ESCP-Europe Alumni Mag - n°126 - Septembre 2009 - 25

Business Revenons un peu en arrière : c’est en 2001, à la parution du décret fixant un tarif « raisonnable » de rachat de l’électricité éolienne terrestre par EDF, que des entrepreneurs avisés ont commencé à développer des parcs. Compte tenu des multiples contraintes, ils ont travaillé plusieurs années avant de pouvoir concrétiser leurs premiers projets, financés par prêts bancaires ou vendus à des tiers avant construction. Les meilleurs ont été rachetés par de grands groupes, incapables de développer en interne ces métiers nouveaux, nécessitant créativité, prise de risque, réactivité, diplomatie et… travail de fourmis vis-à-vis des collectivités, élus, riverains. Ce fut une création de valeur très importante et parfois discutée, mais qui permit à des acteurs importants d’acheter des perspectives de développement et des parts de marchés. Ce fut aussi une référence sur un mode d’investissement de l’État qui, se gardant d’intervenir directement, mit en place un système qui laissait les entrepreneurs privés « risquer et ramer », avec une chance raisonnable de succès. On notera au passage que cette méthode est exactement l’inverse de celles qui furent mises en œuvre pour l’hydraulique ou le nucléaire. Développer des parcs D.R. « Avec l’éolien, un nouveau modèle économique se dessine, où la ressource primaire est disponible pour tous, et la création de valeur basée sur la capacité à convaincre les acteurs. Toujours plus d’innovation… L’innovation continue » Ceux de ces entrepreneurs qui vendirent leurs sociétés avant la crise financière furent, on s’en doute, bien avisés. Malgré tout, la création de valeur se poursuit et, dans le métier de l’éolien, l’innovation continue. Elle passe par la puissance et la technologie des machines, ce qui concerne malheureusement fort peu l’industrie Française, mais aussi par la manière d’associer les riverains à la réussite des projets autrement que par les retombées de la taxe professionnelle (tant qu’elle existe !), par la professionnalisation des prises de décision et des modèles d’exploitation, alors que les sites disponibles sont de moins en moins ventés, et par la capacité d’appréhender l’évolution des marchés de l’énergie dans le contexte de forte volatilité que l’on connaît. Rappelons que le prix de l’électricité sur le marché a approché le tarif de rachat de l’électricité éolienne au plus fort des cours du pétrole de 2008. Cela montre que l’investissement de l’État dans une filière en création n’a pas forcément vocation à être… durable ! Et c’est très rassurant. Et toujours plus technologies de nouvelles Finissons en citant 2 projets bretons innovants de taille et de nature très différents. Le premier, porté par Eole Opérations, consiste à associer un système de mesure de vent par laser (LIDAR) à une alimentation autonome et propre par pile à hydrogène. Cette innovation technologique permet de remplacer ou limiter l’installation de mâts de mesure pour évaluer le potentiel éolien des sites, alors que les machines sont installées à des hauteurs de plus en plus élevées. Elle nous permet également d’améliorer nos modèles d’extrapolation de vent et de mieux en connaître le comportement pour fiabiliser les business plan de nos projets, point qui devient majeur avec la raréfaction des financements et l’étude de sites de moins en moins ventés. Le deuxième projet est mené par des entrepreneurs qui, forts de leur réussite dans l’éolien terrestre, ont choisi de poursuivre l’aventure dans des secteurs connexes. En l’occurrence, Nass & Wind Industrie conduit le projet Winflo, qui consiste à mettre au point une éolienne flottante afin de s’affranchir des profondeurs importantes rapidement atteintes le long du littoral français. Ce projet ambitieux, qui n’est pas isolé, est avant tout un challenge technologique, avant de devenir, on l’espère, un challenge marketing, industriel et commercial qui pourrait aider la France à atteindre ses objectifs et, cette fois, à disposer d’acteurs industriels privés profitant d’un nouveau marché fortement créateur de valeur. l ESCP Europe Magazine N° 126 - Septembre 2009 25
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