ESCP Europe Alumni Magazine - n°137 - Juillet 2011 - 23

Business
BD et compagnies
Par Gilles GOUTEUX, Directeur Business Development - ESCP Europe
est familiale et paternaliste par excellence), les directeurs ont souvent été dépeints ensuite comme des hommes puissants souvent incompétents et abusant de leurs privilèges (le Boss, Dilbert…). Globalement, quand un patron ou une entreprise apparaît dans une bande dessinée, c’est rarement à son avantage (dans mon open space, génial, etc.), mais il y a une exception à cette règle : Largo Winch, l’archétype du patron aux valeurs fortes qu’il place avant le profit et les conventions. C’est, entre autres choses, ce qui explique son succès, outre le talent de son créateur Jean Van Hamme, qui a travaillé longtemps comme directeur dans une multinationale. C’est cette expérience qui donne une vraisemblance aux aventures de son héros et qui permet d’entraîner ses très nombreux lecteurs dans les arcanes des OPA, des cartels ou de la mondialisation. En parallèle, on voit maintenant des PDG et des dirigeants afficher publiquement leur passion pour la BD définitivement débarrassée de son étiquette de « divertissement enfantin ». Il est désormais admis qu’un manager puisse prendre goût à la Bande Dessinée, une façon pour lui de révéler une certaine ouverture d’esprit. Quelques ESCP travaillent d’ailleurs dans la BD. Parmi ceux-ci : Jean PACIULLI (85), directeur général du groupe Glénat ; Alexandre DURIEUX-PÉRARD (97), scénariste et dessinateur sous le nom de Alex Alice ; Cédric LITTARDI (97), PDG de Anime Virtual Europe, éditeur spécialisé en mangas ; Fabien NURY (98), scénariste ; Jean-Philippe THIVET (02), responsable marketing chez Casterman ; François-Xavier MELLAH (cursus cadre dirigeant), co-fondateur de BoDoï.info (média d’information sur la bande dessinée).

D.R.

Q

u’y a-t-il de plus différent que le monde de l’Entreprise et celui de la Bande Dessinée ? D’un côté, le travail, la rentabilité, la réalité ; de l’autre, la création et l’évasion. Pourtant, la frontière entre les deux n’est pas si hermétique et depuis l’origine de la création du « 9ème art », des relations existent entre ces deux mondes. Petit historique de Gilles GOUTEUX, Directeur Business Development à l’École. Historiquement, les auteurs des « illustrés » étaient soit autodidactes, soit issus d’écoles d’art et n’entretenaient avec les sociétés commerciales qu’un rapport lointain, quand il n’était pas hostile. Parmi les exemples les plus connus, Hergé était anticapitaliste et Goscinny a été licencié brutalement, au début de sa carrière, pour avoir rédigé une charte en faveur des dessinateurs ! Cependant, comme la bande dessinée n’apportait pas de revenus suffisants pour en vivre, les dessinateurs consacraient une partie de leur temps à réaliser des publicités où les sociétés captaient déjà au profit de leurs produits le capital sympathie des héros de l’époque(1). Ceux-ci exerçaient des métiers sortant de l’ordinaire (détective, journaliste, aviateur, groom), et vivaient dans un monde d’évasion essentiellement destiné aux enfants. Les histoires se déroulaient dans la jungle, l’histoire ou l’espace, mais quasiment jamais dans les usines ou les bureaux. Quelques rares préoccupations managériales méritent cependant d’être citées, comme celle d’un livreur de menhirs qui doit se révéler chef d’entreprise (2) !

La BD pèse dans l’économie

Les « affaires » en toile de fond

© : Dargaud-James

L’après 68 a changé la donne, comme dans d’autres domaines, et les auteurs de BD ont voulu sortir leurs personnages de l’imaginaire pour les ancrer dans le réel et donner ainsi leur vision du monde, soit de manière humoristique, soit comme témoin critique des rapports sociaux. Pierre Christin, Lauzier ou Manu Larcenet sont représentatifs de ces auteurs dont la liste est maintenant longue. Si, jusqu’au milieu des années 70, le patronat apparaissait parfois en arrière plan autoritaire, mais rassurant (l’entreprise de Michel Vaillant

Les tirages de certains albums et les liens qu’elle noue avec le cinéma et la publicité donnent à la BD un poids économique de plus en plus important et on retrouve davantage de diplômés d’écoles de gestion qui travaillent dans les maisons d’édition. Si la BD reste un monde d’auteurs, les gestionnaires y ont pris leur place, mais ce n’est pas pour autant que Largo Winch sera élu « Manager de l’année 2011 ». l

(1) La relation Publicité / bande dessinée mériterait à elle seule un article. (2) Obélix et Compagnie constitue, pour certains professeurs, le meilleur guide d’initiation à la gestion… 23

ESCP Europe Magazine N° 137 - Juillet 2011

Table des matières de la publication ESCP Europe Alumni Magazine - n°137 - Juillet 2011

Couverture
Zapping
Sommaire
Editorial
Personnalité du mois - Serge BROMBERG (83) : La magie des images
Focus - Des Alumni font leur cinéma
Itinéraires - L’oeuvre ultime, c’est vous !
Entretiens - Conseil
Vie du réseau - Votre nouveau site web
A lire
Évolution professionnelle - Se séparer de son entreprise
Voyages - Regatta ESCP Europe dans le golfe de Naples
École - Management des industries culturelles et médiatiques
Fondation - Le fundraising progresse à grands pas
Vie étudiante - Le théâtre musical au service du caritatif

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