L'école aujourd'hui Elémentaire - n°33 - Décembre 2012 - 34

Sélection
CP-CM2

JEUNESSE
CP-CM2

Des oiseaux

ALBUM

Buffon, ill. May Angeli Éditions Thierry Magnier, 2012, 32 p., 16 €.

Céline Lavignette-Ammoun, ill. Claire Degans Coll. Chan-Ok, Flammarion, 2012, 32 p., 13,25 €.
Cette belle légende japonaise raconte la jalousie d’une sœur et ses conséquences, thème fréquent de la littérature populaire. La douce Sakuya règne sur les fleurs de cerisiers. Sa sœur aînée, la déesse des rochers Iwanaga, est dure. Sakuya et Ninigi se rencontrent par hasard et le coup de foudre est réciproque. Question de préséance dans le mariage ? Iwanaga ne voit pas d’un bon œil sa sœur demandée en mariage par le splendide jeune homme. Comme Ninigi est accepté par le père des deux sœurs malgré les objurgations d’Iwanaga, celle-ci lance une terrible malédiction : tout ce que fera sa sœur sera aussi éphémère qu’une fleur de cerisier tandis que tout ce qui vient de Ninigi sera éternellement solide. La malédiction se révèle preuve de la bonne

Sakuya. La princesse des fleurs de cerisiers
foi de Sakuya, trop tard hélas puisqu’elle aura perdu la vie. En effet, Sakuya devient enceinte au lendemain des noces et Iwanaga parvient à semer le soupçon dans l’esprit de Ninigi. Ce soupçon grandit, si bien que Sakuya décide de partir sur le mont Fuji. Là elle donne naissance à trois garçons beaux et forts, qui survivront à l’incendie de la cabane où elle s’est réfugiée et qui la détruit. Ninigi comprendra ses torts en retrouvant les bébés. Il sera intéressant de comparer cette légende avec, par exemple, la légende tibétaine de L’oiseau magique (Y. Féray, Picquier

ALBUM coup de cœur

Ce livre remarquablement soigné rend belle justice au travail de May Angeli, et invite les enfants (mais aussi les adultes) à lire la langue de Buffon si attentive au détail. La police choisie en accentue d’ailleurs l’aspect légèrement désuet. L’illustratrice travaille ici la gravure sur bois (on se souvient de ses Kipling), et le résultat est admirable : la vie dans le fait de l’esquisser. Mais on devine que M. Angeli est aussi une grande dessinatrice, comme le laissent voir les gardes du livre, et le dessin en regard du texte où elle explique son goût ancien pour le Jardin des Plantes. Les représentations changent… Les films d’horreur ont fait des hululements de hiboux les signes du maléfice, et lire que Buffon écoutait leur chant “caressant et doux” peut faire sourire. Cela montrera précisément aux enfants les variations de ces représentations. De même, l’enseignant qui fera travailler l’ouvrage ne manquera pas de parler, à propos des oies, de celles du Capitole dont la vigilance fut longtemps célébrée. On remarquera que Buffon n’éprouve aucun besoin de mentionner le fait, tant la conscience du temps était imprégnée de ce savoir-là. On recherchera aussi certaines expressions remarquables, comme le “chercher sa vie” de la femelle cigogne en quête de nourriture.

Jeunesse, 2010). Il est rare que la jeune femme périsse. Mais Sakuya est déesse et se doit aux mortels : elle empêche le Mont Fuji d’entrer en éruption. Un certain lyrisme du trait accentue la poésie de la légende.

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ces Ressour
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CE1-CM2

Guidée par mon pinceau
Gita Wolf, ill. Dulari Devi, trad. Fenn Troller Syros, 2012, 40 p., 14 €.
En février 2011, nous avions présenté un bel album de Rambharos Jha, inspiré des peintures du Mithila (Actes Sud Junior). L’auteur se disait redevable à Dulari Devi dont cet album nous livre un récit de vie difficile. Naissant dans une famille nombreuse et pauvre, Dulari Devi se met très tôt à travailler pour assurer le nécessaire dans sa famille. Analphabète, elle se sent très insatisfaite de cette vie. Un beau jour, devant une scène de jeu au bord d’un
décembre 2012

ALBUM

étang, elle visualise nettement un tableau coloré, et l’image intérieure lui apporte une joie intense. Peu après, elle est engagée dans la maison d’une artiste. La voyant peindre, ses mains la “démangent”, tant elle a envie de créer. Elle commence avec de la boue, puis sa maîtresse l’initie à la peinture traditionnelle du Mithila, où prédominent les scènes quotidiennes, les animaux, la vie de la nature. Celle qui ne savait pas tenir un crayon devient alors une artiste

reconnue et n’a plus jamais cessé de peindre. Elle termine son histoire en disant combien elle est fière que l’on s’intéresse à sa façon de voir les choses. Marie-José Minassian

L’ÉCOLE AUJOURD’HUI ÉLÉMENTAIRE n°33

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