ESCP Europe Alumni Magazine - n°137 - Juillet 2011 - 12

Personnalité du mois
D.R.

Comment évolue la fréquentation des salles de cinéma en France ? Les salles françaises, avec 180 millions d’entrées, ont retrouvé le volume des années 70 ! Les investissements déployés par les exploitants, conjugués à l’augmentation du nombre de films et à l’élargissement du public, expliquent ces résultats. La salle sert de vitrine aux longs métrages. Même si elle ne représente plus qu’une part souvent minoritaire de l’amortissement d’un film, elle reste indispensable pour l’ensemble de la filière tout comme le maintien d’une grande diversité de films (ex : des films en VO, du cinéma d’art et d’essai…). Néanmoins, la fréquentation a cessé de croître et la concurrence s’est durcie. Si la part de marché des films français a légèrement régressé à 35,5 % contre 36,8 % en 2009, jamais ces derniers n’ont engrangé autant d’entrées. Cinq films ont largement dépassé les 3 millions d’entrées : les petits mouchoirs, Camping 2, L’Arnacoeur, Des hommes et des dieux, Arthur 3. Que pensez-vous de l’exploitation des films en 3D ? Les films en 3D, provenant essentiellement de franchises américaines, ont contribué à renouveler le public du cinéma : 92 % des 15-19 ans et 85 % des 20-25 ans ont trouvé le chemin des salles. Mais ils ne sont pas les seuls. Des films comme Adèle Blanc-Sec ou Inception ont aussi leur part dans ce rajeunissement. Mais la véritable révolution, utilisant la 3D comme cheval de Troye, s’est faite non dans les salles, mais dans les cabines de projection. Pour faire de la 3D, il faut un projecteur numérique et non plus un projecteur de film 35 mm. Dès lors, plus de film à transporter, et l’on branche la 3D sur une antenne ou sur un serveur et on peut alors passer ce que l’on veut sur l’écran de la salle. Peu à peu, les salles de cinéma vont pouvoir devenir des salles de spectacles. On va y voir en direct et en relief des opéras, mais demain ce pourra être des matchs de football de la Ligue 1, un concert de Madonna. Et donc, le concept même de séance de cinéma va exploser. Une deuxième évolution a été celle de la carte de fidélité qui valorise le côté zapping. C’est donc tout ce sur quoi nous avons fondé notre imaginaire cinématographique, Hollywood, la légende, les films de 90 minutes… Gary Grant… qui, d’une certaine manière est en train de disparaître. Comment voyez-vous l’avenir de la production audiovisuelle en France ? Je voudrais dire que la fréquentation des salles de cinéma évolue moins en raison

également. C’est donc l’exception culturelle française car ce système d’aide n’existe pas, par exemple, aux USA. Les détracteurs vous diront que ce système conduit au financement d’un surplus de films non viables économiquement et empêche la constitution de sociétés de production de taille internationale. Que leur répondez-vous ? Que Picasso était très critiqué à ses débuts alors qu’il recevait des deniers publics et, 80 ans plus tard, un Picasso vaut 100 millions d’euros. 12 ESCP Europe Magazine N° 137 - Juillet 2011

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