REFLETS MAGAZINE - Revue d'information et de réflexion économique - n°95 - 26

L’invité Jean-Michel Szczerba
pénalités s’ils ne s’y conforment pas
– 95 % par voiture pour un gramme
de CO2 au-delà des 120 grammes
réglementaires.

RM : Quelle est, dans ce domaine,
votre démarche ?
JM. Szczerba : L’innovation passe par
les matériaux. Notre défi consiste à
proposer le bon matériau à la bonne
place, qu’il s’agisse de matériaux
composites, de fibre de carbone ou de
fibre de verre… le tout en maîtrisant
les coûts et les process à haute
cadence. Dans les équipements extérieurs, nous sommes par exemple
capables, d’apporter une solution
permettant de réduire de plus de
100 kg le poids des voitures en circulation, soit 10 grammes de C02. De la
même façon, dans les réservoirs à
carburant, il y a la chasse au dioxyde
d’azote, notamment à cause des véhicules diesel. Là aussi, nous avons des
solutions d’injection d’urée dans le
pot d’échappement ; cette technologie a été retenue par Audi pour lequel
nous en équiperons toutes les plateformes à partir de 2015.

RM : Quels sont vos objectifs à
moyen et plus long terme ?
JM. Szczerba : Notre principal objectif – et c’est un souci permanent – est
d’être plus rapide que la concurrence, plus rapide que la copie, et
plus rapide que la législation. C’est
aussi dans cet esprit que nous réfléchissons à l’avenir de nos produits et
à ce qui va se passer dans dix ans. Il
faut anticiper. A titre d’exemple, il y
a aujourd’hui de plus en plus de capteurs, les pièces en composite sont
totalement intégrées. Il faut qu’on
réfléchisse à ces nouvelles pièces, à
ces nouveaux matériaux. De la même
façon, nous sommes actuellement
numéro 1 mondial du réservoir à
carburant ; les perspectives de développement de la voiture électrique
représentent un enjeu important
pour l’avenir ; nous devons nous y
préparer. A l’horizon 2020, on prévoit
qu’il y aura plus de 110 millions de
voitures, dont 5 % de voitures élec-

mai/juin 2012

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triques et 15 % de voitures hybrides.
On a déjà inventé le réservoir à carburant pour les véhicules hybrides.
Il faut maintenant aller plus loin,
pour répondre, par des technologies
innovantes, aux nouveaux besoins
de ces nouveaux marchés.

RM : Comment abordez-vous les
problématiques de recyclage ?
JM . Szczerba : Il y a aujourd’hui une
prime au recyclage, mais pas encore
d’obligation. Ceci étant, dans ce
domaine, l’innovation est aussi pour
nous à l’ordre du jour. Nous avons, par
exemple, inventé des brevets qui nous
permettent, à partir d’un pare-choc
peint qu’on fait retirer à la casse, de
faire un nouveau pare-choc peint.
Dans un autre domaine, celui des
déchets, nous développons
aujourd’hui des poubelles recyclables à 100 %. Nous avons aussi
conçu des poubelles en canne à
sucre non alimentaires. 50 000 unités ont été commandées pour équiper la ville de Rio à l’occasion du Rio
Plus 20, et puis les J.O.
L’innovation est aussi à l’ordre du jour
dans le domaine de la réduction des
déchets. Nous avons mis au point,
pour les poubelles d’habitation individuelle, un système de puces qui
transmettent des informations à un
logiciel que nous proposons aux mairies. Nous travaillons sur le développement de conteneurs enterrés –placés sous les trottoirs et surmontés
d’une borne - qui permettrait de remplacer les poubelles dans la rue. Il y en
a 300 à Versailles et nous en installons
3000 à Rouen. Ce système of f re
notamment l’avantage de diminuer
la fréquence des collectes – soit un
moindre coût pour la collectivité - et
une amélioration du bilan carbone de
la ville. L’innovation au service de
l’environnement est primordiale pour
le groupe.

RM : Que représente le pôle
R&D chez Plastic Omnium ?
JM. Szczerba : Pour être leader, il
faut être la force de proposition, être
celui qui va orienter le marché. C’est

pour cela que nous consacrons 6 %
de not re C A à la R&D. En out re,
parce que nous sommes un groupe
global dont le siège est en France,
nous considérons qu’il faut avoir un
certain respect pour son pays d’origine. C’est la raison pour laquelle
nous tenons à ce que nos centres de
R&D restent implantés en France.
Nous avons deux centres importants à Lyon, l’un pour les équipements extérieurs et l’autre pour la
division environnement. Par ailleurs nous avons décidé de
const r uire, à côté de Roissy, un
centre de R&D mondia l pour les
réservoirs à carburant.

RM : Comment avez-vous
traversé la crise qui a frappé le
secteur automobile en 2008 ?
JM Szczerba : La crise des banques de
l’été 2007 nous a alertés : début 2008,
le marché automobile enregistrait
encore une croissance de 15 %. Avec
Laurent Burelle, nous avons décidé
d’appliquer une méthodologie qui
nous permette de nous renforcer
pour ne pas avoir à subir d’éventuelles défaillances des banques qui
avaient toujours soutenu le développement du groupe. Nous avons listé
30 cadres majeurs - « 30 généraux »
- avec lesquels nous avons mis au
point un plan de rupture. La méthodologie appliquée pour les coûts de
structure et le reengineering pour
faire face à la chute des volumes, et
la rapidité de mise en œuvre du plan
élaboré avec l’équipe qui avait été
constituée nous ont permis de traverser la crise et d’en sortir renforcés.

RM : Quels enseignements tirezvous de cette crise ?
JM. Szczerba : Cette crise a permis
de mettre en lumière plusieurs facteu rs, dont deu x me pa ra issent
essentiels pour l’avenir d’un groupe
comme le nôtre : La solidité financière est devenue un critère extrêmement i mpor ta nt pou r les
con st r uc teu rs. I l dev ient au ssi
essentiel de développer des plateformes mondiales et globales.

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