ESCP Europe Alumni Magazine - n°131 - Juillet 2010 - 14

Focus

Un art cosmique
Jean-Claude VAN BLIME [56]

e la curiosité, de l’incompréhension, de l’admiration, tels sont quelquesuns des sentiments ressentis quand on regarde les toiles de Jean-Claude : elles interpellent mais ne laissent jamais indifférents. Jean-Claude, vous exposez avec des artistes contemporains comme Skoda, Soulages ou Degottex, et vous allez être présent dans des Musées nationaux. Pourquoi avoir choisi de faire l’École pour devenir peintre et non pas les Beaux Arts ou les Arts Décoratifs ? Quand je suis entré à l’École, je n’avais aucune vocation artistique. Par contre, j’y ai trouvé tout ce que je recherchais à l’époque, en particulier cette formation de base sur toutes les facettes de la vie économique. Encore aujourd’hui, lorsque je discute avec mes avocats ou mon expert-comptable, je sais poser la bonne question et surtout obtenir la bonne réponse. Avec le recul, il me parait évident que sans l’ESCP je n’aurais pas pu accéder au poste de président d’une multinationale… mais j’aurais pu être peintre ! Alors, à quel moment de votre histoire professionnelle, que ce soit à l’École ou comme président et créateur de Neutrogena en Europe, avez-vous pressenti que vous alliez évoluer vers une carrière artistique ? Quand j’étais président de Neutrogena, j’avais inventé, pour positionner la crème pour les mains, un concept fort : « La crème des mains

des pêcheurs de l’Arctique ». Pour illustrer ce concept, je me suis appuyé sur une communication visuelle entièrement axée sur le produit, et sur sa pureté dans un environnement aquatique ou glacé. Cette idée a été reprise depuis par d’autres marques, mais Neutrogena en a eu la primeur. Ces campagnes européennes nous ont permis d’obtenir de nombreux Oscars de la publicité, et, à cette époque, j’ai pensé que j’avais peut-être quelques qualités pour faire passer un message. Mais c’est l’achat d’une maison sur le bassin de Honfleur, avec la possibilité d’installer au rez-de-chaussée une galerie d’art qui est aussi mon atelier -Le Divan Bleu- qui a été ensuite déterminant. Les critiques d’art disent de vous que vous vous êtes réapproprié les différents courants de l’art abstrait pour construire une œuvre originale qu’ils qualifient aussi de « cosmique » : quelles sont vos sources d’inspiration ? Je ne fais partie d’aucune école et je ne cherche ni à plaire, ni à suivre une mode quelconque. Ma source d’inspiration est essentiellement la musique. J’essaie de la traduire par une peinture qui ne peut qu’être abstraite, de ce fait, mais qui est aussi, comme la musique elle-même, très variée. Je me ressens comme un chef d’orchestre qui recherche la note juste à travers le mariage des pigments et des huiles et je vis ainsi des instants de grand bonheur car, pour moi, créer c’est participer à la magie du temps et expérimenter une force réelle. Quels messages transmettez-vous à travers votre peinture ? J’espère être capable de transmettre cette joie et cette force à ceux qui regardent et qui aiment mes tableaux, ce qui n’est évidemment pas automatique. J’écoute aussi beaucoup et j’aime dialoguer avec les personnes qui entrent dans mon atelier, ce qui m’a permis de constater qu’une émotion esthétique partagée est très fréquemment le prélude à une authentique création. Comment vous êtes-vous fait connaître ? Grâce en particulier à mon installation à Honfleur. J’ai eu la chance de recevoir de grands amateurs et aussi d’être soutenu par des critiques d’art de renom, comme Christine BuciGlucksmann, Gérard-Georges Lemaire ou Pascale Lismonde. C’est enfin grâce à l’influence d’un peintre comme Zao Wou Ki que j’ai pu représenter la peinture française en 2004 à la Villa médicis à Rome sur le thème du bleu de Klein. Mais je reconnais que mon parcours a été largement facilité par tout le relationnel acquis au cours de ma carrière : de ce point de vue, ma formation ESCP et mon expérience professionnelle m’ont été très utiles. l

Une émotion

esthétique partagée est souvent le prélude à une authentique création.

D.R.

Propos recueillis par Nicole Gérald

ESCP Europe Magazine N° 131 - Juillet 2010

Table des matières de la publication ESCP Europe Alumni Magazine - n°131 - Juillet 2010

Couverture
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Sommaire
Editorial
Personnalité du mois - Lindsey NEFESH CLARKE
Focus - Hors des sentiers battus
Itinéraires
Entretiens - Banque
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Évolution professionnelle
À lire
Voyages
École - When the ICP¨becomes a reality
Fondation
Vie étudiante

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