ESCP Europe Alumni Magazine - n°130 - Mai 2010 - 12

Personnalité du mois
Quels sont vos hobbies ? Heureusement nous sommes encore nombreux à réaliser que la vie après la retraite n’est pas qu’un déclin, qu’il y a encore de la sagesse à acquérir, du travail à faire, des aventures à vivre... En ce qui me concerne, en plus de mes activités professionnelles, je me suis intéressé au métier de maître verrier pour me changer les idées. Et je me suis lancé dans le projet de restauration des vitraux d’une église en Eure et Loire, pas très loin de Chartres. Si des jeunes ont la mentalité d’entrepreneur, qu’ils ne tardent pas trop à se lancer car il arrive un moment où lorsque vous avez atteint un certain confort matériel, vous n’avez plus envie de plonger. En ce qui me concerne, j’ai raté ma vocation d’entrepreneur car j’ai trop bien réussi en entreprise... En tant que senior de plus de 70 ans, quelle est votre relation vis-à-vis des jeunes ? Plus on est senior, plus il faut leur faire confiance. Il n’y a pas plus agréable pour moi que de travailler avec eux. Pourquoi ? parce que ce sont de superbes machines intellectuelles avec de grandes compétences. Sur un projet, moi je suis incapable de « modéliser ». En revanche, quand ils me disent : « On obtient tel résultat », il m’est arrivé de leur répondre : « Vous avez dû vous tromper dans le modèle parce que ce n’est pas pensable ». Ces jeunes sont en effet confrontés à des situations auxquelles ils ne sont pas préparés, et moi, grâce à mon sixième sens dû à l’expérience, j’apporte la vraisemblance. Par ailleurs, quand il s’agit aussi de régler un problème humain ou avec les syndicats, ils sont contents d’avoir l’avis d’un senior. Il y a donc une bonne complémentarité entre les générations qui ne nuit pas, bien au contraire, à l’ambiance au travail. Le mot de la fin ? La vie, la mort… Certains seniors ont une vitalité que des jeunes pourraient leur envier… Quand on a 18 ans, un cinquantenaire semble préhistorique ; à 50 ans, on est enclin à penser la même chose des septuagénaires. Alors à 70 ans passés, vous n’imaginez pas… Je n’ai donc qu’un mot à dire : merci la vie ! Propos recueillis par Nicole Gérald

Les jeunes sont

confrontés à des situations auxquelles ils ne sont pas préparés, et moi, grâce à mon sixième sens dû à l’expérience, j’apporte la vraisemblance.

Quel est votre regard d’homme averti sur la conjoncture française et mondiale ? Comment évaluez-vous les perspectives de reprise ? Je crois qu’il n’y a pas de miracle à attendre. La France sera encore convalescente pendant toute l’année 2010 et la sortie de récession s’annonce délicate en partie en raison d’un euro fort, d’investissements en berne et d’une faible consommation des ménages. Au niveau de l’économie mondiale, 2010 sera cependant l’année du mieux par rapport à 2009, en attendant la vraie reprise. Pourquoi les Français sont-ils si pessimistes ? Les Français ressentent très fortement un sentiment d’injustice du fait de l’accroissement des inégalités en ces temps de crise. Et ils n’hésitent pas à le faire savoir dans les urnes et par les grèves. Les efforts de réforme doivent, à mon avis, être accentués pour remettre notre pays en marche, mais de façon juste. C’est tout l’art de la politique mais le jeu en vaut la chandelle. Quels conseils donneriez-vous à de jeunes professionnels à l’aube de leur vie professionnelle ? Savoir profiter des opportunités ; construire et cultiver son réseau tout au long de sa vie professionnelle et personnelle en fonction de ses centres d’intérêt car il est aussi important de s’intéresser à autre chose que son job. Ce n’est jamais du temps perdu ; commencer à travailler dans une grande entreprise, quel qu’en soit le secteur : c’est le meilleur des travaux pratiques après les études.

ESCP Europe Magazine N° 130 - Mai 2010

Table des matières de la publication ESCP Europe Alumni Magazine - n°130 - Mai 2010

Couverture
Zapping
Sommaire
Editorial
Personnalité du mois
Focus
Itinéraires
Entretiens
Vie du réseau
Évolution professionnelle
Voyages
À lire
École
Fondation
Vie étudiante

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