ESCP-Europe Alumni Mag - n°126 - Septembre 2009 - 28

Zoom Sens & compétences Par Arnaud MOUROT [99] A ctiver le bouclier solidaire, donner un coup de pouce, telles sont les missions de ceux qui accompagnent les entrepreneurs sociaux innovants. Arnaud, Directeur général d’Ashoka France, se fait fort ici de défendre l’Entrepreneuriat Social car il y croit. l’homme et la planète au centre des préoccupations. « Remettre » Face à la crise économico-financière et à la prise de conscience des enjeux aigus de la société, de nouveaux modèles sont nécessaires pour permettre de remettre l’homme et la planète au centre des préoccupations. Par ses valeurs -solidarité, pragmatisme, innovation sociétale, performance économique et financière conjuguée avec primauté de l’impact sur la société-, l’entrepreneuriat social est l’une des « bonnes réponses » à apporter dans cet environnement complexe que nous connaissons aujourd’hui. C’est aussi un secteur en expansion, partout dans le monde. En France, il rassemble au moins 10 % des salariés et sa vitalité est avérée. Les associations notamment -175 000 sont employeursont vu leur nombre augmenter de 1,8 % en 2007, alors que le secteur concurrentiel, hors associations, n’a progressé que de 0,8 %. Et elles ont créé 40 000 emplois selon l’étude « La France associative en mouvement », publiée en octobre 2008. Ce secteur est en pleine structuration : il n’a plus rien à voir avec « l’association de papa » ! Il invente de nouveaux modes de fonctionnement et de financement : création de réseaux au niveau national comme le Réseau Cocagne et ses 100 jardins maraîchers biologiques dans toute la France. Ils permettent chaque année la réinsertion sociale et professionnelle de plus de 3 000 personnes jusque-là qualifiées d’« inemployables » ! Ou Unis-Cité et ses antennes dans 24 villes qui offrent aux 1825 ans la possibilité de s’engager dans un service civil pour mener des actions de solidarité tout en gagnant en employabilité et en respect citoyen. Il peut s’agir de la mise en place d’activités ou de filiales à but lucratif pour s’émanciper des aléas des subventions publiques comme le Groupe Siel Bleu qui décline son offre d’activités physiques adaptées aux seniors. L’objectif est de leur redonner du bienêtre et leur éviter la dépendance. Ce peut être encore une proposition aux entreprises pour que leurs salariés échappent aux accidents du travail et se sentent en meilleure forme ou la consolidation d’organisations à but non lucratif et d’organisations marchandes pour renforcer l’efficacité de chacune, notamment en syndiquant certaines tâches (administration, financements), comme le Groupe SOS (130 entités et 2 500 salariés au total) qui œuvre pour l’insertion sociale et professionnelle de publics variés (anciens drogués, immigrés, familles en très grande difficulté). Ce ne sont que quelques exemples. Des actions de solidarité D.R. La capacité d’innovation des entrepreneurs sociaux s’appuie sur leur connaissance concrète du terrain. Face aux problèmes, leurs idées s’avèrent plus efficaces, et souvent moins onéreuses, que ce que proposent les pouvoirs publics ou les entreprises classiques. Marie-Noëlle Besançon -Les Invités au Festin-, dès son pilote de Maison d’accueil offrant aux malades psychiques la possibilité d’une réhabilitation psycho-sociale, a permis 700 000 € d’économies annuelles à notre système de santé ; Guillaume Bapst (Andes) récolte 5 tonnes/jour de fruits et légumes parfaitement consommables à Rungis pour les redistribuer, par les épiceries solidaires et les associations caritatives, aux populations défa- Au service des plus défavorisés 28 ESCP Europe Magazine N° 126 - Septembre 2009

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