ESCP-Europe Alumni Mag - n°126 - Septembre 2009 - 12

Personnalité du mois line auraient-ils l’obligation de faire payer à leurs clients quelques euros de plus pour le port ? Nous ne sommes pas d’accord. Des procès relatifs à cette question ont eu lieu avec des libraires courant 2008. Le nôtre, contre le Syndicat du Livre Français (SLF), est toujours en cours mais dans un procès parallèle avec un concurrent, la Cour de Cassation a tranché en disant que le port pouvait être offert aux consommateurs. Donc, même si nous avons été condamnés en 1ère instance, nous sommes confiants au vu de ce qui s’est passé pour ce concurrent. les DVD, par exemple, et le secteur doit se battre pour garder sa place dans le temps culturel et le budget que le consommateur est prêt à lui accorder. Le prochain grand défi est, en effet, le numérique qui prend de l’ampleur ; le téléchargement est là pour le prouver, et cette façon de faire se justifie totalement dans certains pans de l’édition comme la médecine. Contrairement à la dématérialisation de la musique qui a été rapide grâce à de petits baladeurs numériques, le livre est portable par définition, mais ce qui n’est pas portable, c’est 500 livres d’un coup ! Aux USA, amazon a été pionnière en matière de numérique puisque la société a lancé un lecteur appelé Kindle. Vous pouvez ainsi lire un ouvrage sur votre écran, quel que soit l’endroit où vous vous trouvez. L’engouement du public pour cette nouvelle technologie est forte mais elle ne s’est pas encore développée en Europe. À mon avis, il n’y aura pas une pénétration aussi rapide qu’on le dit du numérique. Je pense que le livre papier a encore de belles années devant lui, avec des disparités en fonction des segments de marché. Les choses bougent donc et le monde de l’édition est bien conscient que le numérique sera la lecture de demain même s’il faut du temps pour l’intégrer. amazon cultive le secret tant la société est avare de chiffres… Pouvez-vous nous en communiquer, quand même, quelques-uns relatifs à vos résultats et expliquer votre rentabilité ? Vous allez être déçue ! Je peux simplement vous dire que le CA 2008 du groupe est de 20 milliards de $ dont 47 % à l’international (Angleterre, Allemagne, France, Chine et Japon). Je ne vous en dirai pas plus. On ne va pas plus loin dans la divulgation de nos résultats. Je rajouterais quand même que le livre reste notre 1ère catégorie de produits bien qu’à faible VA ; les produits high tech représentent la 2ème catégorie, et l’innovation y joue un rôle majeur. Notre rentabilité, que nous ne communiquons pas, s’explique surtout par l’absence de coûts fixes comme le loyer et les frais de personnel (supportés, à l’opposé, par les libraires), et par l’absence de frais de communication puisque nous ne faisons ni publicité, ni affichage. En revanche, nous avons les mêmes conditions commerciales que les éditeurs. Nous avons enfin l’avantage, en tant que vendeurs Internet, d’être dans le volume alors qu’un libraire propose à la vente un nombre limité d’ouvrages en fonction de la superficie de sa boutique. La logistique prend ici toute sa place : la machine est bien huilée et elle renforce notre rentabilité. a encore de belles années devant lui. « Le livre papier » N’estimez-vous pas « étouffer » les plus petits éditeurs avec de telles conditions commerciales ? En quoi ce geste est-il si important pour amazon ? Pas du tout. Ce geste nous met au niveau de la concurrence par rapport à la distribution puisque, encore une fois, nous pouvons tous vendre le livre au même prix. Notre objectif n’est pas de pénaliser le client en lui faisant payer des frais de port mais plutôt de défendre ses intérêts. Toute l’économie du livre est-elle à revoir avec Internet ? Quelle est votre approche du numérique ? À quand le basculement du livre papier sur le Net ? Je soulignerais d’abord que le marché du livre en France, malgré le climat économique incertain, reste stable. C’est un marché atone. Mais il est vrai que, aujourd’hui, le livre est en concurrence avec d’autres produits culturels comme les jeux vidéo ou Le prochain grand défi est le numérique. 12 ESCP Europe Magazine N° 126 - Septembre 2009

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