REFLETS MAGAZINE - Revue d'information et de réflexion économique - n°95 - 27

Dans la croissance
à venir, notre plus grand
challenge est la gestion
des ressources humaines et
la pérennité du « PO » way
RM : Vous êtes clairement un
groupe global. Pensez-vous qu’il
soit possible de conserver une
identité résolument française ?
J-M. Szczerba. Nous avons la particularité d’être encore détenus par une
famille. Quand on construit des
usines, on bâtit des cathédrales... Et
nos projets s’inscrivent sur le long
terme. De même, tout comme le respect, l’indépendance est pour nous
une valeur phare. Il est hors de question que nous passions sous la barre
des 50 % en droit de vote ou en action.
Il faut assurer le futur du groupe. Par
exemple, nous gérons notre activité
en fonction du bilan, et non pas en
fonction du résultat ; Chez nous,
dégager un fort résultat, c’est surtout
dégager un cash flow important qui
nous permette de financer nos investissements. La politique régalienne,
c’est de dégager systématiquement
un free cash flow.

RM. Avez-vous un système de
participation de vos équipes ?
J-M. Szczerba. Nous avons des salariés
actionnaires, mais pour 1,6 %. Nous
ne souhaitons pas aller au delà d’un
certain seuil, dans un souci de sauvegarde de la transparence, valeur à
laquelle nous sommes attachés. Nous
avons fait le choix – c’est pour nous la
meilleure solution – de nous renforcer
en capital. Via notre politique d’autocontrôle, nous sommes passés, en dix
ans, de 51 % - c’était en 2001 - à 55,1 %
du capital, et notre politique est de
continuer ainsi.

RM : Quelle est votre stratégie en
termes de recrutement ?
J-M. Szczerba : L’objectif aujourd’hui
e st de se doter de s re s sou rc e s
humaines qui nous permettent de

soutenir nos efforts de développement. La question est de savoir comment trouver les 10 000 à 15 000 personnes que nous souhaitons recruter :
comment attirer et retenir ?
Attirer : on est dans une guerre des
talents. Tous les grands groupes sont
dans la globalisation ; comment faire
pour donner une image attractive de
Plastic Omnium ? Le meilleur moyen
d’attirer reste le succès : nous sommes
une entreprise qui se développe, qui
annonce des double digit growth...
Nous nous appuyons beaucoup sur
les réseau x sociau x - Lin kedIn,
Viadeo, Facebook. Nous misons aussi
sur les politiques de rapprochements
mondiaux avec des universités, par
exemple en Allemagne, à Shanghai, à
Pékin ; certains de nos collaborateurs
y donnent des cours… Nous finançons des formations à des ingénieurs
– indiens, chinois, etc. – que nous
recrutons par la suite…
Retenir et développer : c’est une gest ion des ca rrières ex t rêmement
dynamique. Nous demandons beaucoup de mobilité, mais avec des
outils de systèmes de gestion performants, grâce auxquels on connaît
son poste suivant, son successeur
potentiel, à 1 an, à 3 ans, à 5 ans …et
cela de façon mondiale.

RM : Parlons de votre parcours.
Comment êtes-vous passé de
l’ESSEC à Plastic Omnium ?
J-M. Szczerba. J’ai eu la chance de pouvoir effectuer ma prépa tout en étant
international de basket ; la souplesse
du cursus à l’ESSEC m’offrait la possibilité de poursuiv re, en même
temps, mon parcours dans cette discipline sportive ; durant toute ma
scolarité à l’ESSEC, je n’ai pas cessé
de m’interroger sur mon avenir, hési-

tant entre la professionnalisation
dans le basket et la poursuite d’une
carrière en phase avec ma formation
au management. Finalement, mon
diplôme en poche, j’ai intégré la
Banque Vernes, dont j’appréciais la
structure à taille humaine ; j’y suis
resté 2 ans ; les changements intervenus dans l’organisation de la banque
et surtout la nouvelle ambiance issue
de cette nouvelle donne – le côté « 25
ans », grande école, tous les mêmes …
- m’ont incité à partir ; j’ai souhaité
m’orienter vers l’industrie ; je considérais que finalement l’entreprise
était la meilleure, la plus difficile
certes, mais la plus grande des écoles.
Je me suis mis au défi, je voulais
connaître mieux les entrailles de
l’entreprise, j’ai donc cherché un
poste de contrôleur de gestion. A
l’époque, le groupe Plastic Omnium
faisait 100 millions d’euros, et avait
une vision très internationale, très
dynamique. J’avais 25 ans, je pouvais
me permettre de prendre des risques.
J’ai commencé mon parcours chez
Plastic Omnium en 1985 comme
contrôleur de gestion ; j’ai progressivement, et de manière très rapide,
gravi les échelons. J’ai suivi le groupe
dans tous ses développements ; je
bénéficiais d’une confiance très forte
de la famille Burelle. Je suis rentré au
comité de direction il y a 20 ans. Et
quand Laurent Burelle est devenu
président en 2001, il m’a demandé de
l’accompagner comme DGA et de
rebâtir avec lui tout le comité de
direction, parce qu’il voulait imprimer sa marque, son style… nous
avons donc rebâti le comité de direction, et lancé la stratégie poursuivie
ces dix dernières années.
J’ai été nommé directeur général
délégué et mandataire social en 2010,
et administrateur le 26 avril dernier.
Le 1er juin 2012, j’ai fêté mes 27 ans de
parcours chez Plastic Omnium.

RM : Quels souvenirs gardez-vous
de l’ESSEC ?
JM. Szczerba : Mon passage à l’ESSEC
m’a profondément marqué ; je garde
d’excel lent s souven i rs de cet te

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mai/juin 2012

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