ESCP Europe Alumni Magazine - n°131 - Juillet 2010 - 11

Business
L’avenir est grand ouvert. Le social business pourrait sans doute rendre meilleur le monde dans lequel nous vivons en apportant plus de justice sociale mais il faut que les investisseurs le décident. S’ils choisissent d’opter pour ce type de société, ils savent qu’ils récupéreront leur mise mais n’auront pas droit au versement de dividendes, les profits étant réinvestis dans l’entreprise. Il en va donc de leur volonté et personne ne peut le leur imposer. Aux Nations Unies, en 2000, les dirigeants mondiaux ont adopté, entre autres propositions, un objectif historique de réduction de moitié de la pauvreté mondiale d’ici 2015. On sait aujourd’hui après la crise financière que nous n’arriverons pas à atteindre cet objectif et il est estimé que 53 millions de personnes de plus vivront dans une pauvreté extrême en 2015 à cause de la crise financière. Je ne dis pas que le social business est la seule solution mais des initiatives de social business peuvent contribuer à lutter efficacement contre la pauvreté. En tout cas, je pense qu’il est important et même indispensable d’aider les déshérités à sortir de la pauvreté au plus vite. Penses-tu que l’exclusion et la pauvreté sont le terreau de tous les extrémismes ? En tout cas, ils y contribuent fortement. La paix est en effet menacée par l’injustice économique, sociale et politique, par l’absence de démocratie, par la dégradation de l’environnement et par l’absence de droits de l’Homme... Les frustrations, l’hostilité et la colère provoquées par une pauvreté abjecte la menacent dans toute société. Pour construire une paix durable, nous devons permettre aux gens de mener une vie décente. En quoi le social est une vraie priorité selon toi ? L’économie sociale est aujourd’hui considérée comme l’une des voies possibles pour construire un autre monde, à la fois plus libre et plus solidaire. Cette économie vise au développement et à l’émancipation de la personne humaine. Dans le domaine économique, l’économie sociale s’appuie sur les valeurs d’autonomie, de volontariat, d’égalité et de solidarité. Elle devrait permettre, grâce à quelques millions de dollars, à des hommes et à des femmes, de redevenir acteurs de leur propre destin. Elle s’adresse, en effet, à des millions d’exclus qui ont envie de s’en sortir et de prendre leur destin en mains. D’autre part, l’entreprise, comme lieu de socialisation, rétablit les liens et surtout le lien social. En étant efficace et humaniste en entreprise, en respectant l’autre et en développant la communication, l’entreprise
D.R.

C’est pour moi un réel plaisir que de voir des enfants démunis reprendre goût à la vie.

fera mieux comprendre ses enjeux et l’ambiance de travail n’en sera que meilleure. Malgré les difficultés, restes-tu, comme Muhammad Yunus, profondément optimiste par rapport à l’évolution du monde ? Je crois que c’est un devoir que de l’être. Il faut soutenir et encourager toutes les actions imaginables pour aider à lutter contre la pauvreté, et ne surtout pas désespérer. Il faut continuer à promouvoir la microfinance et le microcrédit en particulier. Ce que nous voulons et comment nous voulons l’obtenir dépend de nos mentalités. Il est extrêmement difficile de les changer si elles sont fermées. Nous créons le monde en fonction de notre état d’esprit. Je suis persuadée que nous pouvons créer un monde sans pauvreté si nous y croyons collectivement. Et j’insiste sur le fait que les politiques doivent être axées sur

Essor du microcrédit dans le monde*
1997 CLIENTS PRÊTS NOMBRE D’INSTITUTIONS 13 millions 1 milliard 618 2007 155 millions 20 milliards 3 552

* source : Adie (Association pour le droit à l’initiative économique)

ESCP Europe Magazine N° 131 - Juillet 2010

Table des matières de la publication ESCP Europe Alumni Magazine - n°131 - Juillet 2010

Couverture
Zapping
Sommaire
Editorial
Personnalité du mois - Lindsey NEFESH CLARKE
Focus - Hors des sentiers battus
Itinéraires
Entretiens - Banque
Vie du réseau
Évolution professionnelle
À lire
Voyages
École - When the ICP¨becomes a reality
Fondation
Vie étudiante

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