ESCP Europe Alumni Magazine - n°132 - Septembre 2010 - 17

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née 2010. En bref, les deux nations sont tributaires l’une de l’autre tout comme l’Europe est tributaire de la coopération franco-allemande. Si l’Europe veut conserver sa voix face à la Chine et aux États-Unis, les deux pays doivent parler à l´unisson de manière à être en mesure de tirer la locomotive européenne. Le tandem franco-allemand doit assumer une fonction de responsabilité partagée en Europe. Au niveau politique, comme au niveau économique.

L’union fait la force

22 janvier 1963 : Charles de Gaulle et Konrad Adenauer signent le Traité de l’Elysée.

Si l’Europe

veut conserver sa voix face à la Chine et aux États-Unis, les deux pays doivent parler à l’unisson.

suprématie sur l´Échiquier politique mondial. En s’unifiant une fois la menace soviétique disparue, l’Allemagne est sortie de sa dépendance à l’égard de la France et redevenue un État souverain. La nouvelle génération d’hommes politiques, en Allemagne comme en France, nés après la seconde guerre mondiale, a certes pris acte du fait que les relations franco-allemandes ne peuvent et ne seront plus jamais les mêmes. Mais faute de décryptage suffisant de la réalité de l’autre, notamment de la part de nos élites, le fossé n´est pas prêt de se combler. « Entre germanophobie de tradition et germanophilie de principe, explique le germaniste Jean-François Tournadre, le discours français sur l’Allemagne navigue de préjugés en partis pris, le postulat du lien conjugal dissimulant mal les vieilles hantises, les prières édifiantes n’enseignant pas la compréhension ». Les perceptions étant faites de culture, d’histoire, de systèmes de valeurs, voire d’émotions, elles sont forcément subjectives. La perception des intérêts de chacun ne peut donc être que partielle, partiale et relative, et explique le décalage des opinions publiques de ces derniers mois.

D’autant que ce sont toutes ces différences qui nous rendent complémentaires et qui font notre force et notre richesse. Les nombreux exemples de coopération franco-allemande sur le terrain le prouvent. Certes, les modèles phares comme EADS et Airbus sont restés une minorité, voire ont parfois un effet repoussoir. C’est pourtant grâce à l’esprit visionnaire de plusieurs ingénieurs et hommes politiques européens qu’aujourd’hui l’Europe a un groupe puissant qui tient tête à Boeing. S’ils n’avaient mis en commun leur savoir-faire et expertise, l’industrie européenne aéronautique courait le risque, comme l’histoire l’a prouvé, dans de nombreux autres secteurs industriels, d’être rayés à jamais du marché.

Des PME gagnantes

De nombreuses PME ont su aussi tirer partie des complémentarités des deux cultures pour constituer des entreprises performantes dans leur domaine. L’Allemagne, ne l’oublions pas, est encore aujourd’hui le partenaire économique le plus important de la France et vice versa. On compte quelque 2 500 entreprises allemandes en France et 2 200 entreprises françaises en Allemagne. Le nombre d’employés dans ces entreprises est estimé à plus de 500 000. Cela ne veut pas dire que les frictions n’existent pas comme elles existent dans toute structure, quelle que soit la nationalité.

Allons de l’avant !

Une responsabilité partagée

Pourtant l’avenir de l’Union européenne, plus encore qu’hier, dépend de la compréhension et de la coopération entre Français et Allemands. Si nous ne réussissons pas à regarder ensemble vers l’avenir, alors l’Europe ne pourra que difficilement conserver sa place sur la scène mondiale ne cesse de plaider le président de l’Europe, Herman Van Rompuy depuis son entrée en scène au début de l’an-

Cessons ainsi ces éternels complexes d´infériorité réciproque qui se reflètent au final par une méfiance des uns vis-à-vis des autres. Quand un Allemand débarque en France, on y voit l’impérialisme allemand à l’œuvre. Son fonctionnement y est certes différent des méthodes auxquelles les Français sont habitués mais il apporte un autre regard, une autre façon de voir les choses et de travailler, de nouvelles grilles de lecture qui ne peuvent qu’être positives si on est capable de les comprendre et de s’approprier ce qui peut perfectionner son propre mode de fonctionnement. « Il faut réapprendre à considérer ce qui nous sépare pour en tirer des motivations génératrices d’actions communes », estime le sociologue Wolf Lepenies. L’avenir de l’Europe est à ce prix ! l

ESCP Europe Magazine N° 132 - Septembre 2010

Table des matières de la publication ESCP Europe Alumni Magazine - n°132 - Septembre 2010

Couverture
Zapping
Sommaire
Editorial
Personnalité du mois - Britt ECKELMANN
Focus - La symphonie allemande
Itinéraires
Entretiens
Vie du réseau
Évolution professionnelle
Voyages - Le rallye des gazelles
A lire
École - Meet ESCP Europe Entrepreneurs
Fondation
Vie étudiante

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