ESCP Europe Alumni Magazine - n°135 - Mars 2011 - 57

Vie du réseau
SENIORS ACTIFS

Continuer à vivre chez soi, à tout âge
Par Simone MARCHAL [HECJF 50] et François VALVERDE [46], Délégué du groupe Seniors Actifs

P
D.R.

armi leurs principales craintes, les Français citent la perte d’autonomie. Regard sur un problème de santé et de société avec Gilles DUTHIL (HEC 90), Président de l’Institut Silverlife. L’explosion du nombre des personnes âgées dans les 10 ans qui viennent pose la question de la dépendance et nécessite une révision complète des politiques sociales, en France comme dans tous les pays développés.

est considérable : les plus de 60 ans sont aussi nombreux que les moins de 20 ans.

Une économie à construire

Gilles Duthil et François Valverde.

De l’Église à l’État

Les plus

de 60 ans sont aussi nombreux que les moins de 20 ans.

Jusqu’en 1905, c’est l’Église qui s’occupait des pauvres et des malades : avec la loi de séparation, l’État prend désormais en charge l’assistance « aux vieillards, aux infirmes et aux incurables privés de ressources ». La loi de 1910 sur les retraites ouvrières et paysannes fait passer le système d’une logique assistancielle, soumise au bon vouloir de la puissance publique, à une logique assurantielle, fondée sur la répartition. L’ensemble sera consolidé en 1945 avec la législation sur la Sécurité Sociale. En 1983, les politiques sociales sont transférées aux départements. Enfin la prestation dépendance apparaît en 1995. Actuellement l’APA (allocation personnalisée d’autonomie) compte plus d’un million de bénéficiaires. Elle n’excède pas 1 224 € par mois, alors qu’une maison de retraite coûte de 2 à 3 000 €, et 30 % des départements sont incapables de la payer.

De 12,6 millions en 2005, les plus de 60 ans passeront à 17,1 millions en 2020, soit 27 % de la population. Les plus de 75 ans seront 6,1 millions (9,6 %). Ils partagent le même désir : bien vieillir et vivre chez eux, un droit consacré en 1999 par la Charte des droits de la personne âgée dépendante. Parmi les éléments du débat qui s’est ouvert, on retrouve les menaces sur la solidarité entre générations, le coût de la protection sociale et sa répartition, et l’investissement dans les infrastructures. Celui-ci est faible, l’essentiel des 150 milliards annuels étant consacré aux dépenses de fonctionnement. Or la situation suppose que soient développés ou repensés : l le logement (12,2 millions de logements pour les + de 60 ans en 2030, soit + 30 %) et l’adaptation de l’habitat. l l’organisation du système de santé (santé à domicile, centres et réseaux de santé, établissements spécialisés). l la prévention pour réduire les pathologies graves (ex : traitement de l’hypertension). l l’hygiène de vie : nutrition, activité physique, intellectuelle ou de loisirs,… En même temps que la société civile reconnaît le droit des aînés à certaines normes de consommation (logement, aide à la vie quotidienne, santé, culture,…), elle doit admettre que leurs revenus et leurs comportements d’achat sont les mêmes que ceux du reste de la population, d’où la nécessité d’un même traitement en termes de fiscalité ou d’avantages. Enfin, elle doit, par tous les moyens et notamment la prévention, s’attacher à combattre les inégalités liées à la catégorie professionnelle : à 35 ans, 7 ans d’espérance de vie en moins pour les ouvriers par rapport aux cadres. Le vieillissement ouvre ainsi un chantier gigantesque, d’autant plus complexe à mener qu’il implique tous les domaines de l’économie et qu’il touche chacun dans la société. l

Une nouvelle génération d’aînés

Les aînés actuels n’ont plus rien de commun avec ceux de 1905 ou de 1945. La fin des fléaux (famines, guerres, épidémies) a permis un allongement considérable de la vie. Nous gagnons 3 mois par an, 4 mois sans incapacité. Ces aînés vivent en couple, ont des ressources et disposent d’un patrimoine : 72 % des plus de 60 ans sont propriétaires de leur logement, d’où la volonté de rester chez soi. Ils ont accès à tout ce qu’offre la société : consommation, équipement, loisirs, culture, santé. Génération centrée sur son corps et son bien-être, ils sont demandeurs de services. Ils veulent « une pleine vie » jusqu’au bout. Leur pouvoir économique et politique

ESCP Europe Magazine N° 135 - Mars 2011

Table des matières de la publication ESCP Europe Alumni Magazine - n°135 - Mars 2011

Couverture
Zapping
Sommaire
Editorial
Personnalité du mois - François MORINIERE(87) : Partageons le sport
Focus - Où vont les médias
Itinéraires
Entretiens
Vie du réseau - Votre espace personnel sur www.escpeuropealumni.org
A lire
Évolution professionnelle - 2010 UK Careers Events : a business model that works
Voyages - Une Odyssée à travers les Amériques
École - L'institut pour l'Innovation et la Compétitivité
Fondation - 5 ans et un premier "Mur des donateurs"
Vie étudiante - Le Téléthon à ESCP Europe

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