ESCP Europe Alumni Magazine - n°137 - Juillet 2011 - 48

Évolution professionnelle

Se séparer de son entreprise
Par Domitille TÉZÉ [85]

Qu’appelle-t-on une avec son entreprise ?

séparation

Adopter un état

d’esprit gagnantgagnant : c’est le meilleur moyen d’obtenir de bonnes conditions de départ tout en préservant sa capacité de repositionnement professionnel.

C’est un départ de l’entreprise qui procède d’un licenciement (rupture du contrat de travail à l’initiative de l’employeur) ou d’une rupture conventionnelle (décidée conjointement par l’employeur et le salarié). Quelle qu’en soit la forme, une séparation est toujours vécue comme une remise en cause personnelle, émotionnellement difficile à vivre. C’est une rude épreuve pour les nerfs et pour le moral. Beaucoup, à ce moment-là, se focalisent sur les conditions matérielles de leur départ. Ils pensent que la clef du problème est là et que les difficultés d’ordre émotionnel qu’ils rencontrent se résorberont d’elles-mêmes une fois qu’ils auront obtenu un dédommagement confortable. C’est une erreur. Gérer une séparation, c’est d’abord la gérer sur le plan psychologique, c’est-à-dire gérer ses émotions. Parallèlement, c’est la gérer sur le plan matériel, c’est-à-dire négocier, mais aussi sur le plan professionnel afin de favoriser son repositionnement.

Quels conseils donneriez-vous sur chacun de ces trois aspects ?

Gérer ses émotions Gérer ses émotions, ça veut d’abord dire reconnaître les difficultés que l’on rencontre. Elles sont normales. Il est normal d’avoir du mal à accepter la situation, normal d’éprouver un sentiment d’exclusion, de perdre confiance en soi et d’avoir soudain peur de l’inconnu. Face à toutes ces difficultés, comment réa-

gir ? Premièrement en apprenant à communiquer. Parler de sa séparation est une chose difficile que les cadres redoutent : certains la taisent même à leur entourage ou ne leur en parlent que de manière furtive et embarrassée, tandis que d’autres en parlent à tout le monde de manière brouillonne, précipitée, laissant transparaître leur frustration. Rien de cela n’aide à surmonter la situation. Mieux vaut communiquer de façon sélective et progressive. Parler d’abord à son entourage intime puis peu à peu à un entourage social et professionnel plus large. Pourquoi ? Car il importe de parler de manière constructive à la fois sur soi-même et sur l’entreprise que l’on quitte, cela permet de projeter une image positive de soi. Et aussi, car il faut un peu de temps pour sortir du sentiment de colère ou de l’envie de revanche, bien compréhensible, que l’on peut avoir. Deuxièmement en étant patient. Entre le moment où un cadre prend conscience qu’il va perdre son emploi et le moment où il quitte l’entreprise, le temps peut lui sembler très long. Très long. Il faut savoir attendre. Troisièmement en se recréant des repères (de nouvelles routines, l’aménagement d’un espace de travail) et en veillant à s’occuper de soi (soigner son alimentation, faire du sport, s’autoriser des moments de plaisir). Négocier La négociation d’une transaction est importante dans un processus de séparation. Mais n’oublions pas qu’elle se déroule dans une période où l’on doit aussi veiller à sa sta-

D.R.

Diplômée de ESCP Europe en 1985 et titulaire d’un MBA de Harvard Business School, Domitille TÉZÉ, après 15 ans passés dans l’environnement de la finance internationale et des ressources humaines, a créé un nouveau métier : le Career Crisis Management (gestion de crises de carrière). Elle l’exerce au sein de l’entreprise qu’elle a fondée, Transition Plus. Domitille co-anime plusieurs conférences pour le PEP parmi lesquelles « Optimisez vos conditions de départ pour mieux rebondir ».

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