ESCP Europe Alumni Magazine - n°137 - Juillet 2011 - 21

Business
L’art, un marché à part
Par Camille ROUSSELLE [MSX 09]

© : Christie’s images, 2009

S

i l’on constate une tendance à l’érosion inexorable du marché français de l’art sur la dernière décennie, l’ouverture aux maisons de vente internationales a dopé les transactions. Explications de Camille ROUSSELLE, administratrice de ventes -Département Mobilier, Sculpture et Objets d’art- Christie’s. L’œuvre d’art est un actif qui possède de fortes spécificités par rapport aux valeurs financières traditionnelles. Investir dans le marché de l’art nécessite une connaissance avisée de ce marché, mais aussi de la prise de risque associée à ce type d’investissement. Ce marché, moins sensible aux crises économiques et aux évènements géopolitiques que les marchés boursiers, a aussi connu des ralentissements en période d’incertitude. Là où les autres marchés ont tendance à spéculer face aux préoccupations que les investisseurs pourraient avoir, il n’y a pas de réaction de corrélation sur le marché de l’art. En effet, plutôt que d’agir sur les prix, les acheteurs et les vendeurs d’œuvres d’art deviennent beaucoup plus sélectifs.

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Investir dans

le marché de l’art nécessite une connaissance avisée de ce marché, mais aussi de la prise de risque associée à ce type d’investissement.

Une activité très cyclique

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La crise de 2008 a marqué le marché des ventes aux enchères et plus fortement encore les marchés spéculatifs, tels que l’art contemporain, qui a vu son chiffre d’affaires divisé par deux entre 2008 et 2009, alors qu’il avait connu une évolution multipliée par 5 entre 2002 et 2008. À une clientèle portée sur la spéculation, a succédé à partir de 2008 une clientèle plus traditionnelle dont les acquisitions sont dirigées davantage par goût que par la création de valeur. La prestigieuse vente de la Collection Yves Saint Laurent et Pierre Bergé, dispersée par Christie’s en Février 2009 a démontré que malgré un contexte économique défavorable, les œuvres d’une qualité et rareté certaines trouvent acquéreurs ; des prix records furent, pour preuve, atteints. La dispersion de cette prestigieuse collection a constitué une véritable opportunité avec un résultat s’élevant à 373,5 millions d’euros (frais inclus), montant équivalent à 53,2 % des recettes totales des ventes en France en 2008.

La France qui était en 1950 leader mondial du marché du Fine Art (peinture, installation, sculpture, dessin, photographie, estampe) s’est fait détrônée, il y a trois ans, de sa place de troisième par la Chine qui vient de passer en tête du marché. Cependant cette dernière n’occupe que la place de numéro 2 sur le marché de l’art et des antiquités avec 23 % des parts, derrière les États-Unis qui conservent leur place avec 34 % des parts mondiales. Les pays membres de l’Union Européenne représentent 37 % du marché international, dont 60 % sont réalisés par le Royaume-Uni et 16 % par la France. Cette réorganisation du marché s’explique par l’accent mis par le gouvernement chinois pour développer l’accès à la culture. Le marché des ventes aux enchères français s’est montré combatif face à un monde globalement en crise. Contrairement à New York qui a connu un passage particulièrement difficile à cette période, les prix du marché de l’art en France ont enregistré une réduction de 5 % seulement. Cette résistance s’explique d’une part par un marché moins haut de gamme et donc naturellement moins spéculatif par nature et d’autre part, par le succès considérable de Christie’s avec ses ventes de collections privées.

La France pourrait mieux faire…

Rappelons que les maisons de vente aux enchères françaises ont connu un véritable remaniement de leur statut au début des années 2000 avec l’entrée sur leur marché des deux leaders mondiaux, Christie’s et Sotheby’s. Même si leur arrivée a donné un nouveau souffle au marché français, celui-ci reste toutefois handicapé par une fiscalité et une administration complexes : TVA à l’importation, droit de suite, certificats de biens culturels, licences d’exportation... Les changements de directives de 2000, le scandale des commissionnaires de Drouot et surtout l’accélération des évolutions internationales et géopolitiques du marché de l’art ont profondément affecté la position de la France qui ne représente aujourd’hui plus que 6 % du marché mondial. l

ESCP Europe Magazine N° 137 - Juillet 2011

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Table des matières de la publication ESCP Europe Alumni Magazine - n°137 - Juillet 2011

Couverture
Zapping
Sommaire
Editorial
Personnalité du mois - Serge BROMBERG (83) : La magie des images
Focus - Des Alumni font leur cinéma
Itinéraires - L’oeuvre ultime, c’est vous !
Entretiens - Conseil
Vie du réseau - Votre nouveau site web
A lire
Évolution professionnelle - Se séparer de son entreprise
Voyages - Regatta ESCP Europe dans le golfe de Naples
École - Management des industries culturelles et médiatiques
Fondation - Le fundraising progresse à grands pas
Vie étudiante - Le théâtre musical au service du caritatif

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