ESCP Europe Alumni Magazine - n°142 - Mai/Juin 2012 - 11

peRsOnnalité du mOis

Votre cabinet vient de fêter ses 30 ans. De quoi êtes-vous le plus fier ? Ce dont je peux être le plus fier touche aux personnes, et non au métier. Plus la structure a grandi, plus les responsabilités ont augmenté, et plus la dimension humaine a revêtu de l’importance. J’ai vite réalisé que l’animation de nos équipes, le développement de nos collaborateurs étaient une priorité. Lorsqu’un consultant quitte le cabinet et me confie que son meilleur souvenir est une mission qu’il a réalisée dans le cadre d’Eurogroup Autrement, notre mécénat de compétences, je suis heureux. La fierté est pour moi d’ordre collectif et non personnel. C’est de notre projet d’entreprise dont je suis fier. C’est une expérience riche en leçons de vie... Le groupe a connu la croissance, la décroissance, les crises, des erreurs, quelques satisfactions… On ne sait rien du futur, c’est la vie qui vous guide. On prend des claques de vie tout le temps mais ce qui est important, après les épreuves, c’est d’en ressortir plus fort. Inutile de se plaindre. L’important consiste à rebondir sur quelque chose qui, potentiellement, est meilleur. Vous revendiquez l’indépendance de votre cabinet, spécialisé en stratégie et organisation. En quoi est-elle une force à laquelle vous êtes tant attaché ? Le cabinet français, créé en 1982, revendique depuis le départ son indépendance dans la durée. Vous l’aurez compris, je tiens à notre liberté. Cela signifie que le capital est détenu par les associés et par eux seuls. Les fonds en sont exclus car leur ouvrir la porte est pour moi la mort annoncée ! Rester indépendant pour un cabinet conseil a aussi un prix : c’est accepter par exemple qu’il n’y ait pas de goodwill quand on y entre et quand on en sort. L’associé exerce un métier qu’il aime, gagne bien sa vie tant qu’il travaille, mais ne fait pas fortune quand il s’en va. Il le sait, il l’assume. Cette indépendance est demeurée un axe majeur au cours de notre développement : c’est dans un contexte de crise qu’est né le groupe Eurogroup Consulting avec 7 cabinets fondateurs, le 15 janvier 2010. Un conseil résolument européen, qui résulte de l’aboutissement d’une dynamique d’intégration engagée il y a plus de dix ans. Ces 7 cabinets rassemblent leurs forces au sein d’une société holding, Eurogroup Consulting Holding détenue par chaque pays, et dont j’assure la présidence. Cette indépendance et notre structure multi locale, donc multi culturelle, garantissent notre singularité.

Quelles sont vos ambitions pour votre cabinet ? Nous valorisons au sein du cabinet le branding et le co-branding avec des évolutions juridiques permanentes au sein d’un réseau constitué aujourd’hui de 1 200 consultants, 26 bureaux répartis dans 20 pays, notamment l’Europe, l’Amérique du Nord et le Maghreb. Nous visons la création d’une partnership européenne d’ici à 2014, et une part de marché de 2 % en Europe, soit près de 400 millions d’euros. Cet acteur européen favorisera une étroite coopération professionnelle via une plateforme, notamment de formation et de mobilité internationale, qui permettra une réponse collective aux appels d’offres ainsi que le partage de savoirfaire dans différents secteurs d’activité comme la banque, la finance, les assurances, le secteur public, les utilities (eau, gaz, électricité…).

Bio express
Francis ROUSSEAU (76), 56 ans, également diplômé de l’IEP de Paris (78), a débuté sa carrière chez Peat Marwick en 79 comme auditeur, spécialisé dans le domaine bancaire. Président d’Eurogroup Consulting France, et l’un des fondateurs du cabinet français en 82, il est également président d’Eurogroup Consulting holding, groupe de conseil européen indépendant en stratégie et organisation, créé en 2010. Sa vision du conseil est exprimée dans le manifeste Eurogroup Consulting. Il intervient dans les médias économiques, radio, presse et TV pour partager ses convictions sur des sujets d’actualité et autres thématiques liées à la vie des entreprises.

Vous avez une position de principe de culture européenne. Cette dimension est si importante pour vous ? Le cabinet pense qu’une école de pensée européenne dans le conseil doit s’exprimer car il n’en existe pas aujourd’hui une digne de ce nom, alors que l’Europe est forte de 500 millions d’habitants et représente le 1er PIB mondial. C’est inacceptable ! Quand je dis « européen », cela signifie pour moi : avec des cultures et des langues différentes, et des spécificités locales. Le conseil est en effet un métier local et s’adresse à des humains. Or, je considère que la culture business angloaméricaine ne s’adresse pas à des humains intelligents mais à des « humanoïdes processés » ! Le conseil a été créé aux États-Unis et ceux qui ont vocation à être les leaders sur le marché viennent tous de pays de ce modèle de pensée. Il faut y remédier et vite !

ESCP Europe Magazine N° 142 - Mai/Juin 2012 -

Table des matières de la publication ESCP Europe Alumni Magazine - n°142 - Mai/Juin 2012

Couverture
Zapping
Sommaire
BUSINESS
Personnalités du mois Francis ROUSSEAU (76) : À contre-courant
Focus
- Évoluer en s’adaptant
- Des marges de progrès
- Consulting in China
- Du sur mesure
- High performance
- Engagés à vos côtés
- Être force de propositions
- Une longueur d’avance
- Un modèle d’avenir
Itinéraires
- Apporteur de solutions
- Chasseur d’entreprises
Entretiens
- Un cabinet où il fait bon travailler
- Être utile à nos clients
- La passion du métier
- Acteurs de l’innovation
- Inventez le quotidien de demain
- Jeunes talents
NEWS
Vie du réseau
- Jean-Pierre RAFFARIN (72) : Mémoires d’un affectif
- Le virus de la création
- On et Off line : quelles convergences ?
- Art et luxe, influences croisées
- Et si vous choisissiez l’assurance ?
- La 56 au Poulpry
- Rendez-vous en 2030
Agenda
Nominations
À lire
Carrière Two individual stories…
Voyages Tribulations en Amérique Latine
CAMPUS
École Savoir et demande dans la relation de conseil
Fondation La Fondation reconnue d’utilité publique !
Vie étudiante Nouvelles ambitions !

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