ESCP Europe Alumni Magazine - n°137 - Juillet 2011 - 28

Itinéraires

Mon cahier de voyage
Jérôme NATALI [04]

D.R.

près 6 ans dans l’audit et le conseil au sein de grands groupes, Jérôme a plongé dans l’univers des requins (marque : Merlin le Requin) en créant Les éditions Sharkfin. Il est co-auteur de Mon Cahier de Voyage. Interview. Pourquoi ce désir de création d’entreprise après l’École, et dans ce secteur ? D’abord pour laisser une trace personnelle recouvrant la conception et la commercialisation d’un produit grand public ; ensuite, pour me lancer dans un défi purement business en partant de rien et avec peu de moyens ; enfin, en contribuant à une cause qui me tenait à cœur (la protection des requins). Le choix de l’édition est un pur hasard. J’étais prêt à me lancer dans tout secteur mais en accord avec mes valeurs. C’est l’opportunité de m’associer avec un illustrateur à fort potentiel qui a été pour moi déterminante. Quel est le rôle de l’éditeur ? Il est à l’origine du projet, il porte tous les risques et sa marge est faible. Chaque année, il y autant de maisons d’éditions qui meurent qu’il ne s’en crée. C’est une activité très risquée. Grâce au numérique et au e-commerce, des leviers d’amélioration de la rentabilité peuvent être actionnés. Mais la mise en œuvre de l’ancien modèle économique reste incontournable : il faut être bien distribué physiquement et se faire connaître pour pouvoir émerger. L’édition numérique n’en est qu’à ses débuts, et l’e-commerce n’est vraiment utile que s’il existe déjà une demande pour vos produits.

« Mon Cahier de Voyage » et présente aux 7-11 ans les richesses des départements français. Le contenu éducatif est mis en scène par une nouvelle mascotte, Merlin le Requin ! À quelles difficultés vous êtes-vous heurté pour monter votre entreprise ? La plus grande difficulté a été la distribution. Pour pouvoir être profitable, il faut être largement distribué. Mais les grands distributeurs n’acceptent pas de travailler avec de jeunes éditeurs sans expérience. Du coup, il m’a fallu persévérer et monter en compétences. Sur l’aspect commercial, j’ai mis 5 mois pour aboutir en me faisant conseiller par mon interlocuteur, fort d’une trentaine d’années d’expérience sectorielle (il est aujourd’hui Directeur de la Diffusion des éditions Nathan). Après 18 mois d’existence, quel bilan tirez-vous ? Et si c’était à refaire ? Depuis début avril, je suis rentré dans une nouvelle étape professionnelle avec une allocation croissante de mon temps sur d’autres activités. Ma mission est en effet accomplie : j’ai construit une ligne de produits nouveaux avec une équipe équilibrée et des processus métiers efficaces. Il y a tout de même des avantages à être petit ! Reste à savoir si le succès commercial sera au rendez-vous. Nous aurons la réponse fin août… Quel que soit le succès final, je suis réellement heureux d’avoir opté pour cette aventure, il y a deux ans. J’ai beaucoup appris et suis aujourd’hui propriétaire de mon outil de travail. Si le succès commercial n’est pas au rendez-vous, je réessayerai d’entreprendre dans dix ans, le temps de remettre de l’argent de côté et d’établir sereinement ma famille. l Propos recueillis par Nicole Gérald

Un éditeur doit

être bien distribué physiquement et se faire connaître pour pouvoir émerger.

Pourquoi parlez-vous d’un nouveau genre de cahier de vacances pour enfants ? Sur un marché de l’édition jeunesse saturé, il nous fallait trouver un positionnement différent avec un nouveau genre de cahier de vacances. Il l’est de deux façons : l Il traite de sujets autres que ceux abordés pendant l’année scolaire l Il sollicite la mémoire visuelle selon un principe d’apprentissage par l’image ludique. Ce cahier de vacances est en vente depuis le 1er juin, dans plus de 2 000 points de vente répartis dans les régions PACA, LanguedocRoussillon, Aquitaine et Bretagne. Il s’appelle

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