ESCP Europe Alumni Magazine - n°135 - Mars 2011 - 32

Itinéraires

La musique au bout des doigts
Pierre de BETHMANN [87]

D.R.

P

assionné de musique, Pierre de BETHMANN est devenu pianiste. Il explique le partage qui se vit dans la salle de concert, comme une révélation… Il éprouve alors le plaisir d’une célébration que le public ressent et lui renvoie, via son écoute. Interview au cœur de la musique. D’où vous vient ce goût pour la musique ? De plusieurs facteurs, qui se sont ajoutés les uns aux autres. De la famille de ma mère d’abord, au sein de laquelle la musique tient une place importante depuis longtemps. Ma mère elle-même joue du piano depuis toujours, et son père écoutait beaucoup du jazz qui avait fait danser sa jeunesse. Il y avait prêté une attention particulière, au point de s’être réellement pris de passion pour certains grands maîtres des années 1920 à 1940. Puis d’une série de précieuses rencontres au lycée et en classes prépa, qui m’ont ouvert progressivement à la révolution des années 1940, puis aux années 1960 et ultérieures. Je n’en suis pas revenu : tout cet apprentissage chronologique s’est révélé purement initiatique, et m’a marqué au point de me sentir assez vite décalé par rapport aux goûts musicaux de la majorité de mes potes, de tous milieux d’ailleurs. Comment avez-vous évolué de mélomane à virtuose du piano ? Je ne pense pas pouvoir me considérer comme un « virtuose », en tout cas je n’en ai vraiment pas la prétention tant je mesure l’étendue de ma marge de progression technique… Pour expliquer plus simplement comment j’en suis arrivé là, je peux mentionner le fait que j’ai travaillé pendant dix-huit ans d’affilée avec le même professeur, Martine Picot, qui m’a tout appris concernant le piano, m’a forgé une très large culture de la tradition dite classique, et m’a simplement laissé découvrir, aimer et pratiquer le jazz, à ma sauce, de façon autodidacte. Avec un peu de recul maintenant, je me rends compte que l’état d’esprit avec lequel elle m’a appris la musique, à la fois très rigoureux et très ouvert, avait quelque chose d’exceptionnel, les professeurs de musique

de l’époque étant majoritairement peu enclins à accorder quelque légitimité au jazz. Après l’École et mon service militaire, j’ai quand même passé une année (que je considérais à l’époque comme sabbatique) au Berklee College of Music à Boston, où je me suis efforcé de rattraper mon retard théorique concernant ce langage musical… et où j’ai aussi passé mes soirées à faire le plus possible de sessions avec le maximum de musiciens disponibles sur place. Puis je suis revenu en France, et j’ai décidé de commencer un parcours professionnel dans le conseil en management… tout en continuant à beaucoup travailler le piano, et en commençant aussi à traîner dans les clubs le soir, là où la musique se fait à Paris. Et de fil en aiguille, j’ai pris mes marques dans ce nouveau monde qui m’a vite passionné, au point de me sentir progressivement capable d’en faire partie. Pourquoi avoir fait ESCP Europe ? J’ai le sentiment d’avoir atterri à l’École par une sorte de déterminisme un peu vague, que j’explique à la fois par le type d’environnement familial dans lequel j’ai baigné, manifestement attaché à l’excellence et à la qualité des études, par le fait qu’au sortir du baccalauréat les études de management me paraissaient constituer la meilleure forme de non-choix, et probablement aussi par le fait que l’école de la République m’avait rendu pas trop mauvais… Qu’en avez-vous retiré ? En entrant à l’École, les idées que je me faisais du monde de l’entreprise étaient tellement floues que tous les cours opérationnels que j’y ai suivis n’ont suffi à me donner la moindre idée de la façon dont je pouvais commencer à définir un choix de début de carrière. J’étais donc à la fois impressionné et un peu désorienté par les débuts de parcours résolus de la majeure partie de mes camarades de promotion, qui choisissaient leurs options et leurs stages avec une vision généralement bien affirmée de leurs intentions. Ce qui en revanche me passionnait se situait à la lisière du monde du management et d’autres domaines. Je pense notamment au cycle de cours de culture générale donné par

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ESCP Europe Magazine N° 135 - Mars 2011

Table des matières de la publication ESCP Europe Alumni Magazine - n°135 - Mars 2011

Couverture
Zapping
Sommaire
Editorial
Personnalité du mois - François MORINIERE(87) : Partageons le sport
Focus - Où vont les médias
Itinéraires
Entretiens
Vie du réseau - Votre espace personnel sur www.escpeuropealumni.org
A lire
Évolution professionnelle - 2010 UK Careers Events : a business model that works
Voyages - Une Odyssée à travers les Amériques
École - L'institut pour l'Innovation et la Compétitivité
Fondation - 5 ans et un premier "Mur des donateurs"
Vie étudiante - Le Téléthon à ESCP Europe

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