ESCP Europe Alumni Magazine - n°130 - Mai 2010 - 20

Focus

L’excellence dans l’urgence
Francis VERDIER [75]

D.R.

rancis fait du Management de Transition depuis maintenant 8 ans. Il ne s’agissait pas d’un choix au départ. Comme beaucoup, il a connu ce qu’on appelle un « incident de carrière » et a dû chercher du travail après 45 ans. Interview. Quel était le contexte de cette recherche d’emploi ? Le Management en Intérim constituait uniquement une option en plus. Les postes offerts, passé 45 ans, sont souvent des postes à risques. Quitte à vivre dans une certaine précarité j’ai préféré l’Intérim. En quoi consiste votre activité ? Mon travail est varié, j’apprends des industries et des métiers nouveaux. Je peux réaliser des projets concrets dans des délais courts sans me noyer dans la routine. Mes missions durent de six à douze mois, je peux me donner à fond. Dans ce métier, il n’y pas de politique, vous êtes là pour traiter des sujets et pas pour tourner autour. Vous coûtez cher, donc on vous écoute. Vous avez un temps limité, votre horloge tourne plus vite que celle des autres, vous êtes plus efficace et vous allez à l’essentiel. Vous quittez vos équipes en héros, bien avant qu’elles ne se soient lassées, mais elles sont parfois épuisées… Je n’ai jamais regretté mon choix. Y a-t-il des contraintes ? Oui et de taille : il faut être mobile. Les missions sont souvent en province ou à l’étranger avec beaucoup de déplacements. Un intérimaire n’est que de passage : si vous voulez manager des équipes dans la durée, que vous mettez du temps à vous intégrer ou si vous êtes sensible à votre statut, évitez ! Pourquoi ce métier est-il aussi adapté pour des seniors ? Les sociétés d’Intérim Cadres ou de Management de Transition se sont considérablement développées ces dernières années. Les entreprises n’ont plus de ressources internes pour faire face à des crises, des imprévus, ou des projets. Les seniors, qui constituaient souvent un vivier d’expérience et de gens plus disponibles, ont été liquidés dans les plans sociaux de ces 20 dernières années. J’ai personnellement travaillé avec plusieurs cabinets de très bon

niveau. J’ai aujourd’hui une relation privilégiée avec EIM qui est un des plus anciens cabinets sur Paris, spécialisé sur le créneau des dirigeants. Même si j’ai trouvé certaines missions par moi-même, cette structure me permet de me concentrer sur mon savoir-faire en entreprise en réduisant mon travail de prospection. À quels profils s’adresse ce métier ? Le problème pour le postulant au Management d’Intérim est de se faire connaître. Les profils les plus prisés sont les plus opérationnels : un CV très « terrain » est préférable à une expérience d’état major. Une carrière de manager de Transition peut commencer à 40 ans, voire plus tard, car l’âge, synonyme d’expérience, est un atout considérable. Quel statut choisir, une fois la première mission trouvée ? Le CDD (avec le client ou le cabinet), le portage salarial (via la structure de portage de ESCP Europe par exemple), le statut d’autoentrepreneur peut constituer une solution de complément ou de départ, avant de créer votre structure. Certains cabinets ont des « permanents » en CDI, mais vous y perdrez votre indépendance et le salaire est moins attractif. Quelles sont les missions de ce métier ? Les opportunités sont très variées, c’est le grand attrait de ce métier. Il ne faut pas cependant être trop gourmand et sortir de votre vrai domaine de compétences. Les sociétés de Capital Risque et les Fonds sont des gros donneurs d’ordre. J’ai eu plusieurs expériences : des remplacements dus à des départs imprévus ou des promotions, des restructurations et dernièrement un LOB /Spin-off. Quelle serait votre conclusion sur le Management de Transition ? À une époque où les attitudes vis-à-vis des Seniors sont encore loin d’avoir changé, où nos retraites s’éloignent, le Management de Transition est un métier qui recrute, que l’on peut pratiquer à son rythme, l’âge y est un atout. Quelle meilleure manière de terminer une carrière qu’en engrangeant des succès et en transmettant son savoir ? l Propos recueillis par Nicole Gérald

Une carrière

de manager de Transition peut commencer à 40 ans car l’âge, synonyme d’expérience, est un atout considérable.

ESCP Europe Magazine N° 130 - Mai 2010

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