ESCP-Europe Alumni Mag - n°126 - Septembre 2009 - 61

News Mais quel était le type d’entreprise qui pouvait t’intéresser ? D’abord une entreprise appartenant au secteur que je connais, à savoir la sécurité. Ensuite il fallait qu’elle ait, soit une bonne profitabilité, soit une situation désastreuse permettant une opération de levier capitalistique puissant… mais délicat dans cette période. En fait j’ai choisi une solution médiane et surtout je me suis affranchi des fonds d’investissements, pour construire mon projet… sans eux ! C’est donc G4S France sur laquelle tu as jeté ton dévolu. Dis nous ce qu’elle représente et comment tu as pu la reprendre. Sa spécialité : la sécurité humaine (statique, mobile aéroportuaire…). Sa taille : plus de 6 500 personnes et un chiffre d’affaires de 220 millions d’euros. Sa situation financière : déficitaire. Mon diagnostic a été simple : cette entreprise a de bonnes bases mais n’a ni management ni fonds propres. Alors quel montage financier ? Simple aussi, à condition de m’y impliquer et de m’y investir à fond ! J’ai donc financé l’achat (d’ailleurs en hypothéquant tous mes biens !) et j’ai négocié une ligne de crédit mobilisable à hauteur de 25 millions d’euros. Ainsi, dès le 1er jour de la reprise, la société était remise à flot. Par ailleurs j’ai fait « monter » dans ma holding quelques actionnaires privés dont 3 cadres dirigeants qui ont pris les responsabilités en ressources humaines, finance et opérations. Ainsi doté d’une équipe solide, je peux m’attaquer à ce défi nouveau. La société change de nom ? Oui, nous la rebaptisons Neo Security et nous passons immédiatement à l’action. D’abord en recapitalisant à hauteur de 35 millions et en effectuant une restructuration (800 postes vont disparaître mais 300 nouvelles fonctions vont être créées dans les mois à venir). Je tiens à préciser que j’avais pris la précaution, avant la reprise, de consulter les syndicats afin d’anticiper sur cette délicate mais incontournable opération. Les réactions du personnel ? J’ai trouvé des troupes qui se sentaient un peu abandonnées et qui n’ont pas vu d’un mauvais œil arriver un dirigeant dont ils savent -ma réputation m’avait précédé !- que j’applique une forme de management autocratique mais participatif. Bref, tout semble prêt pour le redéploiement. Tout à fait. Une entreprise assainie financièrement, intégralement détenue par des capitaux français, encadrée par une équipe de pros du secteur eux-mêmes actionnaires, enfin une bonne marge de progression dans un marché où la concurrence est fragmentée et où les méthodes doivent se professionnaliser. Voilà un terreau susceptible de faire pousser une belle entreprise ! Aurais-tu un dernier conseil pour nos camarades qui se trouveraient dans la même situation que toi lors de ton départ de Brink’s ? Ne jamais se laisser décourager et agir en s’appuyant sur ce que l’on sait le mieux faire et sur les amis privés ou professionnels qui sont prêts, si vous les motivez, à vous suivre dans une nouvelle aventure. l Propos recueillis par Yves SÉCHAUD (71) Pour en savoir plus La société G4S/ Neo Security l 6 500 personnes CA : 220 M€ 2ème du marché derrière Securitas Les 50 plus gros clients font 70 % du CA Les clients : banques, sites industriels et aéroportuaires, grande distribution mais aussi RATP SNCF, EADS… , 3 métiers en surveillance humaine : statique (sur site à demeure), mobile (rondes, levées de doute…) et sécurité aéroportuaire (portiques et bagages) Objectifs : retour rapide à la profitabilité, amélioration de la qualité de service et de sa juste rémunération, plein emploi, développement par croissances interne et externe, et contribution à la mise en œuvre d’un meilleur encadrement réglementaire de la profession. l l l l l l ESCP Europe Magazine N° 126 - Septembre 2009 61

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