ESCP Europe Alumni Magazine - n°133 - Novembre 2010 - 26

Focus

repreneur d’entreprises
Nicolas MENDIHARAT [94]
Comment se sont passées les relations avec les banques pour le financement de l’acquisition mais aussi pour le développement car il faut souvent investir ? Les relations sont difficiles pour 2 raisons principales : - Lorsque vous faites une acquisition de taille moyenne, l’information financière à disposition et les business plans sont souvent limités. Or, le niveau d’exigence d’un banquier ou d’un financier pour financer quelque chose qui existe déjà est plus important qu’un business plan simple, alors même qu’il est d’autant plus compliqué de construire un business plan commun lorsqu’il s’agit d’une fusion à partir de 2 boîtes ! - Le timing : vous avez besoin d’argent et de boucler rapidement le deal pour faire ressortir les économies et diverses optimisations. Les financiers sachant par expérience que 1+1 = 2 ou 3, ce n’est pas gagné d’avance et ils font traîner. La règle fondamentale lors d’une reprise d’entreprise est de savoir que l’investissement s’arrête rarement à l’acquisition elle-même. Il faut impérativement estimer les coûts ou investissements suivants complémentaires : restructuration, licenciements éventuels, etc. Parlez-nous de quelques reprises récentes que vous avez effectuées ? Les reprises se passent rarement comme prévu : en 2007, j’ai fait l’acquisition de 2 sociétés pure player dans notre secteur de réservations de séjours online. Les 2 sociétés étaient en croissance de 40 % l’année d’acquisition et nous tablions sur une croissance de 30 % pour chacune des 2 activités sur l’exercice après la reprise. La 1ère s’avérait facile à intégrer et sans risque particulier car c’est le même métier que le nôtre et la 2ème était plus une niche dans la niche (réservation de location de matériel de ski), donc plus difficile théoriquement à intégrer. Faisant l’intégration sur nos systèmes de la 1ère, nous avons sousestimé l’impact de la baisse des référencements dans les moteurs de recherche et les résultats ont été de -10 % par rapport aux 25 % attendus ! La 2ème société, en revanche, a profité du mix clientèle sur les différents marchés où nous étions présents et a accéléré sa croissance pour finir à + 60 %. Cela signifie que, même quand on travaille dans un secteur que l’on connaît bien, on peut toujours avoir des surprises, bonnes ou mauvaises lors de reprises d’entreprises. l Propos recueillis par Nicole Gérald

D.R.

ondateur et PDG du groupe Travelhorizon, c’est dans ce cadre que Nicolas a repris la plupart des sociétés citées dans cette interview. La relation entre les deux patrons concernés est essentielle à l’aboutissement de tout deal de reprise d’entreprise. Quels secteurs ont la cote auprès des repreneurs ? Tous les secteurs sont intéressants en ce moment pour 2 raisons transversales : - Le vieillissement de la population fait que beaucoup de chefs d’entreprises ne trouvent pas de repreneurs, une situation qui crée des opportunités là où on ne les attend pas ; - La financiarisation de l’économie : le Private Equity dans toutes ses formes, avec de la dette ou non, a beaucoup progressé, facilitant les reprises.

3 choses avant d’aborder la reprise : connaissance du secteur, réseaux financiers, réseaux d’intermédiaires.

Il faut réunir

Comment se passe le rapprochement entre l’acquéreur et le cédant ? N’y a t-il pas souvent un manque d’adéquation ? Dans les 10 acquisitions ou reventes que j’ai réalisées, la majorité des rapprochements se sont faits par relation ou par approche directe entre dirigeants parce que ce sont des deals de petite taille (1 à 10 M€). Au-dessus, ce sont souvent les cabinets spécialisés ou banques d’affaires en M&A qui initient les rapprochements. Le marché de la reprise se professionnalise. Comment structurer sa démarche ? Selon la taille de son projet, selon qu’on se situe en reprise ou cession et selon le secteur dans lequel on évolue, il y a des clubs, des associations, des financiers de tous bords. Je conseillerai de réunir 3 choses avant d’aborder la reprise : connaissance du secteur, réseaux financiers (private Equity/Banques), réseaux d’intermédiaires. Avoir une taille d’objectif correspondant à ses capacités/ moyens est important également et n’est pas forcément connecté à son propre compte en banque. Et aussi, se faire accompagner si nécessaire.

ESCP Europe Magazine N° 133 - Novembre 2010

Table des matières de la publication ESCP Europe Alumni Magazine - n°133 - Novembre 2010

Couverture
Zapping
Sommaire
Editorial
Personnalité du mois - James BLOUZARD (92)
Focus - De l’audace, toujours de l’audace
Itinéraires
Entretiens
Vie du réseau
Évolution professionnelle
Voyages - Invitation au voyage
A lire
École - Entrepreneurialement vôtre
Fondation
Vie étudiante

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