ESCP Europe Alumni Magazine - n°130 - Mai 2010 - 28

Entretiens
Agroalimentaire

Le goût du risque
Thierry BILLOT [80]

D.R.

roupe originellement français, Pernod Ricard est né du rapprochement de Ricard et Pernod en 1975. Avec un chiffre d’affaires dépassant les 7 milliards d’euros en 2009, il est aujourd’hui numéro 2 mondial du marché des vins et spiritueux. Recette d’un succès. Vous avez fait vos premiers pas chez le numéro 2 mondial des vins et spiritueux il y a maintenant bientôt 30 ans. Une longévité synonyme de réussite… J’ai rejoint Pernod Ricard peu d’années après sa naissance. J’ai pu ainsi bénéficier du formidable appel d’air que le développement du groupe a fait souffler sur son vivier de jeunes cadres. Vous le voyez : la chance n’est jamais absente de la vie professionnelle. Aujourd’hui, vous êtes numéro 2 mondial du secteur. Cela signifie-t-il que les jeunes qui entrent chez vous ne bénéficient pas d’autant d’opportunités ? Au contraire, la création d’un réseau de distribution mondial couvrant plus de 70 pays permet d’offrir des opportunités exceptionnelles pour de jeunes entrepreneurs. Nos besoins de jeunes cadres à fort potentiel restent tout aussi importants. La couverture géographique de Pernod Ricard leur donne l’opportunité d’un vrai parcours international tout en assurant leur développement personnel et professionnel. Les initiatives individuelles sont-elles encore encouragées à l’heure de la crise ? Crise ou pas crise, les initiatives individuelles sont toujours encouragées chez Pernod Ricard, c’est d’ailleurs le principe même de notre fonctionnement : la décentralisation. Quant à la crise, nous avons bien résisté, la poursuite de notre développement en Asie ayant compensé le ralentissement constaté en Europe et en Amérique du Nord. Dans ce

contexte, notre modèle décentralisé qui vise à prendre les décisions au plus près du terrain, contribue à la réactivité et à la motivation des équipes. Pouvez vous nous en dire un peu plus sur la décentralisation ? La décentralisation est le principe fondamental de fonctionnement de Pernod Ricard. C’est d’abord un état d’esprit « entrepreneurial » qui a pour moteur l’autonomie, la prise d’initiative et la responsabilisation des équipes sur le terrain. Tandis que la Holding se concentre sur le pilotage stratégique et le contrôle de l’activité du groupe, les filiales prennent en charge les décisions opérationnelles. Ce sont donc elles qui sont chargées d’adapter la stratégie du groupe à leur marché local, en accord avec les filiales Propriétaires de Marques. Les filiales sont ainsi autonomes et chaque responsable de filiale agit comme s’il dirigeait sa propre entreprise. La décentralisation, c’est ensuite un mode de fonctionnement qui repose sur une confiance réciproque : confiance de la hiérarchie en la capacité des collaborateurs à prendre les bonnes décisions, confiance des collaborateurs en une hiérarchie soutenant leur prise d’initiative individuelle. Bien que le groupe ait multiplié par vingt sa taille en 30 ans, ce principe fondateur ne s’est pas dilué et la décentralisation reste toujours le mode de fonctionnement « naturel » de nos 19 000 collaborateurs. La décentralisation est donc la recette de votre succès en interne. Mais porte t-elle ses fruits sur vos marchés ? Absolument car elle présente aussi l’avantage de pouvoir être proche des consommateurs et d’être à l’écoute de leurs attentes. La stratégie globale du groupe est ainsi adaptée en fonction des habitudes et des besoins locaux de chacun.

ESCP Europe Magazine N° 130 - Mai 2010

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