ESCP Europe Alumni Magazine - n°130 - Mai 2010 - 10

Personnalité du mois
Quel statut avez-vous adopté pour l’exercice de ces activités ? Lorsque j’ai été « éjecté » du système, j’ai liquidé mes droits à la retraite et depuis, je suis travailleur indépendant et je facture des honoraires quand je consacre du temps à l’une ou l’autre de ces sociétés. Ce statut a le mérite d’être totalement transparent et clair fiscalement. Un autre système aurait été envisageable. Il aurait consisté à avoir une société de services qui facture elle-même des honoraires, paie ses impôts et distribue des dividendes. Quels sont les atouts des seniors ? Quelle est leur valeur ajoutée ? L’expérience acquise tout au long de leur carrière passée est importante ; elle les pousse à apprendre aux autres à écouter les conseils et à ne pas les suivre aveuglément car cela peut coûter très cher. En effet, la difficulté dans les conseils que l’on reçoit, d’où qu’ils viennent, c’est qu’il y en a des bons et des mauvais. Et, quand on manque d’expérience, c’est difficile de savoir lesquels suivre. Le senior est en principe mieux armé pour détecter le vrai du faux. Les jeunes peuvent aussi ne pas avoir la crédibilité nécessaire pour un tel travail. D’autre part, les seniors détiennent, outre les compétences, la mémoire de l’entreprise. Avec leur départ, l’historique de l’entreprise disparaît. Ne devrait-on donc pas procéder à des départs progressifs, tant au niveau humain que dans l’intérêt de l’entreprise ? Beaucoup trop d’idées reçues circulent à l’égard des seniors comme : ils sont trop vieux, trop chers, peu adaptables ou peu mobiles… Dans les entreprises, les changements sont des chantiers de longue haleine ; les freins sont légion dans l’emploi des seniors et il ne sera pas simple de renverser la vapeur mais ce n’est pas une raison pour baisser les bras. Mettre les seniors de plus de 55 ans à la retraite, dès qu’une opportunité se présente, n’est-ce donc pas une vue à court terme ? Ne devrait-on pas changer les choses ? Je crois qu’il faut s’interroger sur le pourquoi de la retraite anticipée. La réponse tient sans doute au fait que, en France, la tradition veut que l’on ne réduise pas les rémunérations. Il faudrait donc conduire une réflexion sur ce thème car les entreprises ne se séparent pas des plus de 55 ans en raison de leur âge mais plutôt parce qu’ils pèsent lourd dans la masse salariale. Il est vrai que quand vous ajoutez l’ancienneté, les vacances et les avantages supplémentaires de cette classe d’âge, le prix de revient horaire d’un senior est excessif. Un moyen, sans toucher à la rémunération, pourrait être de promouvoir le temps partiel en diminuant également la charge pour l’entreprise. À quel âge prendre sa retraite ? Doitil y avoir une limite d’âge ? Depuis le 1er janvier 2010, tout salarié peut travailler jusqu’à 70 ans s’il le souhaite sans que son employeur puisse s’y opposer, même si pour l’instant, l’âge légal de la retraite reste fixé à 60 ans. Avec l’allongement de la durée de la vie, les hommes et encore plus les femmes restent en excellente santé, bien au-delà de 60 ans. Le physique est aujourd’hui moins discriminant qu’il ne l’a été. Donc, si physiquement, psychologiquement et intellectuellement, la personne est en bonne forme, elle restera plus longtemps employable si elle le souhaite. Du côté de l’employeur, certaines personnes ne sont plus employables aujourd’hui en raison de problèmes de santé ou si elles se montrent incapables d’évoluer. Il faut bien comprendre que le système qui incite à employer des seniors ne fonctionnera que si l’employeur y trouve son compte. L’entreprise a donc tout à gagner à avoir une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences de ses seniors. Il serait aussi nécessaire d’avoir plus de souplesse au sein des entreprises. N’êtes-vous pas un cas particulier par rapport à l’emploi des seniors ? Si, et j’en suis conscient. J’ai la chance d’avoir une très bonne santé. Si cela n’avait pas été le cas, je ne pourrais pas mener la vie que j’ai aujourd’hui. J’ai de plus une grande liberté que je peux utiliser à ma guise puisque, sur le plan familial, je n’ai pas d’enfant. J’ai donc essayé de transformer cette frustration en opportunité et cela me permet d’avoir une grande disponibilité. Et, je continue à être passionné par tout ce que j’entreprends. Le matin, je me lève en étant content de la journée qui m’attend. Mais alors que faire ? Pensez-vous qu’il faille légiférer ? Avant tout changer profondément les mentalités. Mais cela va se faire tout naturellement puisqu’il va y avoir allongement de la durée du travail pour faire face au problème des retraites. Il faut aussi une remise en cause profonde du management des entreprises qui devront de plus en plus employer à la fois des jeunes et des seniors. Elles ne pourront plus avoir une approche monolithique… La loi de finances 2009 a imposé aux

Taux d’emploi des seniors*
Proportion des 55-64 ans ayant un emploi, dans le monde, en 2008, en % : Suède Japon États-Unis Royaume-Uni Allemagne UE (27 pays) France Italie Hongrie 70 % 66 % 62 % 58 % 54 % 45 % 38 % 34 % 31 %

Objectif fixé par l’UE en 2010 : 50 %
*Source : Eurostat en novembre 2009

ESCP Europe Magazine N° 130 - Mai 2010

Table des matières de la publication ESCP Europe Alumni Magazine - n°130 - Mai 2010

Couverture
Zapping
Sommaire
Editorial
Personnalité du mois
Focus
Itinéraires
Entretiens
Vie du réseau
Évolution professionnelle
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À lire
École
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Vie étudiante

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