ESCP Europe Alumni Magazine - n°138 - Septembre 2011 - 25

Business
Les capitaux risqueurs
Par Emmanuelle COUTANCEAU [MSM 07]

D.R.

L

a levée de fonds pour une entreprise innovante dans la santé est une étape primordiale car indispensable si elle veut croître et prospérer. Mais les investisseurs sont très exigeants et ne s’en laissent pas conter car ils savent compter... Comment s’opèrent leurs choix ? Éléments de réponse par Emmanuelle COUTANCEAU, Investment Manager au Crédit Agricole, Private Equity. Si le développement de médicaments a longtemps été l’apanage des grands groupes pharmaceutiques, aujourd’hui de petites start-up peuvent prétendre mettre au point les produits qui révolutionneront la médecine de demain ; elles sont un véritable levier de l’innovation et portent des projets dont les sociétés pharmaceutiques n’assureraient pas forcément le risque. Leur objectif : sur la base d’une équipe de petite taille, de haut niveau scientifique, développer un produit ou une technologie apportant une réponse à un besoin médical non satisfait… Entièrement concentrées sur leurs activités de R&D, ces start-up ne génèrent peu ou pas de revenus. Comment financer alors les indispensables validations de leur produit sur des modèles animaux puis chez l’homme, alors même que ces développements coûtent des dizaines de millions d’euros, sans certitude de succès ?

res de sélection drastiques (l’expérience de l’équipe de management étant un des facteurs clef). Ainsi l’un des moments critiques de la vie d’une start-up est sa première levée de fonds : ne disposant généralement que de données scientifiques préliminaires, et n’ayant pas forcément à ce stade un business plan suffisamment robuste, le profil de risque peut être considéré comme trop important pour les investisseurs qui doivent de leur côté générer un retour sur investissement.

Le risque est inhérent à toute innovation
Dans ce contexte, une société possédant déjà des données précliniques, voire cliniques, sera dans une position plus forte pour devenir une cible attractive pour les capitaux risqueurs. Mais le risque demeure. En effet, qui dit innovation, dit risque associé, et ce à plusieurs niveaux : nouvelles classes de molécules, nouvelles approches thérapeutiques, nouveau business model, risque règlementaire, de propriété intellectuelle ou d’exécution… Ainsi, sur l’ensemble des sociétés financées, parfois 50 % des projets échoueront.

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L’objectif com-

mun de la start-up et de ses investisseurs est de créer de la valeur afin de pouvoir revendre la société à un groupe pharmaceutique qui considèrera l’acquisition comme stratégique.

Appétit des groupes pharmaceutiques

En quête de financement

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C’est dans ce cadre que les capitaux risqueurs interviennent : ils financent ces sociétés, à des stades amont de leur développement, en prenant une participation à leur capital, et en les accompagnant ensuite dans leurs choix stratégiques et opérationnels, en prenant souvent une place au conseil d’administration. L’objectif commun de la start-up et de ses investisseurs est alors de créer de la valeur afin de pouvoir revendre la société à un groupe pharmaceutique qui considèrera l’acquisition comme stratégique, ou encore de permettre à la société de se coter en bourse. Les ressources financières disponibles pour ce type d’investissement ne sont toutefois pas illimitées, et la compétition est rude pour les sociétés en quête de financement ; les capitaux risqueurs ne finançant environ que 1 % des projets reçus sur la base de critè-

À l’opposé toutefois, qui dit innovation, dit potentiellement produit unique ; ceci suscite donc l’appétit des groupes pharmaceutiques souhaitant compléter leur pipeline. Le fil directeur du développement de la jeune société de biotechnologie est donc de construire de la valeur sur la base d’une technologie innovante, généralement validée par un ou des essais cliniques, et de devenir ainsi une cible intéressante pour un acquéreur industriel. Ainsi, le relai est transmis et la pérennité de l’innovation portée par une petite équipe de fondateurs et soutenue par des financements de capital risque, est assurée par une société pharmaceutique qui pourra financer les coûteux essais cliniques de Phase III ainsi que le lancement et la commercialisation du produit ; ces étapes ne pourraient pas facilement être portées par une petite société. Si ceci est synonyme de la fin d’une histoire pour l’équipe de management de la start-up vendue, ceci signifie également le début d’un nouveau projet pour ces entrepreneurs qui souhaitent souvent renouveler l’expérience ! l 25

ESCP Europe Magazine N° 138 - Septembre 2011

Table des matières de la publication ESCP Europe Alumni Magazine - n°138 - Septembre 2011

Couverture
Zapping
Sommaire
Editorial
Personnalité du mois - Alain MISSOFFE (90) : Porté par l'innovation
Focus - Big Bang dans la santé
Itinéraires
Entretiens - Santé/pharmaceutique, Audit, Entrepreneuriat, Agroalimentaire
Vie du réseau
Carrière - Les dessous de la chasse de tête
Voyages - Où allons-nous nous installer ?
A lire - Vos publications
École
Fondation - Financements 2011 : une action renforcée
Vie étudiante - Bienvenue à bord de l'Orient ESCPress

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