, cela aide les élèves à imaginer un contexte sémantique. Revenir en fin de séance sur le nom et ses expressions. Oralement, demander : Qu’est-ce que quelqu’un de zélé ? Proposer le jeu du dictionnaire, laisser les élèves chercher un sens en fonction de la racine du mot. L’entrée est difficile sur ce mot. Romain propose “quelqu’un qui est bête” tandis que Florian propose “quelqu’un de têtu, de , bizarre” Les deux élèves s’appuient sur l’étrangeté du mot pour lui . attribuer une valeur négative. Associent-ils le mot à l’expression être fêlé ? Si l’entêtement a à voir avec la détermination et la volonté de quelqu’un de zélé, la bizarrerie est un jugement intuitif dû à la méconnaissance de l’origine étymologique du mot. Quel mot commençant par zel- pourrait être rattaché au mot zélé ? Sur la trentaine
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L’ÉCOLE AUJOURD’HUI ÉLÉMENTAIRE n°33

d’entrées trouvées dans le dictionnaire à la lettre, aucune ne donne un indice. Léo définit le mot comme désignant quelqu’un de “très rapide, qui court vite” Il s’appuie probablement sur une association . phonologique avec “z-ailé” L’homme n’a pas d’ailes, en revanche il . peut peut-être courir aussi vite que le vent... Écrire alors le mot au tableau pour infirmer la proposition en mettant en évidence la différence entre zélé et zailé. Convenir que le mot ne propose aucune piste identifiable connue. Proposer alors un exemple contextualisé : Cet élève est zélé, il travaille avec application, avec ardeur. Donner des synonymes de zélé, consciencieux, dévoué, appliqué. Demander aux élèves de chercher la définition dans le dictionnaire. S’attarder sur le mot zèle. Aborder l’expression faire du zèle. Conclure que certains mots ne sont pas toujours connus des enfants et qu’il existe des faux amis phonologiques. Revenir sur l’importance de l’orthographe qui permet de prendre conscience du sens.

Sébastien Mounié

Le zèle de l’homme

Travailler avec zèle

décembre 2012

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