ESCP Europe Alumni Magazine - n°148 - Mai/Juin 2013 - 48

interView

intuition du business me
disait par ailleurs qu’une
société aussi ancienne
ne pouvait pas disparaitre en quatre ans sauf
qu’elle avait été vraiment
gérée en dépit du bon
sens : ceci voulait dire
qu’avec mon expérience
personnelle, il y avait
moyen de la remonter
rapidement, c’était ça
mon pari !
Quel était ton projet ?
Repositionner l’ensemble des collections sur le
haut de gamme, comme
cette entreprise l’avait
été. Mais c’était, c’est
encore aujourd’hui un
combat difficile, avec des
temps de latence considérables : le développement d’une collection,
c’est 15 à 18 mois de
travail. Un soutien-gorge
de haute qualité, comme
les nôtres, ce sont plus
de 50 pièces différentes, 12 matières, 25 étapes
de fabrication, une très grande précision dans le
travail et donc des personnels qualifiés.
Comment as-tu fait pour relancer Maison
Lejaby ?
La reprise a eu lieu début 2012. Très vite s’est
imposé l’idée de lancer un signal fort à nos clients
et distributeurs, mais aussi à l’ensemble de nos
salariés. La création d’une collection très haut de
gamme, empreinte de luxe à la française, 100 %
réalisée à la main en France. Cette première collection Couture a très vite convaincu les médias et
les premiers clients.
Mais cette collection nous a aussi permis de remotiver les équipes autour d’un projet, de redonner le goût de l’innovation, des belles matières,
de redévelopper la créativité, ce qui était un vrai
challenge après les traumatismes de la fin de la
période précédente. Les sourires et la mobilisation
des équipes ont été nos premiers succès.
D’autres réalisations sur 2012 ?
Le repositionnement haut de gamme des autres
collections. L’esprit de la collection Maison Lejaby
Couture, un esprit de raffinement à la française,
s’est ensuite décliné sur l’ensemble des autres
collections, Maison Lejaby Lingerie, Maison Lejaby
Elixir et Maison Lejaby Plage.
Et puis, dans le domaine personnel, 50 ans et la
décision de me marier après de nombreuses années de vie commune.

Comment as-tu repris la société ?
Convaincu du potentiel de cette entreprise, nous
avons présenté un dossier avec mes trois associés, Michel Desmurs, Président d’Isalys, Christian
Bugnon, fils du fondateur de Lejaby, et une entreprise textile italienne. Ce plan de reprise présenté
au Tribunal de commerce de Lyon proposait de
sauver 193 emplois, de recentrer l’activité sur le
site de Rillieux-la-Pape et de repositionner l’ensemble des collections sur le haut de gamme et
le luxe. Par ce nouveau plan d’action, l’entreprise
reprenait vie. Le Tribunal s’est prononcé en notre
faveur. Mais le climat social était très tendu. Lejaby
deviendra en quelques jours le symbole d’une
France en crise sur fond de campagne électorale.
Et les syndicats ?
Ils étaient très mobilisés mais ceux qui s’agitaient
en public venaient surtout des bureaux parisiens
et n’avaient rien à voir avec notre société. Ils n’y
avaient quasiment pas de salariés du site de
Rillieux contre notre projet. Avec eux la confiance
n’a pas été immédiate mais s’est instaurée assez
vite quand même grâce à notre « nouveau » management plus proche, plus convivial et aussi plus
sincère et participatif.
Qu’est-ce qui est le plus difficile ?
Indéniablement le financement. Il est en effet difficile aujourd’hui de se faire financer par les banques quand nous représentons une entreprise au
bel avenir mais encore fragile. « On ne prête qu’aux
riches » dit-on… ça reste encore aujourd’hui mon
challenge personnel au quotidien.
Un bilan d’étape ?
Aujourd’hui, nous avons dépassé de 20 % les
prévisions de la première année en termes de CA,
augmenté les effectifs de 10 % et lancé une nouvelle collection Maison Lejaby Couture, présentée
en janvier dernier par les danseuses du Lido.
Les équipes sont soudées et ont retrouvé le plaisir
de participer à des projets novateurs. Nous avons
aussi développé des partenariats innovants comme avec les Atelières qui assurent une partie de la
production de Maison Lejaby Couture.
Le challenge reste aujourd’hui commercial :
convaincre nos clients et ex-clients de s’engager à
nouveau sur nos dernières collections.
Ton pire souvenir ?
Quand nous sommes sortis du Tribunal, au milieu des journalistes, avec des gens qui hurlaient
« patrons, salauds ». Nous n’étions pas préparés
à cela.
Ton conseil pour les Alumni ESCP Europe qui
reprennent une entreprise en difficulté ?
Une reprise se fait sur 3 ans, pas sur an. Il faut
s’armer de patience mais travailler vite et aller à
l’essentiel.
●
Propos recueillis par Luc MAROT (83)

- ESCP Europe Magazine N° 148 - Mai/Juin 2013

Table des matières de la publication ESCP Europe Alumni Magazine - n°148 - Mai/Juin 2013

Couverture
Zapping
Sommaire
BUSINESS
Personnalités du mois Gilles BOGAERT (91) : Acteur de la performance
Focus
Sur tous les fronts
Au coeur de la création de valeur
Soigner sa communication
Transformer la fonction
Piloter la performance
The navigator
Efficience and performance
Chef de choeur
Des défis à revendre
De l’audace, toujours de l’audace
Itinéraires
Le goût de l’aventure
Créer sa « boutique »
Entretiens
Promo 78 : 35 ans après
Promo 88 : 25 ans après
Tourisme & loisirs
Agro-alimentaire
Banque/finance
Développement durable
Innovation
BTP
Avocat
NEWS
Vie du réseau
Alain PROST (83), Président de Maison Lejaby
Nominations
Groupe Automobile : La stratégie de Renault en Chine
La 57 pleure…
Groupe RH : du système D au système CO
Carnet
London Gala
Agenda
À lire
Carrière Le DAF du 21ème siècle
Voyages Maroc-Martinique à la rame
CAMPUS
École
Start@Europe 2013
Crise de l’euro : les craintes sont-elles dissipées ?
Le MS Finance fête ses 25 ans
Fondation 2013 : une action renforcée !
Vie étudiante
Au grand galop !
Noisy week-end

ESCP Europe Alumni Magazine - n°148 - Mai/Juin 2013