ESCP Europe Alumni Magazine - n°134 - Janvier 2011 - 12

Personnalité du mois
Sur quelles grosses opérations avezvous travaillé récemment ? Je vais plutôt vous parler des opérations dont je suis le plus fier. C’est par exemple le conseil que j’ai donné à Total sur Fina. J’en suis fier car je pense que c’était une opération importante, très importante pour Total et qui avait été initialement très mal comprise par les marchés. Nous avons pu collectivement redresser la barre. Mais, à titre personnel, j’en suis d’autant plus fier car, suite à cette opération, ce sont mes clients « Total » qui m’ont rappelé pour racheter Elf. La reconnaissance existe donc et cela m’a beaucoup touché. Puis, le réseau aidant, c’est grâce à Total que je suis devenu le conseiller stratégique de Sanofi lors du rachat d’Aventis. Le fil conducteur pour moi est de toujours donner satisfaction à votre client qui a alors envie de continuer à travailler avec vous. La 2ème opération dont je suis fier est Arcelor. J’étais conseiller d’Usinor depuis des années lors de l’introduction en bourse d’Usinor puis lors de la création d’Arcelor. J’ai accompagné sa recréation dans Arcelor Mittal. Cette société que j’ai aidée à se transformer et dont la vie n’est pas terminée, est l’illustration que des liens de fidélité et d’amitié se sont créés. La 3ème opération dont je suis fier est Alstom. Francis Mer alors ministre des Finances, m’a appelé un été pour assister l’État dans la restructuration financière d’Alstom. Ce mandat représentait pour moi de gros risques personnels car il s’agissait de la survie de l’entreprise. De plus, c’est sans doute le mandat pour lequel j’ai été le plus mal payé… J’ai quand même voulu être partie prenante, parce que je considérais qu’en étant même employé d’une entreprise, à l’époque américaine, nous restons des citoyens de notre pays et que nous nous devions d’aider la collectivité dans la mesure de nos compétences. N’avez-vous pas l’impression que les entreprises n’ont jamais eu autant de cash et que les M&A vont connaître une reprise importante ? De quelle façon et dans quels secteurs ? Les valeurs d’entreprises, même s’il y a encore beaucoup de volatilité sur les valorisations, commencent à rentrer dans des zones d’équilibre et les marchés actions vont continuer j’espère à s’apprécier dans les deux à trois ans. Aujourd’hui, les investisseurs et les marchés financiers, en général, souhaitent que les entreprises aient des projets et de l’ambition. Le fait que le marché ait été très atone pendant la crise fait que l’ensemble des acteurs, les avocats, les banquiers, les investisseurs se sont ennuyés, et aujourd’hui, les M&A reprennent. Pour autant, les volumes sont plus faibles qu’auparavant, et les opérations de nature domestique nécessairement plus faciles tendent à se raréfier. Les M&A sont européennes ou mondiales. Un des facteurs nouveaux de nos métiers est le développement des marchés émergents avec des Fusac plus complexes. En effet, certaines économies ne sont pas suffisamment ouvertes ; il est difficile d’acquérir la majorité du capital des entreprises dans un certain nombre de géographies et dans certaines autres, le capital est détenu par des familles. Quel est votre rôle en tant que Conseil ? Même si les bilans sont aujourd’hui assainis, le marché a toujours été ouvert pour les entreprises françaises, bien positionnées, pour faire des acquisitions. La difficulté de valorisation relative et l’incertitude générale qui entouraient les économies font que la prudence a régné et je pense qu’elle va demeurer. Le rôle d’un bon conseiller est donc d’aider ses clients à garder un minimum de prudence car aujourd’hui, on est revenu dans un climat un peu euphorique et le meilleur conseil à donner est souvent de ne pas se précipiter et de prendre son temps. Que pensez-vous des décisions prises en matière de réglementation ? Deux ans après la faillite de Lehman Brothers, les régulateurs financiers de la planète (les sages du comité de Bâle) ont proposé en septembre dernier une nouvelle réglementation concernant la solvabilité et la liquidité du système bancaire international. L’objectif est de renforcer la solidité des banques par l’augmentation de leurs fonds propres pour garantir les crédits. Les institutions auraient jusqu’en 2019 pour s’aligner. La DB a, par exemple, traversé la crise de manière extrêmement solide. Elle a cependant procédé à une augmentation de capital de 10,2 milliards d’euros, en octobre dernier, à la fois pour financer le rachat de Postbank et consolider ses fonds propres pour satisfaire aux exigences indiquées ci-dessus, en termes de capitaux prudentiels. Cette opération lui donne également un coussin de flexibilité supplémentaire pour le développement de ses affaires. À l’instar de Christian Noyer (le gouverneur de la Banque de France), je dénonce cependant le moral hazard. Cela veut dire qu’il me paraît injuste de punir les institutions qui ne le méritent pas. Il faudrait faire du cas par cas car leur rajouter des contraintes par une rigidité réglementaire exacerbée peut vite devenir un frein à leur activité. Ce fut le cas des banques françaises à qui l’aide de l’État a été fortement suggérée alors qu’elles ont très bien

Questionnaire de Proust :
Avez-vous un défaut que vous aimeriez corriger ? La cyclothymie Quelle est la plus grande qualité que vous appréciez chez les autres ? La modestie Quels sont vos centres d’intérêt autres que le travail ? Ma famille, l’autisme Quel genre de lecture appréciez-vous ? Les romans policiers À quelle autre époque de l’Histoire auriez-vous aimé vivre ? L’immédiat après-guerre Quel message écririezvous sur une page blanche à l’adresse des jeunes d’aujourd’hui ? Soyez heureux en vous connaissant vous-même ! Allez au bout de vos ambitions.

ESCP Europe Magazine N° 134 - Janvier 2011

Table des matières de la publication ESCP Europe Alumni Magazine - n°134 - Janvier 2011

Couverture
Zapping
Sommaire
Editorial
Personnalité du mois - Marc PANDRAUD (81) : Passion to perform
Focus - Banques d’affaires et marchés
Itinéraires
Entretiens
Vie du réseau - Votre nouveau site web
A lire
Évolution professionnelle
Voyages - La raid Amazones
École - Entrepreneurialement vôtre
Fondation - La Fondation en brèves
Vie étudiante - Entrepreneurs of dreams

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