ESCP Europe Magazine - N°176 - Janvier/Février 2018 - Preview - 72

CETTE ANNÉE-LÀ

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1985

L'ouverture
du campus de Berlin

L'EAP avait, dès sa création en 1973, établi le principe de base « 3 ans d'études en 3 langues
et dans 3 pays » sur ses campus de Paris, Londres (et plus tard Oxford) et Düsseldorf.
10 ans après, la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris reçut du Sénat de Berlin-Ouest, et plus
particulièrement de la CDU, groupe parlementaire majoritaire au Parlement, une proposition surprenante :
quitter Düsseldorf et venir s'établir dans la partie occidentale de l'ancienne capitale allemande.

Mur de Berlin, 1984

es jeunes européens d'aujourd'hui ne
peuvent que difficilement se représenter ce qu'était à l'époque la situation de Berlin. C'était une ville située en
pleine Allemagne de l'Est, coupée en deux
par un mur et à laquelle on ne pouvait se
rendre que par avion, par train et par une
autoroute surveillée par des haies de miradors et bordée de champs de mines.
Donc, le choix de déménager à l'Est du pays
a beaucoup surpris. Bon nombre d'étudiants, dont surtout les Allemands et les
parents d'élèves s'émurent de ce transfert.
À l'époque, même les plus optimistes
n'envisageaient pas de voir le mur tomber
rapidement, mais la direction de l'école
estimait qu'en cas de réunification, Berlin
était mieux placé que Düsseldorf pour s'imposer en Europe centrale.
Le Sénat de Berlin proposait de contribuer
au financement de la future implantation
locale de l'EAP et, surtout envisageait
de reconnaitre à terme la future EAP
Berlin comme établissement scientifique

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universitaire de droit allemand. Une
conséquence pratique parmi d'autres : la
scolarité de trois ans de l'EAP, dont deux
tiers se déroulent en dehors d'Allemagne,
déboucherait sur l'octroi d'un « Diplom
Kaufmann », c'est à dire d'une maîtrise
universitaire (allemande) de gestion.
À l'époque, aucune Grande Ecole française ne bénéficiait en Allemagne d'un tel
statut : toutes y étaient classées comme
Fachhochhschulen, c'est à dire de niveau IUT.
La reconnaissance de l'EAP comme établissement universitaire de droit allemand fut
finalement prononcée en 1988.
Du point de vue de la CCIP, les propositions du Sénat de Berlin avaient dans leur
principe politique, au-delà même de leurs
bénéfices concrets, une qualité première :
elles correspondaient exactement au projet
originel de la création de l'EAP, qui était de
construire une institution pleinement européenne en association avec des partenaires
d'autres pays européens.
En septembre 1985, la 11e promotion de
l'EAP arriva donc à Berlin pour suivre ses
cours de 3e année. La promotion comptait 75 étudiants dont 50 Français et
25 non-Français.
L'acclimatation se fit rapidement dans les
locaux de l'école, à Breitscheidplatz en face
de la « Gedächtniskirche », au centre de
l'ancien Berlin de l'Ouest(1).

(1) L'école a ensuite déménagé à l'Europa Center
(Kurfürstendamm) avant d'intégrer son emplacement
actuel à Heubnerweg.

Même si Berlin était une ville pauvre,
encore marquée par les destructions de la
guerre et souffrant d'un taux de chômage
important, les loyers étaient peu onéreux
et la vie nocturne très animée, grâce à la
forte population de jeunes et d'étudiants
allemands fuyant le service militaire obligatoire qui ne s'appliquait pas à Berlin-Ouest.
Ils furent appuyés par un corps professoral recruté avec les critères du ministère
de l'éducation allemand et les étudiants
s'adaptèrent vite au nouveau Campus.
L'école s'intégra dans la ville à tel
point qu'en 1990, quand la fusion des
2 Allemagne fut achevée, la municipalité
de Berlin tint à marquer sa reconnaissance
à l'école et à la CCIP qui avaient su « investir » dans le futur de la ville à un moment
où personne n'aurait pu penser à une réunification prochaine.
Un an avant, l'école expérimentait également les stages en Asie, notamment en
Thaïlande pour l'édition du 1er guide des
affaires et de l'investissement publié au
MOCI. Ce pas de côté, changement de
perspective généré par l'immersion dans le
monde asiatique, a eu un effet rassembleur
sur notre plateforme culturelle commune et
contribua à créer cette expérience culturelle
unique de ESCP Europe, mais ceci est une
autre histoire.
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Gilles Gouteux, Chef de projet « bicentenaire »
et Mark Grobien (EAP - promotion 1986)
Remerciements à M. Bruno Leblanc,
directeur de l'EAP de 1979 à 1991,
Véronique Girard (EAP 1985)
et à Caroline Brochard-Garnier (EAP 1986).

ESCP Europe Magazine numéro 176 ❙ JANVIER/FÉVRIER 2018

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