ESCP Europe Alumni Magazine - n°131 - Juillet 2010 - 23

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D.R.

combien incertaine et difficile de l’art lyrique, décision également personnelle contre un père qui depuis n’a jamais assisté à un seul de mes concerts…

Un métier précaire mais captivant

Il faut juger de son succès pour ce qu’on a dû sacrifier pour l’obtenir.

«

Pour ceux qui

ont la chance et le courage de la comprendre, la vie ramène toujours à ce pourquoi on est fait.

mais il m’a poussée à faire 7 ans de colonies de vacances pour la magie des canons entonnés autour du feu lors des veillées ! À la chorale, vu mon enthousiasme et mon euphorie, on me plaçait toujours derrière parce que je chantais trop fort… Ce qui fait qu’au moment de prendre mes premiers cours de chant à 16 ans au Conservatoire Serge Rachmaninov à Paris, avec Tania Gedda (fille du grand Nicolaï), la voix d’opéra était déjà placée, et peutêtre ma « voie » déjà tracée ?

Quel saut dans le vide, mais quelle réalisation personnelle ! À partir de 2000, j’ai dû repartir à zéro, dans le cadre d’une « reconversion professionnelle » : travailler d’arrache-pied la technique, obtenir un diplôme (École Normale de Musique de Paris) tout en essayant de survivre financièrement, faire des stages (qu’on appelle dans notre jargon master-class) auprès de professeurs réputés, passer des centaines d’auditions (qui sont comme autant d’entretiens d’embauche, mais pour le coup, régulièrement !), me créer un réseau, trouver un agent artistique (aujourd’hui l’agence internationale MusicaGlotz), jusqu’à obtenir enfin le contrat en or qui lance (rôle de Dolorès de Jolivet à l’Opéra de Rennes en 2007, retransmis sur France-Musique) et le fameux statut d’intermittent qui apporte la reconnaissance du métier. Jusqu’à l’enregistrement de mon 1er disque « Mozart Arias » (Passavant Music) avec l’Orchestre Philarmonique de Constance en Allemagne, récemment primé Orphée d’Or du meilleur enregistrement Mozart 2009 par l’Académie internationale du Disque Lyrique présidée par Pierre Bergé et le bien connu critique musical Clym.

Franchir le pas et vivre de sa passion

Le chant dans la peau

»

Paulo Coelho

En parallèle à l’École et Sciences Po, je n’ai eu de cesse de prendre des cours de chant : à Oxford, à Londres, à Madrid puis à Paris de nouveau. Le chant faisait partie de ma vie, mais comme tout étudiant qui s’adonne à des activités hors-cursus, je pensais que c’était strictement de l’ordre du loisir et n’avais pas compris à quel point il véhiculait et faisait résonner en moi des valeurs humaines fondamentales : empathie et respect d’autrui, générosité et échange, expression des sentiments, aspiration aux valeurs spirituelles de l’être. À tel point que la question s’est ainsi brutalement posée quand j’ai assisté au Concours des Voix Nouvelles 1999 donné à l’OpéraComique, juste en face (un hasard ?) de mon bureau : « Soit les ordres, soit le chant ! ». Sur quoi je passe ma première audition au Théâtre des Champs-Elysées et suis prise, devant 200 autres sopranos aguerries… Ultime signe qui m’a décidé à me lancer dans la carrière ô

Combien de fois ai-je failli tout abandonner, en me disant que le « temps d’essai » que je m’étais imparti était dépassé. Je me rappelais alors cette trader rencontrée en salle des marchés lors d’un stage à la City, qui m’avait avoué le seul grand regret de sa vie : n’avoir jamais osé franchir le pas et vivre de sa passion… le chant ! D’aucun disent qu’il faut juger de son succès par ce qu’on a dû sacrifier pour l’obtenir… Pourtant, ce n’est pas uniquement le talent qui me permet aujourd’hui d’être reconnue et de vivre en tant qu’artiste, mais, et j’en suis très fière, également les capacités relationnelles et organisationnelles développées lors de mes précédentes études. Organisation du travail et résilience, capacités à se présenter et à communiquer en public (le fameux « trac » de la scène), pratique des langues et informatique (gestion de mon site www. geraldinecasey.book.fr) entre autres, sont des atouts précieux dont je me sers constamment dans mon métier. Au bout du compte, le pas n’était-il pas évident ? Je le referais sans aucun doute et je souhaite, quand le moment sera venu, pouvoir encourager et accompagner des vocations naissantes. l 23

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Table des matières de la publication ESCP Europe Alumni Magazine - n°131 - Juillet 2010

Couverture
Zapping
Sommaire
Editorial
Personnalité du mois - Lindsey NEFESH CLARKE
Focus - Hors des sentiers battus
Itinéraires
Entretiens - Banque
Vie du réseau
Évolution professionnelle
À lire
Voyages
École - When the ICP¨becomes a reality
Fondation
Vie étudiante

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