ESCP Europe Alumni Magazine - n°131 - Juillet 2010 - 37

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D.R.

lotte, tout sourire et dents dehors, et puis Ethan mon petit garçon, authentique sportif dans l’âme. Ce sera un beau souvenir pour nous 2. Il m’interpelle « Daddy ! »… Tout tourne au ralenti, sauf mes jambes. J’essaye de voir plus loin, ma femme, ma fille… c’est déjà trop tard, car à 5 km de l’arrivée, je ne m’appartiens plus trop, et j’ai un objectif…

Médaille au cou...

Si tu veux changer ta vie, cours un marathon.

qualificative pour les championnats de France de marathon de ma catégorie avant leur suppression. Décider, c’est faire des sacrifices, alors je me résous à la sagesse, deuil des 3 h. Je réduis ma cadence… et ça marche ! Je saisis alors les mystères du dur entraînement que j’ai suivi. Car contrairement à mon travers usuel, j’ai la quasi certitude d’arriver à maintenir ce rythme jusqu’au terme du parcours. 3h05 soit près de 7min de mieux que mon record personnel, ne serait pas une victoire galvaudée, me dis-je.

C’est sur ces considérations glorieuses qu’arrive LE km… 37,2 -le matin, forcément. C’est le point de rassemblement du groupe des quelques 70 supporters qui sont venus répondre à l’appel des Williams, et des coureurs. Femmes, enfants, voisins, amis. Ils seront à mes côtés dans quelques minutes à peine… « Faîtes du bruit ! » pensai-je. Cinq ans que j’attends ce grand moment… J’en ai presque les larmes aux yeux. Au loin, le groupe se dessine dans une large courbe où je perçois les ballons roses et verts de l’association, et un guetteur chargé sans doute d’avertir le groupe. Tout se passe très vite… Et je décide sans m’arrêter de me rapprocher de la foule, et de venir toper les mains qui se présentent à moi. Celle d’Hervé -ma bête noire au tennis- celuilà même qui proposait de venir carabine à la main pour m’achever au 37ème km… « Mais non, tu vois, Hervé, je ne suis pas mort ! ». Puis la main d’Éric, la petite bouille de Char-

Du soutien

L’avenue Foch se profile à la sortie du bois. Je suis le dauphin de la porte Dauphine ! Le 42ème km… J’accélère sans aucun souci, j’harangue la foule impressionnante massée sur la place qui précède les derniers mètres. La réponse dépasse mes propres espérances. Je me sens pousser des ailes sous les vivas du public qui scande mon nom qu’il aperçoit sur mon dossard. Ma montre indique 3h04 et des brouettes… Un dernier coup de reins et c’est le bonheur, un ange passe, j’y suis ! 3h04 et 41 sec. Vermoulu, mais pas trop… Je souris, et je suis saisi à la gorge par l’émotion de toutes ces images qui défilent dans mon imaginaire : la bestialité de Madrid, la chute dans le parc du Retiro, et l’aide des coureurs à 700 m de l’arrivée, la magnificence de la porte de Brandebourg et les Bretzels de l’after Berlinois, Turin, le soleil, les Alpes, et ma chevauchée si belle, si imbécile, mais si héroïque, Londres, mon chemin de croix, mes pieds en sang, mes rendez-vous ratés… et 3h12 pourtant. Paris, c’est donc 8 min de mieux, écart que je juge vertigineux. D’autant qu’au final, je suis plutôt en forme après plus de 3h de course, et une nuit de sommeil à peine plus longue… Je déploie un large sourire. Le travail a payé, et c’est là l’essentiel. Désormais, ce sont plus que les 15 sec de gloire Warholienne qui m’attendent. L’heure de la ripaille est venue. Exit la diète liquide et « glycogènée » ! Bonjour graisses animales et substances alcoolisées. D’ailleurs, j’ai aussi programmé un rendez-vous avec un paquet de Doritos et un groupe de crocos Haribo. Je remonte l’avenue Foch vers l’Arc de Triomphe médaille au cou… 5 ans, 5 marathons, 5 campus, 5 000 € pour financer la recherche et aider les familles, mais aussi et surtout un amas fantastique d’aventures, de rencontres, d’amitiés, et de personnalités fabuleuses d’humanité, de gentillesse et d’énergie. Me reste en tête le sourire de Chloé, ma nièce, atteinte du syndrome, et le mot d’encouragement de ses parents à quelques jours de l’épreuve. « Si tu veux changer ta vie, cours un marathon » disait Zatopek. Chloé, ma petite chérie, en ce 11 avril, tu as changé la vie de près de 60 personnes ! Tout comme tu as changé celle de ton oncle il y a plus de 5 ans. l

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Table des matières de la publication ESCP Europe Alumni Magazine - n°131 - Juillet 2010

Couverture
Zapping
Sommaire
Editorial
Personnalité du mois - Lindsey NEFESH CLARKE
Focus - Hors des sentiers battus
Itinéraires
Entretiens - Banque
Vie du réseau
Évolution professionnelle
À lire
Voyages
École - When the ICP¨becomes a reality
Fondation
Vie étudiante
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