REFLETS MAGAZINE - Revue d'information et de réflexion économique - n°95 - 71

campus
supmac
d’accès aux études supérieures et celui du
chômage chez les jeunes. C’est peut-être là
que réside la principale source du malaise
de ces derniers. Les jeunes doivent donc se
distinguer par d’autres biais, et avant tout
par leur imagination.
En premier lieu, ils doivent apprendre à
chercher : Christophe Descamps, directeur
des affaires sociales chez Bouygues Bâtiment IDF, a signalé qu’en 2011, sa direction
n’a pas trouvé suffisamment d’ingénieurs
pour pourvoir aux 1 000 CDI qu’elle créait.
Plus largement, il a recommandé d’adresser
des candidatures spontanées aux start-ups
et PME n’ayant pas les moyens de publier
des annonces, et de s’ouvrir à l’international
– on estime aujourd’hui à 2,5 millions le
nombre de Fra nça is ex pat riés da ns le
monde.
En second lieu, comme l’a relevé avec
humour Stéphane Roussel, DRH du groupe
Vivendi, il n’y a pas vraiment d’école pour
devenir développeur de jeux vidéo ou présentateur d’émissions télévisées. Il faut
identifier les métiers pour lesquels notre
système éducatif n’offre pas de formation
spécialisée, ou ceux exigeant des compétences transversales. Bernard Deforge,
associé chez PwC et doyen de la Faculté des
Lettres de Caen de 1999 à 2007, a ainsi évoqué l’exemple d’une élève latiniste ayant
rejoint l’industrie du tourisme. C’est pour
encourager ce type de parcours qu’il coordonne chaque année l’opération Phénix,
qui rassemble entreprises du CAC 40 et
facultés franciliennes pour recruter des
étudiants en master 2 recherche. Car les
jeunes ne sont pas tant recrutés sur leur
expérience que sur leur personnalité et sur
le bas de leur CV : expériences associatives
et hobbies sont perçus comme des gages de
dynamisme et de responsabilité.

Emploi dEs jEunEs, a-t-on
vraimEnt tout Essayé ?
Un atout majeur des grandes écoles par
rapport aux autres institutions scolaires

réside dans leurs réseaux de diplômés.
Yamna Chriraa a créé le club Capacités 44
pour que cette logique de réseau s’élargisse
à d’autres milieux : implantée à Caen, sa
structure met en relation des jeunes entrepreneurs issus de zones rurales et de quartiers défavorisés avec les forces vives de
leur territoire – notamment des communicants et des juristes qui les aident à porter
leur projet. Il paraît cependant nécessaire
que la problématique de l’emploi chez les
jeunes soit traitée à l’échelle nationale et
sur le plan politique.
André Fourçans, professeur d’économie à
l’ESSEC, s’est déclaré partisan de la création d’un SMIC jeune. Cela encouragerait
les entreprises à intégrer plus tôt les jeunes
dans leurs rangs, et à consentir plus facilement les investissements nécessaires à leur
formation, leur permettant à terme de progresser plus rapidement dans la hiérarchie
– et dans la grille des salaires.
Céline Gleize, de l’Institut Montaigne, s’est
montrée favorable à la suppression du CDD,
source de précarité, auquel de nombreux
jeunes sont cantonnés. Elle a proposé en
contrepartie la mise en place d’un CDI avec
objet initial défini, qui s’appliquerait à tout
contrat temporaire véritablement justifié
– en particulier au x remplacements de
congés maternité. Dès l’objet initial défini
réalisé, le licenciement serait facilité. À
terme, l’employeur gagnerait en souplesse,
et les abus actuels s’en trouveraient naturellement jugulés.
Enfin, Pierre Tapie a évoqué une des « Propositions pour une société de la connaissance et de la compétence » de la Conférence des Grandes Écoles : instaurer un
service civique durant lequel les jeunes
qualifiés deviendraient les moniteurs de
ceux qui ont arrêté leurs études.
L’événement s’est conclu par la signature,
pa r l’ensemble des pa r t icipa nts, de la
charte Coup de push pour l’emploi, sur
l’initiative du Café de l’Avenir.
louis armEngaud WurmsEr >E12

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mai/juin 2012

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