L'école aujourd'hui Elémentaire - n°33 - Décembre 2012 - 23

Pratiques pédagogiques
tographies aériennes, images satellitales constituent un ensemble d’outils de la géographie qui s’enrichissent et se complètent mutuellement. La carte est considérée comme étant un outil qui représente l’espace réel. Pourtant, quand on compare différentes sortes de cartes thématiques d’un même espace, on remarque que chaque carte représente seulement certaines informations précises (climat, relief, etc.). L’étude menée au cycle 3 permet alors de comprendre que si l’on représentait toutes les informations d’un espace donné sur une carte, celle-ci serait saturée et illisible. Le cartographe doit donc passer par une sélection des données pour réaliser sa carte. Il doit se poser plusieurs questions : que veux-je représenter ? Comment dois-je le représenter ? Cette dernière question fait appel à un système de signes utilisé pour la légende qui traduisent visuellement des phénomènes de l’espace géographique. Une carte doit se comprendre d’un seul coup d’œil. La création de cartes permet ainsi de raisonner sur un espace donné, de développer des capacités d’analyse et de synthèse. Kerstin Thibon

Observer et analyser l’espace géographique par les cartes

L’objectif de la carte en géographie est double : premièrement représenter des éléments d’un espace sur un support réduit et deuxièmement permettre une compréhension rapide en simplifiant les phénomènes de cet espace. Pour réaliser ce double objectif, les cartes utilisent un double langage (langage graphique et langage verbal) et une vision verticale avec lesquels les élèves doivent petit à petit se familiariser. Ainsi, pour passer d’une vision au sol à une vision verticale,

l’étude et la construction de maquettes sont à privilégier avant la lecture de cartes. Ces maquettes sont ensuite photographiées sous différents angles de vue : vue de face, vue oblique, vue aérienne. En effet, la photographie permet de restituer une vision proche de celle de l’œil humain. Elle constitue ainsi un outil intermédiaire entre la réalité et la représentation par la carte. L’image satellite permet d’avoir une meilleure vision globale de l’espace observé que la carte. L’observateur peut ainsi repérer des éléments qu’il ne verra pas sur une carte. Cartes, pho-

On peut les envisager à différents moments, notamment dans une initiation à la cartographie. Les images satellitales et les photographies aériennes peuvent être, les unes comme les autres, des moyens d’aider les élèves à passer d’un espace connu, d’une vision au sol ou d’une vision en trois dimensions, à la vision plane qui sera la vision de la carte. À l’école, l’image satellitale et la photographie aérienne peuvent être utilisées de deux façons différentes : – soit en préalable à l’étude d’une carte, puisque les références visuelles que l’on va trouver grâce à ces deux supports sont assez proches de ce que l’élève pourra observer “en réalité” Donc, avant de passer aux figu. rés cartographiques, ces images peuvent permettre d’entrer dans une forme nouvelle de représentation de l’espace ; – soit en complément à l’étude d’une carte.

Mais en aucun cas, il s’agit de remplacer l’étude des cartes.

Localiser, identifier et reproduire constituent des activités classiques de l’enseignement de la géographie. Elles renvoient pour l’essentiel à la compétence “lire des cartes” Ce sont des activités importantes . mais on néglige tout un ensemble de dispositifs qui relèveraient de la compétence “faire des cartes” Pour maîtriser cette pra. tique, on pourrait proposer aux élèves, par exemple, de construire des légendes au lieu de les donner comme des préfabriquées. Il y a aussi des activités autour des représentations. On peut commencer par des formes

Que proposer pour aller au-delà des exercices cartographiques habituels de localisation, d’identification et de reproduction ?

assez élémentaires de représentations cartographiques puis, en passant du cycle 2 au cycle 3, on complexifiera en donnant, par exemple, deux ou trois informations à représenter sur la carte. Il est important de penser des progressions en terme d’apprentissage de pratique cartographique. Il ne s’agit donc plus seulement de lire des cartes mais aussi de faire des cartes. Lorsqu’on apprend à écrire aux élèves, on leur apprend aussi à lire et l’un enrichit l’autre. Il en est de même en cartographie : en faisant des cartes, on apprend à les lire, et vice-versa.
1. Thierry Philippot est maître de conférences à l’Université Reims Champagne-Ardenne, IUFM de Reims. 2. Fernand Joly.

L’ÉCOLE AUJOURD’HUI ÉLÉMENTAIRE n°33

décembre 2012

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