ESCP Europe Alumni Magazine - n°134 - Janvier 2011 - 13

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traversé la crise. Elles soutiennent la croissance de façon efficace et la force du modèle français est exceptionnelle. Avouons, en revanche, que l’image des banques s’est dégradée. Elles ne sont pas suffisamment aimées de leurs concitoyens et notre tâche est d’y remédier. La DB s’y attèle car le renforcement de la réglementation est une chose mais aimer sa banque en est une autre, peut-être encore plus importante. Il faut arrêter de diaboliser les banques et recréer du lien social, donc de la confiance, entre la banque et ses clients. Je voudrais rajouter enfin qu’il est également essentiel d’encourager et de stimuler le dialogue entre les acteurs de la profession : au niveau européen, par exemple, pour convaincre les régulateurs du bien fondé ou non de certaines mesures. L’intérêt collectif doit primer sur l’intérêt individuel. Jacques de Larosière, ancien Directeur Général du FMI, a largement inspiré la nouvelle architecture de supervision européenne en renforçant le dialogue, la transparence et le contrôle. Comment réguler le système sans l’anesthésier ou provoquer une émigration des capitaux vers l’Asie ? Si vous imposez des réglementations trop dures aux institutions financières, la rentabilité de leurs fonds propres va se dégrader. Deux possibilités s’offrent alors pour la rétablir : soit une réduction des bilans en prêtant moins alors que l’économie a besoin qu’on prête pour soutenir la croissance, soit une augmentation de la taille des fonds propres mais alors leur rémunération va être réduite et vous n’intéressez plus les investisseurs. La solution paraît donc être, dans un contexte de réglementations forcément renforcé, que des délais suffisants soient accordés pour que les acteurs puissent s’adapter. Ainsi le dynamisme et la mutualisation des efforts permettront d’éviter la multiplication des effets pervers qui aurait des effets très contraignants sur la croissance. Que pensez-vous du rôle joué par les agences de notation ? Ont-elles tendance à amplifier les mouvements à la hausse ou à la baisse des marchés financiers ? Ces agences font leur métier sérieusement par le biais de leur communication mais elles ont parfois mal estimé l’impact de leurs recommandations sur les marchés. Le cours de l’action de Merryll Lynch, par exemple, lorsque j’y travaillais, est passé de 100 à 3 ! La capacité de la banque de lever des fonds propres en actions pour
D.R.

Nous sommes au niveau mondial l’une des 5 premières banques d’Investissement et de financement.

contrebalancer la taille de ses actifs à risques était alors rendue impossible. Cela eut un effet de spirale dramatique. Telle ou telle recommandation de leur part peut, en effet, contribuer à créer un risque systémique et la situation peut alors se dégrader au-delà de ce qu’elle aurait dû être. La communication est encore amplifiée avec les nouvelles technologies puisqu’elles entraînent l’immédiateté des échanges de l’information où que vous vous trouviez. Je rajouterai que, normalement, les agences donnent des avis sur des produits de dettes et sur la solidité d’une entreprise mais ne s’expriment pas sur la qualité d’une action. Avec la crise, quand les agences se sont rendu compte que certaines banques avaient des bilans à risque, elles ont bien entendu communiqué, mais en le faisant, elles ont envoyé des messages de mise en garde qui ont paniqué les marchés et fait chuter la valeur des actions concernées. Les hedge funds ont su en profiter… Le G20 a justement souligné l’importance de mieux les intégrer dans les réflexions sur les « nouvelles règlementations ». Arrivera t-on un jour à contrôler les banques ? J’estime que les activités des banques sont déjà bien contrôlées. Les contrôles de la Banque de France sont rigoureux. Avec la crise, on sent poindre cependant l’émergence de réponses nationales, et ce n’est pas une bonne chose. Nos banques opèrent aujourd’hui dans un contexte global. Il faudrait donc un superviseur local pour chaque institution et une coor-

conseil à donner à ses clients est de ne pas se précipiter et de prendre son temps.

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