ESCP Europe Alumni Magazine - n°138 - Septembre 2011 - 42

Entretiens
Entrepreneuriat

La dépendance : une question de solidarité intergénérationnelle
Frédéric BERNARD [Cadre dirigeant 03] et Olivier Drouard

D.R.

près la réforme des retraites, la dépendance anime la réflexion sociétale. En 2040, 1,2 millions de la population française*, soit 50% de personnes en plus, seront en situation de dépendance totale ou partielle. Le sujet passionne professionnels de l’assurance et opinion publique et suscite de nombreuses interrogations notamment quant au mode de financement. Entretien avec Frédéric BERNARD, DGA des Mutuelles UMC et Olivier Drouard, Directeur du Développement. Qu’entend-on par dépendance ou perte d’autonomie ? La question mérite effectivement d’être éclaircie. Pour faire simple, la dépendance se caractérise par une perte d’autonomie entrainant l’assistance d’une tierce personne pour la réalisation des actes de la vie quotidienne c’est-à-dire se laver, se nourrir, s’habiller, se déplacer. Globalement, tout le monde s’accorde pour admettre que la définition la plus appropriée est celle qui prend en devant compte de la grille AGGIR (Autonomie Gérontologie Groupes Iso Ressources) qui classe les personnes en six niveaux de dépendance. De plus, même si généralement l’âge est un élément important lors de la souscription d’un contrat et de sa revalorisation, il est impératif d’avoir à l’esprit que la perte d’autonomie peut toucher n’importe qui et à n’importe quel moment de la vie. Selon vous, quelles sont les pistes de prise en charge et de financement de la dépendance à explorer ? S’agissant d’un risque lourd, le dispositif de financement doit s’articuler autour de deux acteurs que sont l’État ou les Régions et les assureurs.

Frédéric Bernard

Actuellement, un dispositif existe déjà avec l’APA (Allocation Perte d’Autonomie). l L’APA qui permet d’avoir une aide mais créer aussi de profondes inégalités. Une réforme de l’APA en modifiant l’assiette, c’est-à-dire en augmentant les montants de l’allocation mais aussi les plafonds ressources, permettrait d’ouvrir l’APA de façon plus importante à la majorité des français. Cette solution constitue à nos yeux une piste sérieuse à explorer. l Le second point est lié au contrat. L’idée développée par les mutuelles étant de repenser les contrats d’assurances en se basant non plus sur l’âge comme c’est le cas actuellement mais en créant un droit universel qui placerait tout le monde sur un pied d’égalité à la sortie du contrat. De plus, ce droit universel favoriserait la solidarité intergénérationnelle et permettrait un système redistributif. Concernant le financement, je pense que nous sommes davantage confrontés à un problème d’utilisation plutôt qu’à un problème de financement. L’ensemble du mouvement mutualiste travaille actuellement sur un contrat de dépendance basé sur la solidarité avec en toile de fond l’idée de formuler des propositions en amont d’un futur projet de loi. En terme de financement, quelles sont les autres possibilités ? Le sujet n’est pas encore arrivé à maturité chez l’ensemble des acteurs de la filière et il peut exister beaucoup de solutions : une journée de RTT, une seconde journée non chômée… les idées ne manquent pas. Mais on en revient toujours au vrai problème qui est non pas le financement de la dépendance mais celui de l’APA.

D.R.

Olivier Drouard

ESCP Europe Magazine N° 138 - Septembre 2011

Table des matières de la publication ESCP Europe Alumni Magazine - n°138 - Septembre 2011

Couverture
Zapping
Sommaire
Editorial
Personnalité du mois - Alain MISSOFFE (90) : Porté par l'innovation
Focus - Big Bang dans la santé
Itinéraires
Entretiens - Santé/pharmaceutique, Audit, Entrepreneuriat, Agroalimentaire
Vie du réseau
Carrière - Les dessous de la chasse de tête
Voyages - Où allons-nous nous installer ?
A lire - Vos publications
École
Fondation - Financements 2011 : une action renforcée
Vie étudiante - Bienvenue à bord de l'Orient ESCPress

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