ESCP Europe Alumni Magazine - n°135 - Mars 2011 - 27

Business
Radio Émotion
Par Julien PAUCHET [95]
Que sera la radio de demain ?

A
© : RADIO FRANCE / CHRISTOPHE ABRAMOWITZ

ncien animateur (Europe 2, RTL 2…) et consultant spécialisé dans les médias, Julien est aujourd’hui Directeur Délégué à la Modernisation de Radio France. À ce titre, il a en charge le pilotage des projets transverses destinés à transformer l’entreprise pour répondre aux défis de la radio de demain, dans un environnement multi-médias. Il nous en dit plus. Au 20ème siècle la radio, c’était simple : des programmes en direct, sur la FM ou les grandes ondes. La numérisation a rendu la radio d’aujourd’hui bien plus complexe : en amont, la production des programmes par les stations est totalement numérisée, ensuite, trois millions de Français écoutent chaque jour la radio sur de nouveaux supports : ordinateurs, smartphones… L’écoute à la demande rencontre un grand succès (près de 10 millions de téléchargements par mois pour les podcasts de Radio France, par exemple). De nouvelles radios exclusivement disponibles sur Internet sont apparues, lancées par les groupes existants ou par des pure players.

Le saviez-vous ?
Radio France, c’est : - Une entreprise de service public - Le 1er groupe radiophonique français - Avec 7 radios disponibles sur tous supports (France Inter, France Info, France bleu, France Culture, France Musique, Fip et le Mouv’) - Et 13,5 millions d’auditeurs quotidiens !

À quand la RNT ?

L’avenir de la radio passe-t-il donc exclusivement par le Net et les réseaux de téléphonie ? Ce mode de diffusion permet une offre illimitée, sur des terminaux déjà largement présents dans les foyers et les poches des auditeurs. Mais au-delà des questions légitimes de capacité des réseaux, déjà saturés par le trafic de données, la diffusion sur IP est en opposition avec certains fondamentaux de la radio : la gratuité, qui permet à chacun d’écouter la radio sans abonnement à un fournisseur d’accès, mais aussi l’anonymat et son corollaire, le respect de la vie privée. Personne ne peut savoir avec certitude comment la radio sera écoutée demain, on peut toutefois imaginer qu’elle sera diffusée de manière hybride, en fonction des lieux, des terminaux et des modes de consommation : une couverture en broadcast cohabitant avec une présence sur les réseaux IP. Cette perspective pose des problèmes d’ordre financier, puisque les opérateurs radio devront supporter le coût de ces multiples canaux, dans un contexte de fragmentation des audiences qui remet en cause le modèle économique fondé sur les revenus publicitaires. Elle soulève également la question de l’extinction de l’analogique, et celle de la neutralité des réseaux.

Mais contrairement à la télévision, qui aura achevé en novembre 2011 sa transition vers la TNT, la diffusion de la radio passe encore massivement (pour plus de 43 millions d’auditeurs quotidiens) par la FM et les bons vieux transistors analogiques. Pourquoi la Radio Numérique Terrestre n’est-elle pas déjà une réalité ? La comparaison avec la TNT n’est pas pertinente : pour la télévision, il s’agissait d’équiper 1 à 2 postes par foyer d’un boîtier, ou d’inciter les Français à remplacer leur récepteur par un écran plat à décodeur intégré. Pour la radio, ce sont en moyenne 6 postes par foyer, soit près de 180 millions d’appareils qu’il faudrait remplacer. Malgré les avantages évidents que présenterait la RNT, comme l’augmentation du nombre de programmes et les possibilités d’innovation offertes par un réseau dédié à la radio, le coût de la transition apparaît trop élevé aux principaux acteurs privés du marché.

La V.A. des contenus

Le débat sur les modes de diffusion ne doit pas occulter les interrogations plus fondamentales sur l’essence même de la radio, à l’heure où chacun d’entre nous peut posséder sur son iPod l’intégralité des titres diffusés par une radio FM, alors que des services comme Deezer et Spotify mettent à la portée de tous la quasi-totalité du catalogue musical et la possibilité de constituer des radios personnalisées correspondant parfaitement à nos goûts. Ce qui distingue la radio dans cet environnement, c’est la dimension sociale et la valeur ajoutée de ses contenus : la création, le talent, la culture, le rire, le partage, la prescription, le débat d’idées, en un mot : l’émotion. La radio a un bel avenir si elle continue à transmettre cette émotion à ses auditeurs dans leur vie de tous les jours, où qu’ils soient, facilement et gratuitement. Le reste n’est qu’une question de tuyaux. l

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Table des matières de la publication ESCP Europe Alumni Magazine - n°135 - Mars 2011

Couverture
Zapping
Sommaire
Editorial
Personnalité du mois - François MORINIERE(87) : Partageons le sport
Focus - Où vont les médias
Itinéraires
Entretiens
Vie du réseau - Votre espace personnel sur www.escpeuropealumni.org
A lire
Évolution professionnelle - 2010 UK Careers Events : a business model that works
Voyages - Une Odyssée à travers les Amériques
École - L'institut pour l'Innovation et la Compétitivité
Fondation - 5 ans et un premier "Mur des donateurs"
Vie étudiante - Le Téléthon à ESCP Europe

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