ESCP Europe Alumni Magazine - n°134 - Janvier 2011 - 42

Entretiens
Agro-Alimentaire

La clef de la réussite : l’autonomie
Jean-Paul TORRIS [74]
Justement, les notions de grand groupe et de produits du terroir ne sont-elles pas contradictoires ? Quand je disais que chaque marque a son unicité et ne peut pas sembler sortir de la même main, c’est notre réalité. Je pense pouvoir affirmer que Bongrain est le seul groupe de cette taille à avoir maintenu un système de filiales autonomes et de management décentralisé. Chacune de nos filiales a les moyens d’agir. Elle manage son marketing, sa R&D, ses usines, ses ressources humaines, tout en bénéficiant de la structure d’un grand groupe à travers une mutualisation des ressources et des laboratoires centraux d’innovations fondamentales. De ce fait, les filiales ne sont pas dans la dépendance d’un centre lointain, elles n’ont pas à entrer dans une matrice. Nous avons conservé une façon de travailler « à l’ancienne », basée sur l’autonomie et l’esprit d’entrepreneur. C’est une question de savoir-faire et de passion. Chacun doit se consacrer à son produit, les gens du bleu au bleu, ceux du Maroilles au Maroilles... Le groupe est implanté un peu partout dans le monde, pourtant, les goûts et les habitudes alimentaires sont très différents selon les pays ? En effet, nous sommes présents partout, excepté en Afrique noire et en Australie, mais nous ne travaillons pas dans le sens d’une mondialisation des modes de consommation, bien au contraire. Nous proposons des produits adaptés aux spécificités de chaque marché. Partir des racines de la culture des pays et non sur la notion d’une marque mondiale fait partie intégrante des valeurs de Bongrain, c’est ce en quoi la décentralisation et l’autonomie sont nos réalités de terrain. Il s’agit de coller aux consommateurs de chaque pays, de faire du fromage à l’italienne pour les Italiens, à la chilienne pour les Chiliens. Bongrain est numéro un du marché du fromage en Allemagne. Vous y trouverez des marques connues en France, mais aussi des marques spécifiques, comme Géramont, qui propose des produits adaptés au pays, tels la pâte molle aromatisée aux herbes ou le Saint Albray au four. En Autriche, vous trouverez un fromage frais au liptauer, une herbe locale ! Servir le consommateur, c’est d’abord respecter sa culture, voilà peut-être la base de notre originalité.

D.R.

aprice des Dieux, Saint Albray, Tartare, Saint Moret, Saint Agur, Géramont (la liste serait trop longue)... sont des créations du Groupe Soparind Bongrain, leader mondial sur le marché de la fabrication et de la commercialisation de fromage, qui a également su se diversifier avec succès dans d’autres activités, dont la charcuterie (Bordeau Chesnel), les produits de la mer (Coraya), et le chocolat (Valrhona, Révillon,…). Son tour de force ? Faire entrer toutes ses nouveautés dans la tradition. Explications de Jean-Paul Torris, VicePrésident-Directeur Général Délégué de Bongrain SA et de Claude Campionnet, Directeur Général des Ressources Humaines du Groupe. Vos produits sont connus de tous. Pourtant, le nom de votre groupe l’est moins. Pourquoi ? Nos marques sont plus connues que notre groupe, en effet. Prenons l’exemple de notre Caprice des Dieux. Voilà un fromage qui a cinquante-quatre ans d’existence et qui représente le premier chiffre d’affaires de fromage en France. Il n’a aucun équivalent sur le marché. Notre caractéristique est le goût, le haut de gamme, le premium. Nous travaillons sur la notion de spécialité, sur la création unique et l’innovation, nous aimons faire entrer de suite nos produits dans la tradition. Si le nom de Bongrain résonne peu, c’est en raison d’une volonté délibérée de nous effacer devant les marques. Chacune a donc son unicité et ne peut pas sembler sortir de la même main. Qu’est-ce qu’un fromage ? Du lait, des ferments, du sel et un secret ! Le fromage est vivant, et c’est le maître fromager qui élabore son mystère. Nous travaillons donc beaucoup sur l’innovation, mais en nous appuyant sur le savoir-faire issu de traditions fromagères du monde entier, sans oublier de donner à nos produits une image de spécialité, reconnue et soutenue par des marques fortes !

Servir le

consommateur, c’est d’abord respecter sa culture, voilà peut-être la base de notre originalité.

ESCP Europe Magazine N° 134 - Janvier 2011

Table des matières de la publication ESCP Europe Alumni Magazine - n°134 - Janvier 2011

Couverture
Zapping
Sommaire
Editorial
Personnalité du mois - Marc PANDRAUD (81) : Passion to perform
Focus - Banques d’affaires et marchés
Itinéraires
Entretiens
Vie du réseau - Votre nouveau site web
A lire
Évolution professionnelle
Voyages - La raid Amazones
École - Entrepreneurialement vôtre
Fondation - La Fondation en brèves
Vie étudiante - Entrepreneurs of dreams

ESCP Europe Alumni Magazine - n°134 - Janvier 2011